Pour la campagne agricole 2011-2012, 5 000 ha de cultures biologiques ont été recensés. La France, l'Espagne, la Grande-Bretagne et l'Allemagne sont les principaux clients. S'il est difficile de mesurer concrètement l'engouement du marché national pour la production d'agriculture et autres produits biologiques, il est en revanche incontestable que de plus en plus de personnes, producteurs comme consommateurs, s'y intéressent. D'après les chiffres du ministère de l'agriculture, les superficies cultivées en agriculture biologique se sont élevées à près de 5 000 ha au titre de la campagne agricole 2011/2012 contre 3 500 ha en 2008/2009, soit 43% en plus. A cela s'ajoutent les quelque 600 000 ha de cultures «spontanées» dont 400 000 ha de forêts d'arganiers et 200 000 ha de plantes aromatiques et médicinales, cactus et autres plantes. Il n'en reste pas moins que les 5 000 ha actuels engendrent une production de 50 000 tonnes. Rapporté aux réalisations du secteur agricole, cela reste insignifiant. Diverses régions contribuent à cette production. Le Souss-Massa-Drâa fournit principalement des fruits et légumes, des produits issus du cactus et de la rose, ou encore l'inimitable huile d'argan qui représente d'ailleurs 400 tonnes par an. La région du Haouz-Tensift est quant à elle productrice d'huile d'olive, d'olives de table, de cactus et d'agrumes. Le Gharb est connu pour ses agrumes et fraises alors que le Saïss et l'Oriental produisent des plantes aromatiques et médicinales, ainsi que de l'huile d'olive. Enfin, la région du Tadla-Azilal fournit du caroubier, du grenadier et du miel. «La majorité des produits concernés par cette agriculture est destinée à l'exportation», confie Allal Chibane, chef du service de la promotion des labels au sein du ministère de l'agriculture, et également chargé de gestion à l'Association marocaine de la filière des productions biologiques (Amabio). 4 600 tonnes de produits transformés bio exportées cette année Au total, 12 500 tonnes sont exportées principalement dans des marchés européens habituels, à savoir la France, l'Espagne, la Grande-Bretagne et l'Allemagne, par ailleurs grande consommatrice de bio. «Il est à signaler que les exportations ont connu un accroissement soutenu au cours des dix dernières années en passant de 1 000 tonnes en 1997/1998 à 6 500 tonnes en 2005/2006 pour atteindre 12 500 tonnes actuellement», nous dit-on auprès du ministère de l'agriculture. Entre la campagne 2005/2006 et la campagne 2011/2012, les exportations de produits biologiques marocains ont donc progressé de 92% ! En tête de liste, on trouve les produits transformés, tels que le jus d'orange congelé, l'huile d'argan, et les conserves d'haricots verts, de fraises et de câpres, qui représentent 4 600 tonnes exportées en 2011/2012. Suit la courgette (2 500 t), le concombre (1 600 t), la tomate (1 400 t), les agrumes (1 200 t) et le poivron (1 000 t). Difficile cependant de savoir combien de producteurs de bio existent au Maroc. Tous produits confondus, il y a environ «une centaine d'opérateurs bio et non producteurs, incluant ainsi les transformateurs et les exportateurs», estime-t-on au ministère de l'agriculture. «Il y a de plus en plus de petits propriétaires qui développent des cultures pour eux puis se professionnalisent. Des coopératives se tournent vers le naturel, avec beaucoup de difficultés financières ; quelques-unes font le parcours jusqu'au bio», souligne Mouslim Kabbaj, un des propriétaires des magasins La Vie Claire au Maroc. La loi 39-12 bientôt publiée au Bulletin officiel «Toutes les régions du Maroc se prêtent à la pratique de ce mode de production en raison des conditions favorables, notamment le savoir-faire traditionnel, la présence de vastes terres agricoles, la disponibilité d'une main-d'œuvre locale ou encore la présence d'un grand nombre de produits cultivés en biologique dont il ne manque que la certification pour être valorisés», souligne-t-on au ministère. C'est bien là que le bât blesse. Sur les 50 000 tonnes produites chaque année, 37 500 tonnes sont consommées sur le marché national en tant qu' «agriculture conventionnelle», donc sans labellisation et sans valorisation, ni de l'agriculteur ni du produit. Signé en 2011 entre le ministère de l'agriculture et l'Amabio, le contrat-programme pour l'agriculture biologique à l'horizon 2020 tente justement de combler le vide juridique en la matière avec la loi 39-12 relative à la production biologique des produits agricoles et aquatiques, adoptée le 10 décembre dernier et bientôt publiée au Bulletin officiel. Deux décrets sont déjà rédigés et validés. Ils seront publiés après la promulgation de la loi. Enfin, 7 arrêtés doivent suivre. Le contrat-programme, d'un budget de 1,12 milliard de DH, ambitionne d'atteindre une superficie en agriculture biologique de 40 000 ha pour une production de 400 000 tonnes, dont 60 000 tonnes destinées à l'export d'ici 2020.