Une opposition institutionnelle composée de parlementaires et de syndicats. Une opposition extra-institutionnelle formée d'associations et des poches de résistance. Abdelilah Benkirane doit en réalité composer non pas avec une seule opposition, mais avec quatre formes d'opposition. Il y a d'abord celle parlementaire, ensuite l'opposition contestatrice formée, d'un côté, de syndicats, et, de l'autre, d'associations, dont certaines non reconnues, et de petites formations politiques qui ont choisi d'évoluer en dehors des institutions. La quatrième forme d'opposition étant celle que l'ancien Premier ministre Abderrahmane Youssoufi appelait déjà les «poches de résistance». Le politologue Mohamed Darif classe tout ce monde en deux catégories : une opposition institutionnelle et une autre extra-institutionnelle. Et aussi différents que soient leurs objectifs et leurs modes d'action, ces différentes formes d'opposition ne manquent pas de présenter quelques articulations. Le PJD s'étant déjà servi de ces relais, il en sait quelque chose. Le parti, outre son bras syndical, n'a jamais hésité à s'appuyer sur le Mouvement unicité et réforme (MUR) chaque fois qu'il était question de mobiliser la rue. Le PJD a, de même, infiltré le mouvement du 20 Février. Certains de ses ministres ont participé aux premières manifestations du mouvement. Autre exemple, le Forum Al Karama des droits de l'homme fondée par Mustapha Ramid, ministre de la justice et des libertés, a tissé des liens étroits avec le mouvement salafiste. L'USFP sur la voie du PJD Aujourd'hui, c'est au tour de l'USFP, actuellement en quête d'une percée dans les milieux populaires, de tenter une ouverture sur ces mouvements contestataires. Cela en mettant d'abord à niveau son syndicat, la FDT, et puis en opérant un rapprochement étroit avec la CDT dont le bras politique, le CNI, est en pleine déliquescence, et pourquoi pas l'UMT. Des personnalités de la gauche qui occupent des postes élevés dans la direction du syndicat pourraient favoriser ce rapprochement. Mais, pour le moment, ce n'est pas à l'ordre du jour. Pour son secrétaire général, Miloudi Moukharek, «l'UMT tient à garder son indépendance vis-à-vis des partis politiques». De même, explique-t-il, «toute coordination avec des syndicats affidés aux partis de l'opposition (FDT) ou du gouvernement (UNTM et UGTM) est exclu». Cela étant, l'USFP a également des visées sur le mouvement du 20 Février, surtout après "la démission" d'Al Adl Wal Ihssane. Fait aidant, que le PSU, l'un des animateurs du mouvement, ne voit pas d'inconvénient à coordonner son action avec le grand frère de la gauche. L'enjeu est donc de savoir manier tous ces relais d'opposition. Qu'en est-il des deux autres formations de l'opposition ? Le RNI estime que cette forme d'agir est dépassée. «Mobiliser la population pour créer un contre-pouvoir est une pratique révolue», estime Rachid Talbi Alami. Pour le PAM, «la question de la mise en place d'un relais syndical n'est pas encore tranchée. Pour le mouvement des jeunes, c'est fait. On ne peut plus avoir recours à ce genre de pratiques», affirme Fatiha Layadi.