En trois semaines, la baisse du marché a été ramenée de 10,2% à 4,92%. Des analystes expliquent que les résultats semestriels et les signes de redressement de l'économie contribuent à un retour de confiance. D'autres estiment qu'il est encore tôt pour parler de reprise. La Bourse de Casablanca reprend des couleurs. Les indices affichent toujours une baisse depuis le début de l'année, mais celle-ci a été sensiblement réduite sur les dernières semaines. En effet, au 21 octobre, le Masi a ramené sa contre-performance à 4,92% alors qu'elle se situait à 10,2% en septembre. Notons qu'à la même période de l'année dernière, la contre-performance de l'indice atteignait plus de 17%. Il faut dire que les résultats publiés par les sociétés cotées au titre du premier semestre y sont pour quelque chose. Ils ont en effet été moins décevants que les prévisions des analystes. La masse bénéficiaire de la cote s'est maintenue quasiment au même niveau qu'au 30 juin 2013, alors qu'elle était en baisse sur les deux dernières années. De plus, l'économie montre globalement quelques signes de redressement, à l'instar de la réduction du déficit extérieur, de la maîtrise des charges de compensation et des résultats satisfaisants de la campagne agricole. Cependant, le redressement des indices boursiers a eu lieu sans une augmentation des volumes. La moyenne quotidienne des transactions sur le marché central s'établit à 92 MDH depuis le début de l'année, en recul de 9,4% par rapport à la même période de l'année précédente. Ce manque de profondeur du marché divise les analystes. Alors que certains parlent d'un début de reprise, d'autres estiment qu'il s'agit d'un simple rebond momentané. «C'est une reprise en trompe- l'œil», explique un directeur analyse et recherche d'une société de bourse. Il ajoute que «la dernière hausse du marché boursier est un effet de rattrapage. D'ailleurs, elle a été tirée par le secteur immobilier, notamment par le titre Addoha, qui a été largement pénalisé par le marché durant cette année». Pour atténuer ses propos, il nuance : «Il existe certes des signes de reprise, mais ils ne sont pas suffisants pour affirmer que la crise est bien derrière nous». Plus sceptique, un autre professionnel souligne qu'«aucun changement de taille n'a eu lieu sur le marché. Les résultats continuent de se dégrader et les fondamentaux des sociétés cotées ne se sont pas améliorés». Selon lui, il serait prématuré de parler de reprise. D'autant plus que les résultats au 31 décembre risquent de décevoir encore une fois. CDG Capital Research, dans son rapport sur les réalisations semestrielles, attire justement l'attention sur le trend qu'emprunte le résultat net annuel de la cote après un semestre baissier. Selon ses analystes, historiquement, la masse bénéficiaire annuelle finira en repli si les résultats semestriels s'affichent en contraction. Abondant dans le même sens, les analystes techniques estiment que la hausse n'est qu'un rebond technique consécutif à une baisse limitée des résultats semestriels. Pour eux, le marché n'a pas encore épuisé son potentiel de baisse. Le MASI devrait, selon leurs pronostics, baisser à court et moyen terme jusqu'à atteindre la barre des 8500 points, ce qui correspondrait à une contre-performance de 9,5%, avant de rebondir. Les investisseurs reviennent progressivement D'autres acteurs du marché se montrent plus optimistes. «Si plusieurs indicateurs économiques et financiers plaident pour un début de redressement du marché, il demeure tributaire du volume des transactions et, partant, du retour des investisseurs. Or, ces derniers, surtout les étrangers, reviennent progressivement au Maroc», estime l'un d'entre eux. Pour lui, plusieurs facteurs ont conforté leur décision, à commencer par l'amélioration de la conjoncture économique. En effet, «les revenus de la campagne agricole, meilleurs par rapport à l'an dernier, commencent à être réinjectés dans le circuit économique dans sa globalité, ce qui devrait favoriser une dynamique de réinvestissement et de croissance», argumente le directeur d'une cellule analyse. Et comme le comportement du marché boursier est tributaire d'abord de la conjoncture économique, la place devrait réagir positivement. De plus, l'arrivée aux commandes d'un nouveau gouvernement constitue un signal positif aux investisseurs, locaux et étrangers. Par ailleurs, le troisième trimestre de cette année a été marqué par une reprise de la consommation des ménages, reprise qui se confirme en ce début de quatrième trimestre. Bref, «il est temps d'éponger les moins-values latentes accumulées depuis le début du cycle baissier en 2008. Bien des valeurs sont intéressantes à l'achat et offrent un potentiel de croissance considérable», estime le directeur d'une société de bourse. Il recommande de revenir sur le marché en optant pour les valeurs liquides dont les bénéfices sont stables et qui présentent un rendement de dividende important. Misez sur les valeurs immobilières, bancaires et agroalimentaires A ce titre, les secteurs bancaire, immobilier et agroalimentaire continuent d'avoir la faveur des analystes. Le premier est qualifié de résistant car même avec un risque de casse, les banques ont constitué suffisamment de provisions leur permettant de faire face à un choc général. Toutefois, il est recommandé de se positionner sur les banques qui présentent des perspectives de croissance favorables, matérialisées par une stratégie de développement claire et ambitieuse. Allusion faite à Attijariwafa bank et la BCP, notamment. Le secteur immobilier, lui, affiche toujours des perspectives favorables, compte tenu des réalisations satisfaisantes de ces dernières années mais également du potentiel que recèle le segment du logement social. Le secteur agroalimentaire n'est pas en reste. Il est vrai que les sociétés cotées du secteur ont été affectées par des éléments exceptionnels liés surtout à la conjoncture internationale, mais il n'en demeure pas moins qu'elles restent historiquement solides face à la crise. Une société de bourse de la place recommande de ce fait de miser sur Dari Couspate et Cosumar mais demeure légèrement méfiante sur les autres valeurs. De manière générale, tous les professionnels du marché s'accordent à confirmer que les prémices d'une reprise du marché boursier sont bel et bien présentes. Sauf que le marché ne devrait pas entamer une phase d'euphorie, du moins pas sur le court terme. L'attentisme est moins accentué qu'auparavant, mais il est toujours de mise. «Une fois la reprise économique confirmée, le marché boursier pourrait sortir du tunnel», conclut un analyste.