L'économie marocaine reste modérément libre. Selon l'indice de liberté économique élaboré par The Heritage Foundation, le Royaume est 81ème mondial, 9ème dans la région MENA et 1er au Maghreb Le score de liberté économique du Maroc est de 63,3 sur 100, ce qui fait de son économie la 81ème plus libre de l'«Index of Economic Freedom 2021» (Indice de liberté économique 2021) qui mesure la liberté économique dans 178 pays. Le Royaume recule ainsi de 3 places par rapport à l'édition 2020. Comme les rapports précédents, 12 facteurs quantitatifs, regroupés en quatre grandes catégories, ont été utilisés pour établir cet index, dévoilé récemment par The Heritage Foundation, un think tank américain conservateur, basé à Washington. Il s'agit notamment de : l'Etat de droit (le droit de propriété, l'intégrité du gouvernement, l'efficacité judiciaire), la prépondérance du gouvernement (les dépenses publiques, la pression fiscale, la santé fiscale), l'efficacité réglementaire (la liberté des affaires, la liberté de travail, la liberté monétaire), et les marchés ouverts (la liberté commerciale, la liberté d'investissement, la liberté financière). Sur la base des scores obtenus (de 0 à 100), les pays sont classés en cinq catégories en fonction du niveau de liberté estimé de l'économie. Les pays ayant enregistré les scores les plus élevés (entre 80 et 100) sont considérés comme économiquement « libres ». Suivent, de façon décroissante, les économies « globalement libres », puis celles « modérément libres ». Viennent ensuite les pays avec « peu de liberté » économique, et enfin les pays dits « répressifs » en la matière. Le voisin de l'Est dernier au Maghreb Selon le rapport de la Fondation « Héritage », le Maroc est classé 9ème sur 14 pays de la région MENA (Moyen-Orient et Afrique du Nord), et son score global est supérieur aux moyennes régionales. La première place est décrochée par les Emirats Arabes Unis (14ème mondial), suivis d'Israël (26ème) puis du Qatar (31ème). Par rapport à ses voisins du Maghreb, le Maroc les dépasse de loin : Tunisie (119ème mondial), Mauritanie (128ème), Egypte (130ème) et Algérie (162ème). Pour la Libye, ce classement ne l'a pas pris en considération en raison, selon la Fondation, du manque de données fiables. « Les rapports officiels du gouvernement sur les données économiques sont insuffisants et les données communiquées par de nombreuses organisations internationales dont dépend le classement de l'indice sont incomplètes », explique la même source. Rigidité du marché du travail, hausse de la dette publique Pour le Maroc, the Heritage Foundation souligne que l'économie nationale est restée modérément libre cette année. Malgré cela, elle estime que le Royaume doit agir sur trois domaines pour pouvoir aboutir à une plus grande liberté économique. D'abord, il doit lutter contre la corruption, qui porte atteinte à l'intégrité du gouvernement. « Les lois anticorruption ne sont pas appliquées de manière efficace », déplore la même source. Le Maroc est appelé aussi à renforcer son système judiciaire pour le rendre plus fiable et transparent. « Les juges manquent de formation sur la résolution des litiges commerciaux », est-il indiqué. Enfin, le Maroc doit remédier aux rigidités des réglementations du marché du travail. Autre élément soulevé par the Heritage Foundation concerne les finances publiques. Selon ce think tank américain, le taux d'imposition fiscale sur le revenu, qui est de 38%, est plus élevé. Idem pour le taux d'imposition sur les sociétés qui est de 31%. «Les autres taxes comprennent une taxe sur la valeur ajoutée. La charge fiscale globale équivaut à 27,6% du revenu intérieur total. Les dépenses publiques ont représenté 30% de la production totale (PIB) au cours des trois dernières années, et les déficits budgétaires ont représenté en moyenne 3,8% du PIB. La dette publique équivaut à 65,8% du PIB », peut-on lire aussi dans le rapport annuel du groupe de réflexion américain. Huit accords commerciaux préférentiels en vigueur Dans un autre volet, le bureau d'étude du pays de l'Oncle Sam admet, cependant, indique que « la plateforme en ligne de traitement des permis de construire s'est améliorée et il est désormais possible de demander et d'obtenir des certificats de conformité en ligne. Le Maroc a également facilité l'obtention de l'électricité». La même source nous apprend que le Maroc a huit accords commerciaux préférentiels en vigueur, le taux tarifaire moyen pondéré en fonction des échanges est de 9,7% et 44 mesures non tarifaires sont en vigueur. Les investisseurs étrangers et