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Il y a un an, le Maroc politique faisait sa révolution
Publié dans La Vie éco le 02 - 11 - 2012

La nouvelle Constitution venait d'être votée, de larges perspectives politiques s'ouvrent.
L'alliance pour la démocratie, G8, voit le jour. Certains y voyaient un moyen pour contrer le PJD. Les élus font face à une nouvelle réalité : l'immunité parlementaire n'existe plus, plus de transhumance non plus.
Nous sommes en début octobre 2011. Le Maroc vient de voter, il y a trois mois, une nouvelle Constitution. Des élections législatives approchent. Elles seront, nous le verrons plus tard, plus transparentes et bien plus crédibles que les précédentes. Surtout que c'est le PJD, parti de l'opposition, qui va les remporter, haut la main. C'en sera donc fini, globalement, avec cette manie de mettre en doute l'intégrité du processus à chaque fois que ses résultats ne sont pas très au goût des partis contestataires. Il y aura, cependant, une formation, le FFD en l'occurrence (un siège au Parlement), qui ne semble pas de cet avis. Naturellement, les formations de l'opposition extra-institutionnelle continueront à opposer un niet catégorique à toute démarche électorale.
Bref, c'est pour dire qu'il y a une année, la scène politique connaissait une effervescence sans précédent. Les larges pans de liberté, d'expression et d'action politique, permis par la nouvelle Constitution ont donné un nouveau sens à tout ce bouillonnement. La scène politique tente une mue, la plus importante de toute son histoire d'après l'indépendance. La polarité et le rassemblement sont, de nouveau, à l'ordre du jour. On reparle, pour une énième fois de résurrection de la Koutla, les réunions entre ses trois composantes, l'Istiqlal, l'USFP et le PPS, sont plus fréquentes. Mais c'est du côté du PAM et de ses alliés que vient la tentative de rassemblement la plus inattendue. La plus contestée aussi. Le 5 octobre, le PAM, le RNI, le MP et l'UC donnent naissance à une coalition politique qui englobe également des petites formations de gauche, le Parti travailliste, le Parti socialiste et le Parti de la gauche verte ainsi que le parti islamiste, le PRV, de Mohamed Khalidi, ancien compagnon d'armes d'Abdelkrim El Khatib. Le G8 est né, le PAM qui n'en finissait toujours pas d'alimenter, indirectement, la polémique, depuis sa création deux années plus tôt, vient de jeter, encore une fois, un (énorme) pavé dans la mare naguère stagnante de la politique. C'est que la scène politique n'était pas prête à accueillir ce parti, mal vu par une large frange de la classe politique.
Premier rapprochement PJD-Istiqlal
En passant, il a permis un rapprochement entre le PJD et l'Istiqlal, devenus aujourd'hui deux piliers principaux de la coalition gouvernementale.
Abbas El Fassi, alors secrétaire général du parti et Premier ministre, n'avait-il pas déclaré lors de l'une de ses nombreuses déclarations incendiaires, en s'adressant à Abdelilah Benkirane, que «si le PAM gagnait les élections, ce serait une catastrophe, et à ce moment-là nous allons former avec vous un front de refus», (Akhbar Al Yaoum du 19 octobre 2011) ?
La veille, son successeur, à la tête de l'Istiqlal, Hamid Chabat, déclarait (lors d'un entretien publié par Al Massae) : «Le PAM est un danger pour la stabilité du pays». Quelques lignes plus loin, il affirmait : «Nous avons un point commun avec le PJD, tous les deux nous considérons l'islam comme une source de législation». Le même Chabat avait pourtant affirmé quelques jours auparavant que «le PAM est fini avec l'avènement de la nouvelle Constitution».
Le PAM a certes réalisé un score honorable (classé 4e avec 47 sièges), mais qui n'en fait pas l'adversaire politique craint et renié. Naturellement, il coulera beaucoup d'eau sous les ponts, depuis. Le même Hamid Chabat affirmera que c'est un parti on ne peut plus normal, donc respectable et surtout très fréquentable.
