Je suis responsable d'un projet très important et, pour cela, j'ai besoin de faire appel à un prestataire de services externes. J'ai préparé mon cahier des charges avec beaucoup d'attention et je connais assez bien le marché pour savoir avec qui nous devons traiter mais aussi et surtout avec qui nous ne devons absolument pas travailler. Seulement, c'était compter sans le réseau d'amis de mon boss qui, lui, nous impose un prestataire médiocre . Le pire c'est que je crois bien qu'il le sait mais il adore faire travailler son réseau. De plus, j'ai déjà organisé une première réunion avec ce prestataire (présélection soi-disant) et son comportement à mon égard était à la limite de l'impolitesse. Je veux encore trouver le moyen d'opter pour un autre prestataire, mais je ne vois pas trop comment après tout ce que j'ai essayé. Que me conseillez-vous ? Eh oui, vous avez été touché par la «reseaunnite aiguë» : microbe prolixe qui touche encore un grand nombre d'entreprises. Je ne sais pas si cela peut vous consoler mais c'est un fait : encore aujourd'hui, et à l'heure de la mondialisation et d'actionnaires de plus en plus exigeants et professionnels, certains «patrons» continuent de privilégier le réseau plutôt que les compétences. Mais là où ça se complique c'est quand ce réseau n'est pas performant et qu'il nous est imposé ! Et là où l'exercice devient encore plus périlleux c'est quand le «boss» est persuadé d'avoir fait le bon choix ! Vous devez avant tout écouter réellement les arguments de votre boss car peut être que finalement son choix n'est pas si absurde que cela ? Maintenant, si vous validez votre première lecture de la situation, vous devrez lui présenter l'alternative suivante : d'un côté de la balance, faire «plaisir ou donner un coup de pouce» à ce prestataire, et, de l'autre, la réussite ou non de ce projet. C'est à ce sujet que vous devez interpeller la réflexion de votre «boss», car c'est sur cette base et rien d'autre qu'il devra arbitrer sa décision. Décision qui ne devrait – normalement- pas être de son ressort puisque vous êtes responsable de ce projet ! Proposez une solution Aussi, plutôt que d'appliquer à l'envers notre principe Carnegie numéro 1 «Ne critiquez pas, ne condamnez pas, ne vous plaignez pas» et de critiquer -à juste titre sans doute- ce prestataire, vendez cet arbitrage et uniquement cet arbitrage ! Mais cela, à condition que votre «boss» partage avec vous le niveau d'importance de ce projet ! Dire «non je ne veux pas» ne suffit pas. Il faut également apporter une autre solution. Aussi, demandez à votre «boss» de recevoir en présélection tous les prestataires identifiés (y compris «son ami») lors d'une réunion impliquant d'autres cadres de l'entreprise. Ne vous positionnez surtout pas comme le défenseur d'un prestataire en particulier, restez neutre pour ne pas décrédibiliser votre position . Gardez en tête votre objectif : la réussite du projet passe par la sélection du meilleur prestataire. Ce sera donc aux autres prestataires de démontrer leur expérience, leur professionnalisme et leur crédibilité lors de cette réunion, et peut être que l'incompétence de «son ami» sera si criante qu'il ne pourra faire autrement que de l'entendre… Et en l'occurrence vous avez deux…interlocuteurs ! D'abord, votre «boss» qui «s'est mouillé» pour son ami. Mais aussi, le «prestataire médiocre», qui peut s'avérer virulent dans le futur à votre égard surtout si vous vous braquez à son encontre de façon trop voyante (ma petite théorie à ce sujet : si être médiocre et «gentil» peut être nuisible à la performance collective, être médiocre et méchant représente un danger à ne jamais sous-estimer !). Aussi, voyez si, parmi sa «médiocrité», il n'existe pas un champ de compétences validées et pour lequel vous pourriez lui confier une partie de ce projet ou tout autre mission.