nationaux sont généralement traités de la même manière en vertu de la loi, indique the Heritage Foundation, ajoutant que le secteur financier marocain est concurrentiel et offre même une gamme d'options de financement. « La Bourse ne restreint pas la participation étrangère. En 2020, des mesures ont été prises pour augmenter la liquidité du système bancaire », affirme le think tank US. Singapour, pays le plus libre au monde Au niveau africain, l'Île Maurice est première (13ème mondiale), suivie du Rwanda (47ème), Botswana (51ème) et Seychelles (60ème). Au niveau mondial, les seules économies considérées comme véritablement « libres » et occupant de ce fait la tête du classement sont respectivement Singapour (1er), la NouvelleZélande (2ème), l'Australie (3ème), la Suisse (4ème) et l'Irlande (5ème). Le dernier de ce classement est la Corée du Nord. Elle est alors le pays le moins libre du monde en matière de liberté économique pour ses citoyens et ses entreprises. En somme, l'Indice de liberté économique 2021 montre que le niveau de vie, mesuré par le revenu par habitant, est beaucoup plus élevé dans les pays économiquement plus libres. Il révèle aussi que les pays notés «libres» ou «principalement libres» génèrent des revenus qui sont plus du double des niveaux moyens dans d'autres pays et plus de six fois plus élevé que le revenus des personnes vivant dans des pays «réprimés». « Trente-trois pays ont obtenu la désignation de «principalement libres» en enregistrant des scores de 70,0 à 79,9 et 59 pays supplémentaires ont été considérés comme au moins «modérément libres» avec des scores de 60,0 à 69,9. Ainsi, un total de 97 pays, soit 54% de toutes les nations et territoires classés dans l'indice 2021, ont des environnements institutionnels dans lesquels les particuliers et les entreprises privées en bénéficient d'un degré au moins modéré de liberté économique dans la poursuite d'un plus grand développement économique et de la prospérité », est-il indiqué. A. CHANNAJE
« Le Maroc peut devenir un pays émergent » Le Maroc est l'un des principaux pays émergents africains qui connaissent une dynamique économique rapide à même de les hisser au statut de « pays émergés ». C'est ce qu'a indiqué, en tout cas, Moubarack Lo, Senior Fellow au Policy Center for The New South (PCNS) dans un podcast placé sous le thème : « L'émergence économique des pays africains à l'épreuve de la Covid ». M. Lo a mis en relief les risques d'anéantissement de plusieurs années de progrès en matière de développement en Afrique, expliquant que les prévisions conçues avant la crise sanitaire auguraient, sur une perspective de 10 ans (2018-2028), l'émergence d'une dizaine de pays africains. Mais il a estimé que la crise sanitaire a ralenti ce processus en maintenant la conjecture pour trois pays, à savoir le Maroc, l'Afrique du Sud et l'Île Maurice, qui ont réussi à soutenir leur dynamique d'émergence. Repères Qu'est-ce que la liberté économique ? La liberté économique est le droit fondamental de chaque être humain de contrôler son propre travail et ses propres biens. Dans une société économiquement libre, les individus sont libres de travailler, produire, consommer et investir comme bon leur semble. Dans les sociétés économiquement libres, les gouvernements permettent au travail, aux capitaux et aux marchandises de circuler librement et s'abstiennent de toute contrainte ou contrainte à la liberté audelà de la mesure nécessaire pour protéger et maintenir la liberté elle-même. L'Indice de liberté économique documente la relation positive entre la liberté économique et une variété d'objectifs sociaux et économiques positifs. Les idéaux de liberté économique sont étroitement associés à des sociétés plus saines, à des environnements plus propres, à une plus grande richesse par habitant, au développement humain, à la démocratie et à l'élimination de la pauvreté. A propos de la Fondation « Heritage » The Heritage Foundation est un laboratoire d'idées basé à Washington, dont la mission est de formuler et promouvoir des politiques publiques basées sur les principes de la libre entreprise et de la liberté individuelle. La fondation a eu une influence prépondérante auprès de la présidence Ronald Reagan entre 1980 et 1988, et continue d'exercer un grand rôle dans la conception des politiques publiques américaines, au point d'être considérée comme l'un des plus puissants think tanks des Etats-Unis dits conservateurs. L'organisation défend également des positons climato sceptiques et exerce un lobbying contre les lois liées à la protection de l'environnement.