Le ministre français de l'Intérieur, Bruno Retailleau, a porté plainte contre la journaliste franco-marocaine Zineb El Rhazoui, l'accusant d'« apologie du terrorisme ». Ce dépôt de plainte fait suite à des propos controversés tenus par la journaliste lors d'une interview publiée le 4 octobre dans le journal La Nouvelle Aube. Dans cet entretien, El Rhazoui, connue pour ses prises de position tranchées sur le conflit israélo-palestinien, a affirmé : « Il n'y a pas de civils en Israël puisque tout le monde fait son service militaire et vient coloniser une terre qui ne lui appartient pas. » Cette déclaration, ainsi que son refus explicite de condamner les attaques du Hamas contre Israël survenues en octobre 2023, a suscité une réaction immédiate de la part des autorités françaises. Le ministre Retailleau, via un communiqué publié sur le réseau social X, a précisé avoir transmis au procureur de la République de Paris un rapport dénonçant ces propos qu'il considère comme une apologie du terrorisme. J'ai transmis ce jour à Madame la procureure de la République de Paris le signalement pour le délit d'apologie du terrorisme concernant les propos de Madame Zineb El Rhazaoui tenus lors d'un entretien avec le journal Nouvelle Aube publié le 4 octobre dernier. — Bruno Retailleau (@BrunoRetailleau) October 15, 2024 Ce n'est pas la première fois que Zineb El Rhazoui fait l'objet de critiques en France. En décembre dernier, elle avait déjà été déchue du prix Simone Veil, une distinction honorifique accordée en 2019 pour son engagement contre l'islamisme, en raison de ses positions pro-palestiniennes. Cette décision avait été prise suite à des publications de la journaliste sur les réseaux sociaux, dans lesquelles elle dénonçait un « génocide » commis par les forces israéliennes à Gaza. Valérie Pécresse, présidente du conseil régional d'Île-de-France, avait justifié ce retrait en soulignant que les déclarations d'El Rhazoui avaient « terriblement blessé » les survivants de la Shoah et leurs descendants. Cependant, cette nouvelle plainte soulève de nombreuses interrogations sur la réaction des autorités françaises et, plus largement, des pays occidentaux face au conflit israélo-palestinien. Alors que les propos de la journaliste sont rapidement condamnés et poursuivis en justice, un silence presque assourdissant règne autour des violences perpétrées contre les civils palestiniens à Gaza. Depuis le début de l'offensive israélienne, les appels à la retenue se sont multipliés, mais les actes concrets pour freiner les bombardements restent rares. L'indignation sélective des puissances occidentales, qui se montrent promptes à réagir lorsque leurs alliés sont visés, mais restent silencieuses face aux massacres des populations civiles palestiniennes, illustre une duplicité dans la gestion du conflit. Les discours sur la défense des droits de l'Homme semblent avoir des limites géopolitiques, et le soutien inconditionnel à Israël, malgré les violations répétées du droit international humanitaire, met en lumière une politique à deux vitesses qui fragilise la crédibilité des valeurs de liberté et de justice que ces pays prétendent incarner. En poursuivant Zineb El Rhazoui pour ses propos, le gouvernement français tente d'imposer un cadre strict à l'expression publique sur le conflit israélo-palestinien. Mais cette démarche risque d'être perçue comme une volonté de censurer toute critique d'Israël, tout en continuant d'ignorer les appels urgents à la justice pour les victimes de Gaza. Un silence qui résonne lourdement, surtout dans un contexte où les civils palestiniens subissent des attaques incessantes. Ainsi, la plainte contre El Rhazoui devient symptomatique d'un malaise plus large : celui d'un traitement médiatique et politique qui privilégie certains récits au détriment d'autres, au mépris des principes d'égalité et d'humanité universelle.