Tous les infirmiers bénéficieront désormais de la couverture médicale gratuite. La liste des régions considérées comme éloignées et en manque d'infirmiers sera arrêtée par une commission. Les infirmiers gagnent entre 3 200 et 8 000 DH dans le public. La révision du statut de la profession est toujours en négociation. Améliorer la situation sociale des infirmiers du secteur public est une priorité du nouveau ministre de la santé, El Hossein El Ouardi. Il entend, à travers des actions précises, valoriser et impliquer davantage cette catégorie du personnel médical dans la stratégie d'amélioration des soins et de la bonne marche des services. Trois mesures seront mises en œuvre au cours de l'année 2012. La première est que les infirmiers qui, jusqu'à présent, supportaient un ticket modérateur à hauteur de 20% pour accéder aux soins dans le cadre de la couverture médicale de base, bénéficieront de la gratuité totale et ce quel que soit leur lieu d'implantation. Deuxième décision, ceux qui sont installés dans des régions éloignées ou enclavées pourront disposer d'un logement de fonction. Selon le ministère, cette décision introduira une certaine équité dans la profession dans la mesure où, jusqu'à présent, seuls les infirmiers majors et les infirmières chargées de la maternité et du suivi infantile bénéficient d'un logement lorsqu'ils sont affectés dans les centres de santé ruraux. Elle va aussi les encourager à s'installer dans des régions éloignées. Cette action sera facilitée par le programme d'augmentation des logements décidée dans le cadre du protocole signé en juillet 2011 par les syndicats et le ministère de la santé. Il faut noter que les logements font partie du patrimoine du ministère ou, parfois, appartiennent aux collectivités locales. Une prime d'éloignement de 700 DH nets par mois sera également versée, avec effet rétroactif à compter de 2009. Cette troisième mesure sociale est aussi prévue par le même protocole. Il faut toutefois noter que les régions éloignées, et qui ont besoin d'infirmiers, seront déterminées par une commission spécifique qui est en train de travailler sur ce dossier. A l'avenir, les infirmiers qui accepteront de s'installer dans ces régions signeront un «contrat d'incitation» avec le ministère de la santé garantissant le paiement de la prime et surtout précisant une durée déterminée d'affectation. Ceci afin de favoriser la mobilité, explique une source syndicale. Ils arrondissent leur fins de mois chez le privé Le secteur public compte, selon les statistiques du ministère de la santé, 13 000 infirmiers et souffre d'un manque de 9 000. Paradoxalement, depuis 2005, le Maroc "exporte" ses infirmiers vers des pays européens, entre autres, l'Espagne et la France ou encore dans des zones lointaines comme la Nouvelle Zélande et l'Australie. Selon les syndicats, l'émigration des infirmiers est due aux conditions de travail au Maroc et particulièrement du niveau de rémunération. Car, en effet, cette situation est en grande partie due à des considérations financières. Selon le grade et l'échelle, un infirmier du public perçoit entre 3 200 DH et 8 000 DH par mois. En plus du salaire de base, ces montants comprennent une indemnité de garde et d'astreinte de 70 DH par garde, qui sera augmentée de 50% au courant de cette année, une indemnité de risque de 1 400 DH qui sera améliorée de 40% pour les infirmiers et une prime de responsabilité de 300 DH nets par mois. Par ailleurs, les infirmiers réclament une indemnité pour les équipes mobiles intervenant lors des opérations de couverture sanitaire de certains événements sportifs et culturels. Les syndicats réclament aussi l'ajout d'un grade hors échelle pour les infirmiers diplômés d'Etat et l'alignement de leur diplôme sur le diplôme de licence, ce qui permettra à un infirmier Bac+3 d'accéder à une formation dans le cadre d'un master ou d'un doctorat. La révision du statut de la profession actuellement en discussion fait espérer une nette amélioration des conditions sociales de cette catégorie du personnel médical. En attendant, pour gagner davantage, un infirmier n'a que deux choix : émigrer ou travailler à mi-temps dans les cliniques privées. Ces dernières sont pourtant pointées du doigt car elles préfèrent du personnel à temps partiel qui ne leur coûterait aucune charge sociale contrairement aux permanents. Une infirmière sage-femme ou une infirmière assistante de bloc opératoire peut gagner un salaire mensuel de 6 000 DH dans certaines grandes structures privées. Les autres peuvent prétendre, expliquent des infirmiers, à un salaire de 3 000 à 4 500 DH.