L'authentique bienveillance en bon dosage est l'apanage des grands : des personnalités affirmées, confiantes en soi et ouvertes d'esprit. La plupart des salariés préfèrent un patron dur de caractère mais juste et compétent à un amateur sympathique. A-t-on besoin d'être un patron austère, voire dédaigneux pour se faire respecter et réussir sa mission ? De plus en plus souvent les managers se rendent compte qu'ils peuvent mieux mobiliser leurs équipes et optimiser leurs ressources en adoptant une approche plus humaine, tout en prenant soin de se positionner dans un contexte hiérarchique. Comment concilient-ils alors les attentes interpersonnelles avec les exigences du business ? La bienveillance raisonnée et raisonnable en tant que ligne de conduite managériale devient alors une évidence qui se transpose sur des résultats concrets et l'efficacité presque surprenante. Pourtant, ce terme est encore trop souvent perçu comme un synonyme de naïveté, et donc de faiblesse – tout le contraire de ce que l'on attend d'un dirigeant. Ce paradoxal succès de la bienveillance s'explique surtout par l'équilibre subtil obtenu entre le management 100% autoritaire et celui 100% participatif. Mais comment arriver à cet état de parfait équilibre ? Habituellement, les grandes structures offrent aux managers un cadre relationnel assez stricte, ce qui fait que souvent ils n'ont pas besoin de se poser la question sur la nature de leur relationnel avec les collaborateurs. Les actions sociales et celles de cohésion sont (plus ou moins discrètement) encadrées par la direction RH, tandis que les autres départements assurent la veille dans le domaine de la production et de la commercialisation. En bref, les procédures sont là pour canaliser les émotions et les relations. En revanche, dans les petites structures, surtout les entreprises familiales et les professions libérales, la question de l'équilibre entre l'attitude autoritaire et celle amicale, surgit avec une grande intensité et le manager se retrouve souvent seul à changer les «casquettes», en fonction de la situation. Cela est assez épuisant et peut mener à la confusion dans ses relations avec les collaborateurs.
Un dirigeant de société s'est adressé à moi pour travailler son style managérial : adapté à sa personnalité, à ses valeurs et en même temps à son contexte professionnel. Comment s'y prendre pour rester humain, tout en inspirant le respect auprès de ses équipes ? Est-ce que la proximité et l'écoute annulent systématiquement l'autorité ? Peut-on être un ami authentique de quelqu'un qui est notre subordonné ? En partant d'une réflexion sincère sur ses propres attentes vis-à-vis de sa fonction et sur ses relations avec les employés, le manager s'est rendu compte qu'il était toujours à la recherche des résultats chiffrés, parfois au détriment de l'équilibre relationnel. Or, cette approche montrait ses limites à long et moyen terme. De plus, la gestion appropriée des relations humaines s'est avérée être une composante cruciale pour la pérennité de la stratégie de l'entreprise et la bonne ambiance au quotidien. Sans tomber dans l'excès (le trop de familiarité menant à l'irrespect et à la perte des repères-règles du jeu), le manager a réussi à construire un cadre fixe «sur mesure» à ses relations avec le personnel, tout en y réservant la partie flexible, destinée au dialogue et à la convivialité. Proposer, recueillir des idées et prendre la décision finale constituent les trois éléments permanents du travail d'un manager. En oublier un, ou en interverser la suite logique n'est bon ni pour lui-même ni pour son équipe. Au-delà des systèmes de motivation classiques (financier, matériel, perspective de carrière, etc.), ce qui rend les collaborateurs vraiment motivés, c'est surtout leur bonne relation avec les collègues et leur chef direct plutôt que leur attachement à l'entreprise elle-même. Et lorsque les profils pointus se font rares sur le marché de travail, les entreprises établissent des stratégies complexes et coûteuses pour attirer et fidéliser ces compétences. Et attention aux jeux de manipulation ! Le manque de véritable sincérité est vite détecté par le subconscient et le «faux-gentil» est rapidement dévoilé. N'oublions pas qu'un vrai sourire est formé non seulement par les muscles de la bouche, mais aussi par ceux des paupières et l'expression des yeux qui ne peut pas tromper. Ajoutez à cela le ton de la voix et quelques signes du non-verbal et vous aurez l'image complète de la sincérité. En un mot : si votre sourire ne vient pas du cœur, vos yeux et votre corps vont vous trahir devant un interlocuteur attentif. Etre à l'écoute des autres signifie ni plus ni moins de s'intéresser réellement à son interlocuteur et à ce qu'il a à nous dire. Alors, la bienveillance va-t-elle devenir la clé du bonheur dans le monde professionnel ? Pas si simple : la plupart des salariés préfèrent un patron dur de caractère mais juste et compétent à un dilettante sympathique. Il n'est pas trop difficile de se montrer gentil quand tout va bien. Mais si la situation se dégrade, rester maître de soi et bienveillant demande une véritable force de caractère. Et celle-ci s'acquiert non seulement avec l'expérience des années et des rencontres, mais -surtout- avec la volonté de travail sur soi pour pouvoir agir avec respect et bienveillance dans toutes les circonstances. L'authentique bienveillance en bon dosage est l'apanage des grands : des personnalités affirmées, confiantes en soi et ouvertes d'esprit.