Ne disposant pas de la propriété de leurs terrains au démarrage des travaux, ces professionnels ne peuvent en donner l'hypothèque pour un financement bancaire. 1 000 hectares objet de 380 conventions ont été mis à la disposition des promoteurs privés dans le cadre du programme des logements mixtes. Beaucoup a été dit sur les raisons justifiant le manque d'engouement des promoteurs immobiliers pour la construction de logements dans le cadre de programmes mixtes (économique, social et moyen standing), en partenariat avec Al Omrane. Mais outre la cherté du foncier ou encore les lourdeurs administratives évoquées habituellement, les professionnels sont en plus contrariés par la difficulté de se faire financer par les banques pour ce type de programmes. En effet, plusieurs responsables de banques contactés par La Vie éco ont confié avoir refusé de financer des promoteurs qui souhaitaient se lancer dans ces projets. En cause, l'impossibilité pour ces promoteurs de présenter une hypothèque sur les titres fonciers de leurs projets. La raison en est bien simple : eux-mêmes ne deviennent propriétaires de leurs terrains, qu'ils achètent auprès d'Al Omrane, qu'après la réalisation d'une certaine part du projet. Rappelons, à cet effet, que le holding public met à la disposition des promoteurs privés des îlots de terrain à prix avantageux pour y engager des programmes mixtes comprenant les trois types de logement dans une logique de péréquation. Selon les dispositions de ce partenariat entre Al Omrane et les promoteurs privés, la cession des terrains doit s'opérer par phases, concomitamment avec l'avancement des travaux. Plus en détail, selon les termes de cette convention, lorsque le promoteur réalise au moins 20% des travaux prévus pour la première phase, Al Omrane lui cède le terrain qui y est rattaché. Par la suite, lorsque le promoteur réalise 20% des travaux de la deuxième phase et au moins 65% des travaux de la première phase, Al Omrane lui cède le terrain de la deuxième phase… Et ainsi de suite jusqu'à la transmission de la propriété intégrale au promoteur. La promesse d'hypothèque, solution refusée par les banques Etonnamment, loin de se montrer gênée par ce mécanisme, la Fédération nationale des promoteurs immobiliers (FNPI) se range plutôt du côté de l'aménageur public. «Al Omrane se doit de mettre en place des garde-fous pour garantir l'achèvement des projets engagés sur ses terrains et éviter les mauvaises expériences du passé», argumente un porte-parole de la fédération. C'est que «les promoteurs qui s'engagent sur ce type de partenariats ont une réputation de solvabilité, ce qui facilite leur accès au financement», explique-t-il. Mais cela reste l'apanage des grands promoteurs. Pour les professionnels qui ne disposent pas d'une solide assise financière, le problème reste entier, comme nous le confirment des sources bancaires. Un recours existe toutefois, à savoir qu'en cas de titres fonciers non disponibles, les promoteurs immobiliers, qui en font la demande, peuvent se faire financer sur la base d'une promesse d'hypothèque. Mais cette option ne semble pas faire mouche chez les banques. Pour sa part, le management d'Al Omrane informe qu'une «réflexion est engagée pour améliorer le système de partenariat avec le privé en accordant une priorité particulière à la petite et moyenne promotion». A ce titre, une réunion devrait se tenir entre le groupe et la FNPI début novembre pour faire le point sur le partenariat public-privé dans le cadre des logements à 140 000 DH. Rappelons, à cet effet, que l'approche de l'Etat est d'inscrire ce dernier type de logement dans une logique sociale plutôt qu'économique. Comme nous l'annoncions dans une précédente édition, la piste explorée actuellement est de faire construire l'intégralité des logements à 140 000 DH par Al Omrane et Dyar Al Mansour (filiale CDG), qui signeraient en ce sens des conventions avec l'Etat. Pour l'heure, et depuis le démarrage des partenariats Al Omrane-promoteurs privés, plus de 1 000 hectares objet de 380 conventions ont été mis à la disposition de promoteurs immobiliers privés qui ont honoré ou sont en cours de réalisation leur programme, selon les données de l'aménageur public. L'on apprend en outre que des difficultés embarrassent certains professionnels, notamment étrangers. Sachant que le foncier en phase de commercialisation auprès des promoteurs privés porte sur une assiette dépassant 3 800 ha, acquise de surcroît depuis juillet 2009, l'on pourrait juger le rythme de commercialisation des terrains auprès des promoteurs privés comme étant moyen. Le management d'Al Omrane rappelle pour sa part que ce foncier est réparti sur l'ensemble du territoire avec une attractivité plus ou moins importante. En outre, l'on explique que ce foncier a besoin d'un délai substantiel pour être étudié, autorisé et équipé avant sa cession (apurement préalable du foncier et équipement en infrastructures de base).