Certains importateurs imputent le recul à la longueur des contrôles douaniers et sanitaires. La Douane et l'ONSSA soutiennent que toutes les opérations sont effectuées avec célérité. L'instabilité des cours mondiaux pourrait être à l'origine de la retenue des opérateurs. Consomme-t-on moins de café au Maroc? C'est la première interrogation que l'on serait tenté de se poser à la lecture des dernières statistiques de l'Office des changes, qui révèlent une baisse de volume de 18% entre janvier et juillet de cette année. Selon les opérateurs du secteur, importateurs et torréfacteurs, il n'y a pas de changement d'habitude de consommation, le repli des importations découle plutôt d'un problème logistique. Plus clairement, les procédures de contrôle ont rallongé les délais de sortie des marchandises du port. «Auparavant, on pouvait retirer la marchandise dans un délai de 10 à 15 jours au plus; aujourd'hui, ce délai peut aller jusqu'à deux mois, ce qui nous pénalise en termes de charges», explique un opérateur de la place. Les administrations concernées, notamment la Douane et l'Office national de sécurité sanitaire des produits alimentaires (ONSSA), rejettent tout en bloc. Pour les services de la douane, «les différentes mesures prises jusqu'à présent vont dans le sens de la simplification et de la fluidité du passage aux frontières des marchandises remplissant les conditions requises. Ainsi, l'enlèvement de ces marchandises de l'enceinte douanière est autorisé par les services douaniers sur autorisation délivrée par les services précités». L'importation des produits alimentaires étant soumise à l'accomplissement de conditions inhérentes au contrôle de la répression des fraudes. L'ONSSA souligne de son côté que «depuis une année toutes les mesures prises dans ce cadre visent une simplification des procédures». L'office ajoute que «même si les textes prévoient trois types de contrôle, notamment documentaire, physique et analytique, tout se fait sur une durée qui n'excède pas 5 à 6 jours». Et même pour permettre une plus grande fluidité, il a délégué à des opérateurs privés des prélèvements d'échantillons et des analyses nécessaires pour vérifier la qualité des produits et garantir la sécurité sanitaire des produits alimentaires mis sur le marché. L'office souligne cependant que des retards peuvent intervenir lorsque les dossiers qui lui sont soumis par les opérateurs sont incomplets. «Nous leur demandons alors de faire le nécessaire dans ce sens. Donc s'il y a des retards, ils ne relèvent pas de nos services», précise un haut cadre. La consommation est inférieure à 1kg/hab/an Quand bien même elle existerait, la lourdeur des procédures de contrôle ne pourrait être considérée comme l'unique cause de l'effritement des importations de café. Il semble bien que les opérateurs aient levé un peu le pied. Preuve en est que le patron d'une société connue sur la place prédit que le recul «pourrait se poursuivre durant les prochains mois en raison de la variation à la hausse du cours du café à l'international». Comme presque tous les produits de base, le café est sujet à une forte spéculation. L'évolution des cours est de ce fait erratique et, depuis le début de l'année, la tendance est plus à la hausse qu'à la baisse. Depuis le début de l'année, le cours du café sur le marché international est passé d'environ 1 dollar la livre (453,592 g) à un peu plus de 2 dollars durant la première semaine d'octobre 2014. Le marché reste fébrile dans l'attente de la production brésilienne (café arabica – le Maroc importe principalement du robusta) qui risque d'être moins bonne qu'en 2013. Malgré tout, importateurs et torréfacteurs disent ne pas avoir reporté cette hausse sur le prix consommateur, tout comme le renchérissement des coûts de transport et de stockage au port. Ils pensent à ce propos que l'augmentation des charges pourrait entraîner une reconfiguration du marché duquel risqueraient de disparaître les petites structures. Pourtant, aujourd'hui, ce marché présente d'intéressantes perspectives de développement. Le Maroc n'importe que 30 000 tonnes environ par an, soit autour de 0,8 kg/h. Sur le marché, Euromonitor évalue toutefois le volume commercialisé en 2013 à 15 433 tonnes, dont 12 699 pour la vente au détail et 2 734 pour le segment Foodservice ( restauration, cafés, etc.). Parmi les marques, le trio de tête était composé de Asta (Cafés Sahara), Samar (Mondelez International INC) et Nescafé (Nestlé SA). Si l'on agrège toutes les ventes, Cafés Sahara garde toujours la pôle position, suivie de Mondelez international inc (Carte noire, Gaouar…) et de Boncafé International PTE (Dubois, Capriccio). D'après les prévisions du cabinet, le marché du détail devrait totaliser 17500 tonnes en 2018, soit une progression de 22%.