Pourquoi en 2009, lorsque le gasoil était à 8,70 DH, personne ne s'étonnait ? Pourquoi quand le prix a baissé de 1,55 DH, il n'a pas été répercuté sur celui du transport ? Pourquoi crie-t-on au loup aujourd'hui ? Et voilà, nous y sommes. Le 2 juin, le gouvernement décidait enfin, après bien des hésitations, à augmenter le prix du carburant. Trop, trop peu ? Les deux à la fois, en fait, car depuis le mois de mars, la réflexion sur l'ampleur de l'inévitable hausse était en cours, sans aboutir à un compromis. Fallait-il augmenter un peu en plusieurs fois ou une bonne dose d'un seul coup ? Contrairement à ce que l'on pense, c'est la conjoncture qui a hâté la décision. Les finances publiques se dégradent rapidement, l'année est déjà à son 6e mois et il fallait agir. Agir, c'est là où le gouvernement a pris trop de temps. En janvier 2011, à la veille du printemps arabe, La Vie éco avait appelé à la nécessité d'augmenter le cours des hydrocarbures sous peine de se trouver dans la situation intenable que le Maroc vit aujourd'hui. Beaucoup, même parmi les citoyens qui ont les moyens, sont indignés de voir le diesel prendre d'un coup 13,9% de hausse. Ce sont ceux-là mêmes qui s'indignaient il y a peu de voir que la Compensation profite aux riches et à l'industrie comme aux pauvres et qui se déclaraient prêts à payer leur baguette de pain à 1,50 DH, leur bonbonne de gaz à 70 DH et leur kilo de sucre à 8 DH. Ce sont aussi ceux-là mêmes qui, avant la baisse intervenue en février 2009, payaient leur gasoil à 8,70 DH le litre, sans que personne ne trouve à redire, ce sont ceux-là mêmes aussi qui, en 2006 déjà, trouvaient normal de payer ce gasoil fortement souffre à 7,98 DH alors qu'aujourd'hui il coûte à peine 20 centimes de plus. C'est en tenant compte de tout cela que cette surchauffe provoquée par les syndicats, les partis de l'opposition qui hier étaient au gouvernement et qui ont eux-mêmes appliqué une hausse, et même les partis de la majorité, paraît quelque peu opportuniste. Le pouvoir d'achat du citoyen se dégrade, affirme-t-on. Oui, mais l'état des finances publiques également et de manière très inquiétante. A ceux qui protestent aujourd'hui, il convient de poser une question : pourquoi n'ont-ils rien dit, n'ont-ils pas exigé une baisse des prix du transport des voyageurs, de celui des fruits et légumes et du prix du ticket du transport collectif quand, en février 2009, le prix du gasoil baissait de 1,55 DH d'un coup ? Pourquoi ne disent-ils rien encore quand un grand taxi casablancais qui fait le trajet Sidi Moumen/centre-ville, et qui pour un litre de gasoil consommé à l'occasion, a augmenté ses prix d'un dirham par passager, soit un gain supplémentaire de 5 DH ? En réalité, ce qui affaiblit le pouvoir d'achat ce sont les opportunistes. Et, là, l'Etat devrait être aux aguets.