RDC et Soudan : À Addis-Abeba, Rabat exige la fin du bain de sang    Hammouchi décoré de la Médaille du prince Nayef pour la sécurité arabe de 1ère classe    Déclaration de l'Algérienne Melika Haddadi après son élection en tant que vice-présidente de la Commission africaine... Elle reconnaît que son poste est purement administratif et financier, sans influence réelle    Retraites : Vers une nouvelle fronde syndicale ?    MSC-2025 : mise en avant de la compétitivité du Maroc en matière d'énergies renouvelables    Le Chinois Habi Industry remporte un contrat de 548 000 m3/j pour un projet de dessalement d'eau de mer    «Si j'étais aux responsabilités, je mettrais le feu à l'ambassade d'Algérie à Paris» : Louis Sarkozy attaqué par les relais du régime algérien après ses propos radicaux    Algérie. Une élection au goût d'une cérémonie de circoncision    Incendie dévastateur au marché Souk Al-Rabi à Marrakech    Marrakech : une touriste belge retrouvée pendue dans une salle de prière    Deux suspects arrêtés après l'enlèvement d'une femme à Sidi Bennour    Rabat : Cinémathèque marocaine, un nouvel écrin pour le patrimoine cinématographique    Ratibecom Holding. Abdelmoula Ratibe, le « Marocain du Monde » locomotive des exportations textiles du Maroc    Jasmin Morocco Hospitality rachetée par deux investisseurs étrangers    Recul annoncé du charbon, les énergies vertes atteindront 35 % du bouquet électrique marocain en 2027, annonce l'AIE    UA/vice-présidence algérienne : une maladresse qui en dit long...    La Chine confirme sa volonté de renforcer ses relations avec les Etats-Unis malgré les tensions    Autriche : l'attaque au couteau de samedi motivée par "le terrorisme islamique"    Incarcération de Boualem Sansal: Retailleau déplore le "peu de réaction" de la France    Le vote à l'Union africaine : Qui a soutenu le Maroc et qui s'est opposé à lui ? Entre positions attendues et surprises dans la compétition    ManCity : Inquiétudes pour le genou de Haaland avant le retour contre le Real    Bayer Leverkusen : Amine Adli marque son retour sur le terrain    Real Madrid : Jude Bellingham risque une grosse sanction après son expulsion    Les complots algériens contre le Maroc : des tentatives ratées qui ne nuiront pas à l'amour du peuple pour son Roi    Irrigation agricole avec des eaux usées, un risque sanitaire avéré    Carburants : le gasoil en baisse de 12 centimes ce dimanche    À Dakhla, la station de transformation électrique du parc éolien de la ville achevée    Ferroviaire : l'appel d'offres pour le centre industriel et technologique de Zenata lancé    Centres d'appels marocains. Une menace grandissante venue de France    Rugby à VII : le Maroc s'impose face à l'Egypte et file en finale    Allemagne : Décès d'une fillette et sa mère, victimes de l'attentat à la voiture-bélier de Munich    La guerre en Ukraine au centre d'un entretien téléphonique Rubio-Lavrov    Des détenus afghans rapatriés du Maroc    Réélection à Rabat de Mme Nezha Bidouane à la tête de la Fédération royale marocaine du sport pour tous    Botola D1/J23: RSB-RCAZ, le Match de ce dimanche !    Vers une légalisation du cannabis récréatif en Suisse    Botola DII : Le RBM, leader '' provisoire '' en attendant KACM-RAC cet après midi    MAGAZINE : Marc Marciano, l'homme qui chuchote à l'oreille de la musique andalouse    Livre : A l'ère de IA, Kitab connect    Le temps qu'il fera ce dimanche 16 février 2025    Les températures attendues ce dimanche 16 février 2025    Prix des jeunes poètes : Lancement des candidatures pour la 4e édition    Essaouira: 65% des travaux réalisés pour la future Cité des Arts et de la Culture    Rachida Dati attendue au Maroc du 16 au 18 février, voici le programme    Elections des Chambres professionnelles : les tableaux rectificatifs définitifs disponibles jusqu'au 23 février    Algérie-Israël : 30,5 millions de dollars d'exportations qui contredisent le discours officiel    Exposition : la valeur des visages, estimée par Adjei Tawiah    Casablanca : Cinéma Lutetia, l'une de ces salles qui renaissent de leurs cendres    







Merci d'avoir signalé!
Cette image sera automatiquement bloquée après qu'elle soit signalée par plusieurs personnes.



