Dans un monde où les aiguilles de l'horloge semblent s'emballer, les artistes d'« Intervalle » nous offrent une pause dans le tumulte du temps présent. À travers leurs œuvres, le temps se dilate, se contracte, se déforme. Suivez La Vie éco sur Telegram Qu'est-ce que le temps ? Une illusion, une réalité ? Aliou Diack, Hasnae El Ouarga et Rero nous invitent à suspendre notre jugement et à explorer les multiples facettes de cette notion. À travers leurs œuvres, le temps se révèle être un terrain de jeu infini, où l'éphémère côtoie l'éternel. Aliou Diack se distingue par la puissance visuelle de ses œuvres, un univers naturel créant un apaisement par la manipulation de multiples médiums. En parsemant des graines au-dessus de ses toiles et en plantant un arbre à chacun de ses passages, il recrée un microcosme où les détails ne se révèlent qu'au plus proche de l'œuvre. Cette approche permet de découvrir toute la subtilité de la première puissance. À travers sa pratique, Diack remet en question la linéarité du temps, l'envisageant comme un cycle éternel, intimement lié à la nature. En intégrant des pigments de plantes médicinales transmis par son grand-père chaman, il tisse une relation organique entre l'art et le mystique. Ses œuvres deviennent ainsi des moments d'éternité, où chaque tableau reflète l'être-vie, invitant le spectateur à méditer sur son existence et son lien avec le monde qui l'entoure. Expo hors du temps Dans un registre différent, Hasnae El Ouarga aborde la temporalité à travers son exploration de la photographie. En déconstruisant l'image photographique, elle s'attaque à la notion de mémoire et de réminiscence. Sa pratique du cyanotype, qui fusionne nature et artifice, permet de matérialiser le passé d'une manière tangible. Pour El Ouarga, le temps est une dimension non linéaire, où le passé est toujours présent et où les souvenirs refont surface de manière inattendue. En utilisant des éléments naturels, comme la pierre, elle parvient à capturer l'essence de ces mémoires oubliées. Ses œuvres deviennent des récits visuels, témoignant des strates de temps et des histoires enfouies qui se dévoilent lentement au regard du spectateur. Rero, quant à lui, navigue entre art urbain et art conceptuel pour interroger notre rapport au temps à travers le langage et l'image. En s'appuyant sur l'acronyme WYSIWYG (What You See Is What You Get), il questionne la perception du temps comme une construction sociale. Le détournement et l'autocensure – représentés par ses traits noirs sur ses œuvres – illustrent la complexité et l'ambiguïté inhérentes à notre compréhension du temps. En présentant des palimpsestes d'aphorismes et d'images, il joue sur les significations et les contradictions de notre époque. Pour Rero, le temps n'est pas seulement une mesure, il est une expérience subjective, un réservoir d'histoires et d'émotions, où le passé, le présent et le futur se croisent et s'interpellent. À travers la singularité de leurs démarches, Aliou Diack, Hasnae El Ouarga et Rero donnent à voir une vision éclatée et riche de la notion du temps, et nous invitent à plonger dans ses abîmes, à questionner nos certitudes et à embrasser l'éphémère. * «Intervalle», avec Aliou Diack, Hasnae El Ouarga et Rero, à partir du 31 octobre, à l'espace d'art de la Fondation Montresso*, à Marrakech.