La décision prise par le gouvernement Benkirane d'augmenter substantiellement les prix des carburants à la pompe a eu l'effet d'une bombe sur les consommateurs, en général, et sur les usagers de la route, les transporteurs et tous ceux qui sont obligés d'acheter le carburant pour leurs activités économiques, industrielles et commerciales. Les réactions divergent après le choc provoqué par cette hausse importante des prix de l'essence (2 dirhams), du gasoil (1 dirham) et du fuel (300 dh). Pour certains, tout en estimant que l'augmentation a été excessive et qu'il fallait procéder par étapes, cette mesure s'avérait urgente et impérative compte tenu de la conjoncture économique que traversent le Maroc et nos partenaires européens. Le renchérissement du cours du baril de pétrole sur le marché mondial et l'incapacité de la Caisse de Compensation à continuer à subventionner les prix du carburant et ceux des autres produits de première nécessité, plaçaient le gouvernement devant un choix difficile : exposer l'économie nationale à de graves périls ou procéder à l'augmentation du prix des produits pétroliers. Pour les défenseurs des droits des consommateurs, la décision du gouvernement était surprenante à plus d'un titre et que, même justifiée, elle était prise au mauvais moment puisque les prix de l'or noir à l'échelle internationale ont tendance à baisser. A titre de rappel, le gouvernement Abbas El Fassi avait annoncé, en décembre 2008, une nouvelle structure des prix des produits pétroliers à la lumière des fluctuations du brut sur le marché mondial. Cette décision est entrée en vigueur le 16 février 2009 et consistait en une baisse considérable des prix du carburant afin de soutenir le pouvoir d'achat des citoyens. A cet effet, les prix de l'essence super sans plomb ont connu une baisse d'un dirham le litre, ceux du gasoil 50 ppm de soufre ont connu une forte baisse de l'ordre de 2,63 dhs le litre. Quant au fuel-oil 2 pc et celui destiné à la production de l'énergie électrique, la baisse était de 300 dhs. Le prix du gasoil normal (7,22 dirhams le litre) et celui de la bouteille de gaz butane 12 kg (40 dhs) et celle de 3 kg (10 dh) sont restés inchangés. Cette décision a été saluée à l'époque par l'ensemble des consommateurs qui ont estimé que la nouvelle structure des prix des carburants tenait compte à la fois des impératifs de la conjoncture économique nationale et internationale, mais aussi des intérêts des couches démunies qui subissent les répercussions de toute augmentation des prix du carburant, notamment sur le coût des transports, qui se manifestent par une augmentation des prix de vente de tous les produits transportés. En réalité, le gouvernement aurait dû éviter, aujourd'hui, les solutions de facilité consistant à augmenter les prix de l'essence et du gasoil à la pompe et s'attaquer au problème réel, celui de la Caisse de Compensation qui continue à grever le budget de l'Etat et dont les charges sans cesse croissantes sont devenues insupportables pour les finances publiques. La réforme du système de subvention aux produits de première nécessité, largement consommés par les couches populaires démunies, devient aujourd'hui inéluctable et urgente. C'est là où réside le vrai problème. Le gouvernement aurait dû consulter l'ensemble des opérateurs du secteur pétrolier, les partenaires sociaux, les associations de défense des droits des consommateurs et les experts économiques pour discuter des mesures à prendre et de l'opportunité politique et socio-économique d'une décision aussi importante que celle consistant à augmenter les prix des produits pétroliers. Certes, cette augmentation permettra d'économiser d'importantes sommes consacrées à la subvention des produits pétroliers, mais elle aura des retombées négatives sur le pouvoir d'achat des citoyens du fait des hausses que connaîtront les coûts des transports des personnes et des biens.