Le temps alloué aux formations se réduit. Aussi bien les entreprises que les participants veulent du sur-mesure et de l'efficace, mais en peu de temps. Le e-learning tarde à percer dans l'entreprise. Crise, concurrence, difficultés de trésorerie, coupes budgétaires…, toutes ces problématiques incitent les entreprises à repenser leur politique de formation : moins de temps pour former, moins de moyens financiers pour investir dans ce domaine, problématiques liées aux remboursement…Explications avec Mohamed Tazi, directeur de LMS Formation. – Vu le contexte actuel où les budgets de formation peuvent parfois subir des coupes drastiques, pensez-vous que les besoins ont changé ? Il faut admettre que nous vivons dans un contexte particulier. Crise, difficultés de marchés, difficultés de trésorerie, coupes budgétaires…, toutes ces problématiques incitent les entreprises à repenser leur politique de formation : moins de temps pour former, moins de moyens financiers pour investir dans ce domaine, problématiques liées au remboursement… De leur côté, les participants ne peuvent plus être tout le temps mobilisés pour des séances de formation. Le temps alloué aux formations se réduit, même si les objectifs fixés restent les mêmes. Aussi bien les entreprises que les participants veulent du sur-mesure et de l'efficace, mais en peu de temps. Les prestataires de formation sont obligés d'intégrer cette réalité. Chez nous, par exemple, nous avons pris conscience que les actions de formation doivent de plus en plus être ciblées et pratiques. On est loin des démarches conceptuelles et théoriques qui prédominaient auparavant. – Quelles sont les tendances actuellement ? Aujourd'hui, les entreprises sont à la recherche de la double compétence. Le fait qu'elles travaillent en mode projet incite les salariés à s'ouvrir sur d'autres fonctions, surtout en ce qui concerne la population des middle managers. On attend d'un responsable commercial qu'il possède des bases en finance ou en ressources humaines ou d'un ingénieur de production qu'il ait des bases en techniques de vente ou marketing. Les actions de développement personnel sont également de plus en plus présentes. Toutes les problématiques liées à l'intelligence émotionnelle, la gestion du stress, le bien-être au travail… intéressent aussi bien les entreprises que les participants. Nous sommes aussi dans des démarches de mises en situations, d'accompagnement terrain, de travail de groupe…, du pratique en somme. D'ailleurs, 50% de nos actions s'articulent autour de l'accompagnement terrain. Par exemple, pour les commerciaux, l'accompagnement peut se faire en situation réelle chez le client. On part également de la démarche des business games où les salles de formation se transforment en milieux d'affaires. Par ailleurs, toujours dans un souci de réactivité et de rapidité, une nouvelle tendance d'apprentissage porte sur les conférences. Par exemple, les séminaires sur la Loi de finances se font de plus en plus en mode «conférence» où il s'agit de discuter des principales dispositions en une demi-journée. – Le e-learning continue-t-il de se développer ? Nous sommes sur ce créneau depuis 8 ans et nous sentons qu'aujourd'hui le marché n'est pas encore mûr. Pour des raisons culturelles, les participants ont toujours besoin du contact humain dans l'apprentissage. Il faut dire aussi que les participants sont réticents à la lecture de documents. Par exemple, nous avons développé les formations «blended», c'est-à-dire un mixte entre les formations en présentiel et à distance. A 80%, nous constatons que les participants n'ont pas jeté de coup d'œil sur les supports écrits que nous leur avons donné au préalable. Je pense que le 100 % e-learning ne convainc pas pour le moment. D'un autre côté, nous constatons l'émergence de nouvelles formes d'apprentissage liées aux TIC. On parle de plus en plus de mobile learning ou learning pads… Les organismes de formation rivalisent d'imagination pour intégrer les nouvelles technologies à leur offre. – Les programmes certifiants et diplômants continuent-ils de séduire ? Il est vrai que de tout temps les salariés s'orientaient vers les formations diplômantes (MBA, masters…). Toutefois, nous constatons une progression des formations certifiantes qui présentent un double avantage. En interne, c'est l'assurance d'avoir des profils compétents qui peuvent évoluer rapidement en entreprise. En externe, c'est la garantie d'avoir un gage de confiance parce que les auditeurs certifiés ont l'habitude d'assurer de multiples missions, et donc ces derniers ont une compétence reconnue auprès des organismes tiers de certification basée sur un cursus bien déterminé. L'environnement économique exige aujourd'hui, par exemple lors d'un appel d'offres, à ce que l'équipe projet soit dotée de compétences précises dans un domaine particulier et parfois elles exigent même que les profils soient certifiés dans un domaine particulier pour savoir s'ils maîtrisent les compétences souhaitées Mais ce n'est pas tout, c'est aussi un besoin de reconnaissance de l'individu de ses compétences. Nous constatons également une nouvelle tendance qui va certainement s'installer au Maroc. Il s'agit des MOOC, les «Massive Open Online Courses», des cours intensifs gratuits sur Internet, sanctionnés par des certificats. Tous les domaines et les disciplines sont couverts. Les vidéos de formation contiennent à la fois les cours, les exercices et leurs corrigés. Les cours sont disponibles en anglais et en français.