Si le PAM inquiétait déjà, le G8 a fait plus que chambouler l'échiquier politique. Les réactions suscitées ont été du même niveau. Mustapha Ramid dira que c'est une «œuvre du makhzen», Abdellah Bakkali de l'Istiqlal affirmera que c'est «une alliance de politique politicienne hybride» alors que Nabil Benabdellah, patron du PPS, notera que «c'est une alliance qui ne respecte pas les principes et les référentiels politiques» (Akhbar Al Yaoum, 6 octobre). Pourtant, le même N. Benabdellah, aujourd'hui ministre, n'a pas hésité à rejoindre lui-même, quelques mois plus tard, la majorité gouvernementale aux côtés du MP de la droite libérale, de l'Istiqlal et du PJD de la droite conservatrice.
L'USFP, lui, se contente d'observer. Habib El Malki, membre du bureau politique et actuel candidat à la succession d'Abdelouahed Radi, dira que «l'alliance des huit ne nous concerne pas». Les multiples invitations qui ont été adressées à l'USFP par le président du RNI, Salaheddine Mezouar, n'ont en rien ébranlé sa position. Le même Mezouar a tenu, en vain, à rassurer tout le monde : «La nouvelle alliance n'a pas pour objectif de servir des intérêts de politique politicienne étroits» (Achourouk, 6 octobre).
Renouvellement des élites, programme électoral, les partis changent
Le G8 a poussé la logique de l'alliance jusqu'à proposer un programme électoral commun, mais sans aller jusqu'à présenter des listes communes. Une autre nouveauté, soit dit en passant. Pour la première fois, en effet, partis et groupements de partis présentent de véritables programmes politiques. Mais, malgré cet élan novateur, cette volonté de faire la politique autrement et surtout d'en finir avec la balkanisation de la scène politique, le G8 n'a pas tenu. Il a suffi que le PJD, devenu entre-temps la première force politique avec 107 sièges (aujourd'hui 105 après la perte d'un siège à Tanger et un autre à Marrakech) à l'issue des élections du 25 novembre, fasse miroiter une confortable place au sein de la majorité (4 ministères) à l'une des composantes de l'alliance, le MP, pour que le G8 éclate. Même le groupe parlementaire, rassemblement constitutionnel (formé du RNI et de l'UC, deux formations qui évoluent dans l'opposition), pourtant antérieur au G8, n'y a pas survécu. Depuis, personne n'en parle.
Pour compléter le décor, trois petits partis de la mouvance populaire : le MDS, Al Ahd et le PRE décident d'unir leur forces, on parlait, là encore, d'un programme commun mais pas de listes unifiées. L'effort n'a finalement été récompensé que par six sièges au Parlement, deux pour chaque formation.
Dans cette nouvelle configuration, le PJD s'est retrouvé à l'étroit. Certains analystes politiques ont même présenté l'initiative de la formation du G8 comme une volonté d'isoler le PJD. Voilà pour le décor.
Entre les acteurs qui y évoluent, c'est une guerre sans merci. Une guerre sur tous les fronts et avec tous les moyens : dans la presse, lors des meetings politiques et même sous la coupole du Parlement qui, pris dans un marathon législatif, venait de clôturer une session extraordinaire et s'apprêtait à entamer, le 14 octobre, du moins pour la première Chambre, sa session d'automne avant les législatives du 25 novembre. Les parlementaires qui assument la transition dans le cadre de l'article 176 de la Constitution apprennent sur le tas les nouvelles règles du jeu : l'immunité parlementaire vient de changer de sens, la transhumance est désormais bannie sous peine de perdre son mandat, il n'est plus question de cumuler les mandats et, ce n'est pas tout, il faut désormais la présence d'un plus grand nombre de députés pour voter certains textes de loi. Nous l'avons vécu lors du vote de la nouvelle loi organique de la deuxième Chambre, il a fallu l'effort réuni du président de la Chambre, et le tout nouveau chef du gouvernement selon la nouvelle Constitution, l'ancien Premier ministre, et celui du ministre de l'intérieur pour convaincre les élus de la nation à se présenter en nombre suffisant pour voter ce texte.
