«Réformer la moudawana en revenant au coran et au principe de la qiwama» Suivez La Vie éco sur Telegram Au quartier Baladia, à Derb Soltane, la boucherie Saloua Bouzoubaâ est célèbre. C'est même une référence par son ancienneté, la spécificité de son offre et sa propriétaire. Une femme, Saloua, qui a repris, faute de descendance mâle, la boucherie de son père âgé. «Cela fait quarante ans que j'exerce ce métier que j'ai appris, très jeune, puisqu'après l'école je venais aider mon père dont la boucherie était très connue et sollicitée, parce qu'il était le seul à vendre de la viande de chameau», indique Saloua Bouzoubaâ qui maîtrise très bien ce métier, historiquement exercé par des hommes. L'arrivée de deux femmes au quartier de Baladia au milieu d'une trentaine de bouchers hommes a surpris au début, mais aujourd'hui, souligne Bouzoubaâ, «on ne fait plus de distinction entre nous et la clientèle n'est pas surprise». Tous les matins, Saloua démarre sa journée, aidée par deux bouchers. Réception de la marchandise et préparation des commandes reçues la veille. Et c'est à partir de 10h30 que les clients arrivent et le pic est enregistré vers 13h00 lorsque les clients, essentiellement des commerçants du quartier, viennent déjeuner. La boucherie a en effet mis en place un partenariat avec une chouwaya du coin et livre la viande hachée et autres brochettes pour les férus de viande de chameau. Saloua maîtrise désormais ce métier d'homme : «Je me suis imposée, comme d'autres femmes se sont imposées dans d'autres domaines». De la place de la femme dans le milieu professionnel et dans la sphère privée, la bouchère n'en fait pas un débat. En revanche, de ses droits, elle tient à en parler : «Si nous sommes présentes dans plusieurs métiers et que nous avons les mêmes aptitudes que les hommes, il nous faut les mêmes droits, les mêmes salaires et les mêmes avantages. Cela s'appelle l'égalité !». Toutefois, Saloua Bouzoubaâ nuance lorsqu'il s'agit de la réforme de la Moudawana, car elle estime que les changements doivent se faire selon le principe de la Qiwama. «Le Coran en parle et il faut rester fidèle à ce texte, mais sans pour autant dévaloriser la femme par des comportements et des agissements violents et irrespectueux». Et ce sont ces mêmes principes que Saloua dit avoir inculqués à ses trois fils. Ils sont ingénieur, designer et médecin. «Je suis fière de mes enfants, leur éducation a nécessité beaucoup de sacrifice et une organisation pointue de la vie de famille, étant donné que mon travail est très prenant». Elle ne manque pas de souligner le soutien de son mari, enseignant, qui ne s'est jamais opposé à la reprise de la boucherie paternelle.