Selon International Wine and Spirit Research, 118.1 millions de litres d'alcool ont été consommés en 2011. Moins de touristes, Ramadan en été, crise économique et augmentation de la taxe intérieure de consommation expliquent la stagnation. La bière représente toujours plus des deux tiers de la consommation. En 2011, il s'est consommé sur le territoire marocain précisément 118,1 millions de litres de vins, spiritueux et bières. Cela représente une très légère augmentation de 0,5% par rapport à 2010, année où près de 117,5 millions de litres avaient été consommés. Telle est l'estimation «officielle» qui ressort du dernier rapport du cabinet d'études londonien International Wine and Spirit Research (IWSR) concernant le Maroc. «Officielle» parce que la consommation d'alcool au Maroc dépasse sans aucun doute ce chiffre si toutefois les produits de contrebande et artisanaux, consommés en particulier dans les campagnes (eaux de vie artisanales faites à base de figues ou de dattes) pouvaient être comptabilisées. De l'avis des opérateurs nationaux, cette consommation connaît d'ailleurs une progression non négligeable et s'élèverait aujourd'hui à plusieurs centaines de milliers de litres. Les chiffres «formels» dont nous disposons traduisent cependant une nouvelle fois la tendance à la stabilisation, voire à la baisse pour certaines catégories, de la consommation globale d'alcool au Maroc que l'on peut observer depuis presque trois ans. La bière souffre de la TIC et du marquage fiscal Sans grande surprise, le Maroc a consommé moins de bière en 2011 qu'en 2010. Entre ces deux années, le volume de boisson maltée a en effet reculé de 1,9%, la baisse étant encore plus significative par rapport à 2007 (-4,2%). Cette évolution est principalement due à l'augmentation par deux fois de la taxe intérieure de consommation (TIC). Pour rappel, celle-ci a d'abord été relevée en janvier 2010 (+45,5% hors TVA ad valorem), puis en juin 2012 (+12,5%). Elle est ainsi passée de 550 DH par hectolitre à 900 DH en seulement 2 ans. N'oublions pas qu'à cela s'est ajouté en octobre 2010 l'entrée en vigueur du nouveau système de marquage fiscal qui a engendré des coûts supplémentaires pour tous les professionnels du secteur, à savoir justement 20 centimes par bouteille de bière. Ramadan tombant en été en 2011 comme en 2010, n'a pas non plus joué en faveur des brasseries. Malgré tout, la boisson à base de malt représente toujours plus des deux tiers de l'alcool consommé au Maroc. Sur les 118,1 millions de litres ingurgités en 2011, elle totalise 80,7 millions, soit 68,3% de la consommation globale. Néanmoins, cette part s'effrite au fil des ans puisqu'en 2010 la bière pesait pour 70% de tout l'alcool consommé au Maroc. Au top 3 des bières les plus consommées figure Flag (Spéciale surtout) avec 48 millions de litres consommés, devant Stork (20 millions) et Heineken (9 millions). Même si ces marques proposées par la Société des brasseries du Maroc ont légèrement perdu du terrain par rapport à 2010 (-2%), elles constituent toujours la plus grande part de la consommation en bière. L'import a quant à lui progressé de +1,6% par rapport à la consommation en 2010. Les aficionados de la bière importée restent donc fidèles à leurs marques, à savoir principalement Budweiser, Corona et San Miguel. Très bon cru pour le vin local L'importante augmentation de la TIC sur la bière aura toutefois fait quelques heureux, notamment chez les producteurs de vins. Rappelons que ces derniers ont subi une augmentation moins importante de la TIC qui est passée de 260 à 500 DH l'hectolitre (soit +50% et +28,2%) entre les deux augmentations. Sur les 118,1 millions de litres d'alcool consommés en 2011, 32,1 millions, soit 27,2% du total, étaient du vin. Signe qu'il reprend sa place sur les tables après avoir enregistré en 2010 une légère baisse par rapport au pic connu en 2009. La consommation a enregistré une progression de 7,1%. Les vins (+7%) et les pétillants (+10,2%) ont particulièrement contribué à la progression de cette catégorie. Le vin local a d'ailleurs connu une très belle année avec +7,7% par rapport à 2010 au détriment des vins importés (-11,8%). Les vins français (-4,4%), italiens (-25%), espagnols (-23,5%) et tunisiens (-72,7%) ont ainsi vu leurs ventes chuter. En revanche, les vins chiliens (+10%) et portugais (+40%) ont terminé l'année 2011 sur une excellente note. Au rayon des vins locaux, le Moghrabi des Celliers de Meknès caracole en tête comme en 2010 avec 67% de la consommation (21,5 millions de litres). Les Guerrouane (Celliers de Meknès) et les Cuvées Président clôturent le top 3 avec respectivement 11,2% et 6,5% de parts de marché. De leur côté, les champagnes ont enregistré une légère baisse (-6,8%) par rapport à 2010. Evolution en dents de scie des spiritueux Côté spiritueux, il est difficile de dégager une tendance. La courbe de consommation fluctue chaque année. En 2011, la consommation de ces alcools forts, incluant ainsi whisky, gin, vodka, rhum et autre tequila, n'a progressé que de 1% après le fléchissement de 2010 qui a suivi l'augmentation de 2009. Néanmoins, depuis 2002, la quantité absorbée s'est tout de même appréciée de 10%. Ces alcools forts comptent pour 4,5% de la consommation totale de 2011 avec près de 5,3 millions de litres, dont 47% de whisky. Suivent la vodka (31%), les «digestifs et apéritifs» (12%) et le gin (5,7%). Sachant que la TIC sur ce type d'alcools a toujours été fortement élevée, cette situation en dents de scie s'explique plutôt par la performance individuelle plus ou moins bonne des produits selon les années. La constitution d'une société de distribution Pernod-Ricard en juin 2012 pourrait éventuellement dynamiser le marché mais rien n'est moins sûr. Pour cette année-là, IWSR était plutôt pessimiste en ce qui concerne la consommation de spiritueux au Maroc (voir encadré).