Avec un score de 60,3 dans l'Indice de liberté économique 2025 de la Heritage Foundation, le Maroc grimpe de 15 places et retrouve le statut «modérément libre». Réformes pro-privées et stabilité monétaire ont été saluées. Suivez La Vie éco sur Telegram Le Maroc fait un bond dans le classement mondial de la liberté économique. Selon l'édition 2025 de l'Indice publié par la Heritage Foundation, le Royaume chérifien affiche un score de 60,3 sur 100, en hausse de 3,5 points par rapport à 2024. Une progression qui le propulse au 86e rang mondial, soit un gain de 15 places, et lui permet de retrouver la catégorie des économies « modérément libres (scores de 60-69,9)», après trois années passées dans le purgatoire des «principalement non libres (50-59,9) ». Sur le plan régional, cette performance conforte le leadership du Royaume en Afrique du Nord et le positionne au 6e rang en Afrique, derrière Maurice, Botswana, Cap-Vert, Seychelles et Sao Tomé-et-Principe. Au sein du monde arabe, le Maroc se classe également 6e, devançant le Koweït et se situant derrière les autres pays du Golf. L'analyse de la Heritage Foundation met en lumière les moteurs de cette embellie. Le Royaume doit une partie de son succès à des réformes favorisant le dynamisme du secteur privé. La simplification des démarches pour créer et enregistrer une entreprise, saluée par le think tank américain, a dopé la compétitivité. À cela s'ajoute une stabilité monétaire enviable, avec une inflation contenue – un atout rare dans un contexte mondial encore marqué par les soubresauts post-Covid et les tensions géopolitiques. Le secteur financier, en pleine croissance, offre des options de financement variées, tandis que la Bourse de Casablanca, ouverte aux investisseurs étrangers sans restrictions, renforce l'attractivité du pays. Sur le plan commercial, le Maroc tire profit de ses multiples accords préférentiels, notamment avec l'Union européenne et les Etats-Unis. Une ouverture qui contraste avec le protectionnisme de certains voisins et qui positionne le Royaume comme un hub entre l'Afrique et l'Occident. Résultat : en Afrique, seuls Maurice, Botswana, Cap-Vert, les Seychelles et Sao Tomé-et-Principe devancent le Maroc. Dans le monde arabe, il talonne les poids lourds du Golfe, dépassant même le Koweït. Pourtant, ce tableau flatteur ne doit pas masquer les ombres au bilan. En dépit de ces progrès, la Heritage Foundation pointe du doigt des handicaps persistants, à commencer par la rigidité du marché du travail. Avec un score de 48,5 en «liberté du travail», le Royaume est plombé par des réglementations rigides et un secteur informel qui marginalise une large part de la main-d'œuvre. «Un frein à la création d'emplois dynamiques», note le rapport, un constat partagé par le programme «Business Ready» de la Banque mondiale, publié en octobre 2024. Autre point noir : la corruption. Malgré des avancées, le phénomène reste enraciné, gangréné par une réglementation insuffisante et un système judiciaire jugé peu efficace. À cela s'ajoute le coût élevé des licences, qui, même allégé, continue de décourager les entrepreneurs. Ces failles structurelles limitent le potentiel de croissance et maintiennent le Maroc dans une position intermédiaire, loin des locomotives économiques du continent comme Maurice (19e mondial). En Afrique du Nord, le Maroc fait figure d'exception. L'Egypte (145e), la Tunisie (149e) et l'Algérie (160e) végètent dans les catégories «principalement non libres» ou «réprimées», minées par des bureaucraties étouffantes et des économies peu diversifiées. Cette hégémonie régionale, si elle flatte l'ego national, ne doit pas faire illusion. Pour passer au niveau supérieur, le Maroc devra, comme le rappelle Heritage, s'attaquer aux réformes de fond – assouplir le marché du travail, moderniser la justice, enrayer la corruption – tout en préservant ses acquis. La liberté économique n'est pas qu'une question de chiffres : elle est le socle d'une prospérité durable.