Pour le Maroc, dont les ports sont des plateformes stratégiques sur les routes maritimes mondiales, cette évolution présente à la fois des défis et des opportunités, a affirmé, mardi à Rabat, le ministre de l'Equipement et de l'eau. Suivez La Vie éco sur Telegram La transition vers la décarbonisation des ports constitue à la fois un défi et une opportunité unique pour renforcer leur rôle en tant que hubs énergétiques et logistiques de premier plan, a affirmé Nizar Baraka. «Il est clair que la transition vers des carburants à zéro carbone, tels que l'ammoniac, le e-méthanol ou d'autres alternatives, entraînera une reconfiguration de l'industrie maritime et par conséquent sur tous les systèmes logistiques mondiaux», a précisé M. Baraka lors de l'atelier national de clôture de l'étude de préfaisabilité concernant la production, le stockage, l'approvisionnement et l'exportation de carburants à zéro carbone aux ports du Maroc. «Pour le Maroc, dont les ports sont des plateformes stratégiques sur les routes maritimes mondiales, cette évolution présente à la fois des défis et des opportunités», a-t-il dit. Selon le ministre, le choix des carburants du futur affectera non seulement la manière dont les ports approvisionnent les navires, mais aussi le volume et la nature du trafic maritime qui transite par cette infrastructure. M. Baraka a souligné que les ports, avec l'évolution des routes maritimes et la création de nouveaux hubs d'approvisionnement, pourraient être appelés à jouer un rôle encore plus central, ou au contraire, à devoir adapter leur stratégie pour rester compétitifs dans ce nouvel environnement. Rappelant que 96% du commerce extérieur se fait par voie maritime, le ministre a relevé que l'étude, objet de cet atelier, confirme que ce secteur peut jouer un rôle important dans la décarbonation du transport maritime en examinant les possibilités de réduction d'émissions de gaz à effet de serre provenant des navires, et ce, à travers des alternatives propres, la fourniture d'électricité propre et l'optimisation de la gestion des escales des navires dans les ports. Pour sa part, la ministre de la Transition énergétique et du développement durable, Leila Benali, a mis l'accent sur l'importance du transport maritime, relevant que le fret maritime constitue près de 70% du commerce mondial. Elle a relevé que cette nouvelle impulsion à la décarbonation et au développement durable dans le secteur du port et du transport maritime constitue une occasion pour rappeler les contraintes en termes réglementaires et législatives au niveau mondial. «Le Maroc a aujourd'hui son offre hydrogène sur laquelle nous sommes en train de travailler et qui va définir à un moment quel est le fuel de l'avenir pour le secteur maritime», a-t-elle dit, ajoutant qu'il est surtout primordial de préparer les ports et le fret maritime qui transite par le Maroc, ou qui fait son départ du Royaume. De son côté, le directeur Pays de la Banque Mondiale pour le Maghreb et Malte, Ahmadou Moustapha Ndiaye, a estimé que l'hydrogène joue un rôle très important dans la transition énergétique du Maroc qui a défini son offre, soulignant le potentiel important du développement de l'hydrogène vert, ce qui aura des retombées très importantes notamment en termes d'utilisation au niveau local pour aider à la décarbonisation du transport maritime qui occupe un volet très important dans l'exportation et l'importation. Lancée en janvier 2024 en partenariat avec le Groupe de la Banque mondiale et le cabinet international Royal Haskoning, cette étude vise à examiner les options spatiales, techniques et économiques pour la production des énergies vertes qui serviraient à la fois à l'exportation et à l'approvisionnement des navires en carburant vert dans les ports marocains. Les études de cas réalisées dans le cadre de cette étude concernent les ports de Tanger Med, de Jorf Lasfar, de Mohammedia et d'un port dans la région de Tan-Tan. Cet atelier a également réuni les principales parties prenantes ainsi que des représentants des principaux organismes publics tels que MASEN, IRESEN et Cluster H2. Suite à cette étude, des actions concrètes seront entreprises pour soutenir cette transition et concrétiser la feuille de route élaborée en collaboration avec les différents partenaires, en particulier les autorités portuaires. Des investissements publics et privés seront mis en place pour assurer la compétitivité et la durabilité des ports marocains dans cette nouvelle ère énergétique. Pour rappel, cette initiative s'inscrit dans la volonté du Royaume de réduire les émissions de gaz à effet de serre conformément aux engagements pris dans le cadre de sa CDN (Contribution Déterminée au niveau National). Fort de son expertise dans le domaine des énergies renouvelables, le Maroc est idéalement positionné pour tirer profit de cette transition énergétique mondiale. Ce positionnement confère à nos ports un rôle central dans la chaîne logistique future, leur permettant de devenir des hubs d'exportation notamment vers l'Europe.