Quelque chose s'est détraqué
Publié dans La Vie éco le 02 - 12 - 2014

Ce n'est pas sans raison que l'islam prône l'anonymat de la zakat. On peut y lire une volonté de préserver la dignité du démuni. Par ailleurs, en même temps que bruyante, cette manière moderne de faire «le bien» s'accompagne d'une mise à distance de ceux à qui elle s'adresse dans des sociétés obnubilées par la réussite matérielle
«Le bruit ne fait pas de bien et le bien ne fait pas de bruit». Le propos est celui d'un saint chrétien, Saint François de Sales (1567-1622), mais il pourrait tout aussi bien être celui d'un musulman. Cette citation est d'une extraordinaire actualité. A la différence de cette autre, «rien par la force, tout par l'amour» du même grand théologien catholique qui, face à la bataille sanglante menée par son Eglise contre les protestants, prônait le premier sur la seconde, ce qui lui valut le surnom de «Docteur de l'amour» et une béatification quelques décennies après sa disparition. En ce XVIe siècle, en Occident comme en Orient, beaucoup de questions qui opposaient les hommes se réglaient par le fer et dans le sang. Or, l'époque actuelle, avec sa rage et sa folie meurtrière n'est pas sans rappeler ces temps anciens où l'on trucidait à tout-va, dans un corps à corps permanent avec la mort. Des siècles durant, la vie d'un homme n'a pas pesé lourd. Puis, lors de l'avant-dernier siècle et après les flots de sang déversés, les nations du monde se sont doté à l'échelle internationale d'un corpus législatif avec, pour premier des droits humains, la sacralisation de la vie. La guerre s'est vu définir ses règles dont, au plus fort des combats, l'obligation de respecter la dignité humaine. Une obligation renforcée en temps de paix. Or, en l'absence de tout conflit direct, nous voyons des jeunes choisir d'aller tuer et se faire tuer, dans le bafouement absolu des valeurs humaines premières. La seconde citation de Saint François de Sales se renverse pour donner «Rien par l'amour, tout par la force». Et conduit à ce questionnement lancinant : Qu'est-ce qui s'est détraqué en nous, en nos sociétés, pour nous en avoir conduits là ? On peut retourner la question dans tous les sens, quelque chose ne tourne plus rond dans notre manière d'être ensemble, de vivre ensemble. Quelque chose s'est rompu qui libère les pulsions meurtrières et nous produit de la folie à la chaîne. «Le bruit ne fait pas de bien et le bien ne fait pas de bruit», prônait Saint François de Sales. Or, le silence a déserté nos vies et la charité n'a jamais été aussi bruyante. Ni, dans le même temps, aussi désincarnée. Recevoir, donner, restituer. Le don et le contre-don sont à la base des sociétés humaines. Pour que celles-ci fonctionnent correctement, chacun est tenu de donner en fonction de ce qu'il reçoit. La règle est la même sous toutes les latitudes et dans toutes les civilisations. Aux USA, pourtant terre d'élection du capitalisme, la question de la restitution habite les consciences, d'où les dizaines de milliers de fondations humanitaires actives dans le pays. Les sociétés musulmanes ne sont pas en reste avec l'islam qui fait de la zakat l'un de ses cinq piliers. Venir en aide aux démunis est un devoir religieux. Cependant, et c'est là une dimension importante, ce soutien n'a de valeur que s'il est discret. Mieux encore, anonyme. Pas de «bruit» autour du bien, prône également l'islam. A l'inverse de la pratique actuelle de la «charity business», pour reprendre le titre d'un ouvrage du fondateur de l'ONG «Médecins du Monde» et ex-ministre français des droits de l'homme, le Dr Bernard Kouchner. Le monde de l'entreprise a compris que les retours sur investissement du mécénat sont souvent bien plus intéressants en termes d'image que dans le cas de la communication classique. D'où un bond remarqué de la philanthropie entreprenariale, expression désormais consacrée quoique paradoxale. Tout cela est très bien et entre dans le cadre du don/contre-don. Mais, dans le même temps, cette «charity business» fait beaucoup de «bruit» et ce bruit peut agresser la dignité de celui qui reçoit. Ce n'est pas sans raison que l'islam prône l'anonymat de la zakat. On peut y lire une volonté de préserver la dignité du démuni. Par ailleurs, en même temps que bruyante, cette manière moderne de faire «le bien» s'accompagne d'une mise à distance de ceux à qui elle s'adresse dans des sociétés obnubilées par la réussite matérielle. Or, à côté du don matériel, il y a ce que l'on donne de soi, qui lui s'inscrit non plus sur le registre de la restitution mais de la transmission. Et c'est peut-être là, aussi, que quelque chose s'est déglingué. Dans notre manière de transmettre, de se transmettre. De transmettre quoi ? De l'humanité tout simplement. De cette humanité qui est notre identité commune et par le biais de laquelle on dit à l'autre qu'il est notre semblable.

Cliquez ici pour lire l'article depuis sa source.