Diplômée de l'Institut national d'architecture et d'urbanisme de Tunis et titulaire d'un master en patrimoine et métiers du patrimoine, elle a fait jusque-là tout son parcours professionnel dans le secteur public. En lançant le télé-service «e-instruction», Nahid Hamtami était partie d'une réelle envie de rendre plus fluides et agréables les relations entre les usagers et l'administration dont elle est la directrice. Il s'agissait pour elle d'arriver à une simplification complète des procédures pour l'obtention d'un permis de construire et de réduire ce délai à 3 jours alors qu'il pouvait atteindre plusieurs mois. La réussite est telle que le ministère a érigé le projet en expérience pilote à généraliser à l'ensemble des 25 agences urbaines du Royaume. Retour sur le parcours d'une architecte pleine d'ambition. Nahid Hamtami est née à Casablanca en 1971, mais grandit à Settat où son père, directeur de centre de formation professionnelle, est affecté. C'est donc dans cette ville qu'elle obtient, en 1989, le baccalauréat en sciences expérimentales avec mention assez bien. Voulant suivre des études de médecine, mais n'étant pas sélectionnée, elle opte pour la faculté des sciences de Casablanca. Un choix qui ne la satisfait pas outre mesure vu que ses objectifs vont bien au-delà. Elle décide alors de tenter sa chance l'année suivante à l'étranger. Un exemple de réussite bâtie sur la promotion interne Dans le cadre de la coopération, elle postule alors pour un concours d'entrée à la faculté de médecine en Tunisie. Les places étant limitées, Nahid Hamtami est retenue pour l'Institut national d'architecture et d'urbanisme (INAU) de Tunis pour une formation de 7 ans. Elle ne sera pas déçue. «J'ai énormément profité de ma formation en Tunisie, d'autant plus qu'elle n'était pas de tout repos puisque la direction de l'institut était très exigeante envers les étudiants. Pour vous donner un exemple, des 10 Marocains que nous étions au départ, uniquement deux avaient pu tenir jusqu'au bout, les autres ayant préféré changer d'orientation en milieu de parcours», raconte-t-elle. Au bout de 6 ans d'études, elle revient au Maroc en 1997 pour un stage de 12 mois partagés à parts égales entre un cabinet d'architecture, à Kénitra, et la division de l'urbanisme de la province de la même ville. Le stage terminé, Nahid Hamtami retourne en Tunisie pour soutenir sa thèse en 1998. Diplômée mais également mariée à un camarade marocain rencontré à Tunis, Nahid Hamtami rentre définitivement au pays. Elle choisit de faire carrière dans la fonction publique, mais devra attendre une année avant rejoindre la direction de l'architecture au ministère de l'aménagement du territoire, de l'urbanisme, de l'habitat et de l'environnement à Rabat… par pure coïncidence. «Mon mari était passé par hasard à la direction de l'architecture ; il avait appris qu'il y avait un concours et que c'était le dernier délai pour déposer le dossier. J'ai dû m'organiser pour déposer in extremis ma candidature», se rappelle-t-elle. Après 5 ans passés au service des professions du bâtiment, Nahid Hamtami passe avec succès, en 2004, le concours interne en vue de devenir chef du même service qui gère alors tout ce qui relève de la profession d'architecte. Cette expérience, cumulée à celle de membre permanent des réunions statutaires du Conseil national de l'ordre des architectes (CNOA), lui permet de maîtriser tous les rouages du métier. Munie de cet atout, elle s'inscrit de nouveau, en 2009, au concours interne de chef de la division du contrôle architectural qu'elle remporte haut la main. Une année plus tard, elle est nommée directrice adjointe à la direction de l'architecture et, 5 mois plus tard, chargée de mission auprès du secrétariat général du ministère. Une sens poussé de l'initiative Après une belle carrière au «central» comme elle se plaît à l'appeler, Nahid Hamtami, qui a obtenu entre-temps un master en patrimoine et métiers du patrimoine en coorganisé par l'Ecole nationale d'architecture et l'Ecole Chaillot Paris, débute, en avril 2011, sa première expérience de terrain comme directrice de l'Agence urbaine de Khémisset. Une période d'adaptation de 6 mois est quand même nécessaire pour qu'elle se familiarise avec le système avant de passer à la vitesse supérieure. «J'ai toujours eu une approche orientée usager et je me demandais sans cesse ce que je pouvais faire pour améliorer l'échange entre lui et l'administration», raconte-t-elle. Elle commence par la préparation de guides et publications en arabe et en français visant à expliquer les démarches et faire connaître les missions et prérogatives de l'Agence urbaine aux citoyens. Mais, très vite, elle voit plus grand. Elle contacte alors un petit cabinet d'études et s'attelle avec ferveur à travailler sur le projet de dématérialisation pour l'obtention de l'autorisation de construire, l'une des démarches les plus fastidieuses de l'administration marocaine, de l'avis de tous. Le projet est bouclé en à peine 6 mois, et elle le présente à son ministre qui l'adopte immédiatement. La procédure «e-instruction» est alors annoncée officiellement en janvier 2013 et lancée quelques jours après. Elle ne tardera d'ailleurs pas à être suivie par une autre procédure télé-service, la «e-note», visant cette fois-ci la remise de la note de renseignements dans un délai raccourci. L'expérience est également adossée à une numérisation complète du plan d'aménagement avec un système d'information élaboré donnant une visibilité totale sur les projets en cours. Bien que très chargée, mais passionnée par son métier d'architecte, Nahid Hamtami tient à être active dans la vie associative. C'est ainsi qu'elle est vice-présidente du Conseil national de l'ordre des architectes et, depuis 2008, déléguée marocaine auprès de l'Union Méditerranéenne des architectes.