Les jeunes, les femmes, les MRE à l'assaut de l'hémicycle
C'est que, alors que leurs esprits étaient déjà occupés, pour la plupart, par les futures élections, les députés sortants étaient tenus d'adopter des textes aussi importants que les lois organiques des deux Chambres, la loi organique des partis politiques et les lois électorales. Bref, l'encadrement juridique des institutions issues des élections de l'après-nouvelle Constitution. Celles d'un Maroc nouveau. Ces mêmes élus allaient faire face à une nouvelle donne : les partis ne veulent plus d'eux ou du moins d'une partie d'entre eux. C'est qu'en cette période pré-électorale les formations politiques ne jurent plus que par le renouvellement, le relèvement du niveau des élites politiques. Cette tendance va se refléter plus tard dans les listes électorales des partis et dans la configuration de l'actuelle Chambre des représentants. Là encore s'est posé un sérieux problème : le quota des femmes et des jeunes. Les femmes veulent la totalité des sièges de la liste nationale alors que les jeunes exigent une part qui reflète leur poids dans la société. Ils ont pris tellement la chose au sérieux que les jeunesses de pas moins de 14 formations politiques se sont coalisées pour mieux faire porter leur voix. Les organisations féminines, elles aussi, ne cessaient de faire pression sur leurs partis. Les islamistes du PJD, qui n'étaient pas encore encadrés dans une telle organisation, ont vite fait d'en créer une. C'est l'actuelle et unique ministre femme du gouvernement, Bassima Hakkaoui, qui a été portée à sa tête. Les MRE aussi tentaient de donner de la voix, certains sont même allés jusqu'à créer leur propre formation politique. Mais contrairement aux femmes et aux jeunes qui ont pu décrocher un quota de 60 sièges pour les femmes et 30 pour les jeunes de moins de 40 ans, les MRE n'ont pas réussi à décrocher leur propre quota. C'est le Conseil constitutionnel qui a finalement tranché. Il a rejeté la requête des femmes d'accaparer la totalité des 90 sièges de la liste nationale et a opposé un niet à la demande de 180 associations des MRE revendiquant le droit de vote et de candidature directe, sans procuration.
Le patronat fait son entrée officielle en politique
Les partis politiques, eux, font face à un autre souci : la traditionnelle guerre des tazkiates (accréditations) qui affectent leurs rangs. Aussi, les menaces de démission sont-elles lancées à tout bout de champ. Menaces de départs collectifs ou de faire éclater les partis sont brandies par les prétendants. Un seul parti, le PJD, qui s'est doté d'une complexe, et néanmoins démocratique, procédure de sélection de ses candidats, échappe relativement à cette fièvre.
Une nouveauté apportée par la Constitution du 1er juillet complique davantage la donne : les députés une fois élus ne peuvent plus changer leur couleur politique. Que ce soit eux ou leurs partis, chacun doit s'assurer d'avoir parié sur le bon candidat. Le PPS, entre autres partis, qui a trop compté sur les notables locaux, en sait quelque chose. Lui qui était si confiant en le succès de son choix a dû recourir à une entourloupette pour pouvoir réunir un groupe parlementaire. Ses 18 sièges n'étant pas suffisants, il a dû compléter avec deux élus dont l'un du FFD. Pendant ce temps, les syndicats entrent en action. Leur part de gâteau, les sièges qui leur sont réservés à la deuxième Chambre, a été très entamée. Dans la nouvelle configuration de la Chambre, les syndicats ne disposaient plus que de 12 sièges. Une campagne de pression leur a permis d'en grignoter 8 autres, ce qui fait un total de 20 sièges sur 120 dans la nouvelle loi organique amendée. Au même moment, les représentants des employeurs font leur entrée à la Chambre avec 8 sièges.
Entre-temps, le gouvernement signe une première : il dépose le projet de Loi de finances au Parlement, le retire, puis le redépose. L'introduction d'un fonds de solidarité sociale semble à l'origine de ce cafouillage. Cela au moment où il s'en est fallu de peu pour créer une nouvelle polémique. La Loi de finances de 2012 ne sera finalement adoptée que plus de six mois plus tard, en mai. Pendant tout ce temps, imperturbable, le Mouvement du 20 Février ou ce qu'il en reste, car il perd chaque semaine un peu plus de son aura, continue ses sorties dominicales un peu partout dans le pays.
Une année plus tard, le G8 n'est plus, personne à part Hamid Chabat ne parle de la Koutla, la scène politique ne compte plus que huit formations (18 à 105 sièges au Parlement) et un essaim de petits partis (1 à 4 sièges au Parlement), la classe politique attend toujours l'annonce de la date des futures élections locales, la deuxième Chambre continue de poser problème et le gouvernement tarde à présenter son agenda électoral au Parlement


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