A 42 ans, l'artiste revient sur scène avec son nouveau spectacle «Je n'ai jamais été aussi vieux». Retour sur sa carrière, entre maturité et regrets de l'insolence de ses 20 ans. Il est auteur, comédien, humoriste. Il a plusieurs casquettes et celle qui lui va le mieux est certainement celle de la scène. Pierre Palmade fait partie de la première stand up génération française. Son écriture rapide mais originale, pas toujours soignée (sauf lorsqu'il écrit avec Muriel Robin) n'a pris aucune ride. A 42 ans, l'artiste n'a jamais été aussi vieux ! C'est ce qu'il clame dans son nouveau spectacle au titre très révélateur. Dans ce nouveau one man show qui a été présenté le 15 décembre dernier à Casablanca et la veille à Rabat, Palmade se moque avant tout de lui-même, de son âge, de son ignorance, s'épanche sur sa vie privée. Il parle de son intérêt pour les petits plaisirs de la vie et de son désintéressement des choses importantes, notamment dans un très bel interlude politique, où il joue le rôle d'un candidat à la présidentielle, rassurant ses électeurs en leur avouant qu'il n'a aucun projet politique à leur proposer. L'humour de Palmade est ainsi, il est spontané, ses textes ne sont pas toujours aboutis, souvent d'écriture inégale. Je n'ai jamais été aussi vieux s'inscrit dans cette continuité. Il est écrit un peu trop rapidement, émaillé de lenteurs mais l'humoriste a tout de même séduit son public car il y avait aussi une bonne dose d'humour et d'inattendu. Toutes les imperfections chez Palmade sont mises au premier plan, comme s'il n'avait pas besoin de les cacher, sa fragilité est toujours apparente. «Je n'ai pas un plaisir d'auteur comme un écrivain qui écrit des livres. Mais j'écris vite pour que ça soit joué, je n'ai rien qui dort dans les tiroirs. Ça m'arrive même de louer un théâtre avant de finir d'écrire, ça me donne l'excitation nécessaire pour avancer», confie-t-il. Une frêle silhouette et une grande présence scénique, c'est aussi cela le mystère de cet humoriste. Un homme qui depuis l'âge de 20 ans n'a jamais cessé de jouer, d'écrire. «Je joue parce que d'abord je suis inculte. Je ne connais pas beaucoup le théâtre. J'aime l'idée que rien n'a été fait avant moi et que c'est moi qui invente tout. Mon inculture me donne de l'inspiration. Je crois que si je lisais les autres, j'aurais peut-être plus peur», avoue le comique. La sincérité de l'artiste touche, déconcerte, Palmade est un homme sans prétention, qui ne triche pas. Mais cela ne suffit pas pour avoir le succès qu'il a eu très jeune. La réponse, il faudrait aller la chercher du côté de l'artiste. «Le talent des autres me donne du talent. Pour moi, c'est comme une locomotive, j'ai envie de mettre du charbon dedans pour qu'elle avance plus vite et qu'elle continue à me faire rire. Je suis plutôt un bon spectateur avant d'être un bon artiste». Le spectateur Palmade a tout de même obtenu une haute distinction officielle, il est Chevalier d'ordre du mérite depuis 2005. «J'aime bien savoir qu'on ne me déteste pas en haut lieu mais je n'aime pas m'approcher du soleil, je préfère garder une bonne distance. Je ne suis pas un artiste», insiste-il. Celui qui, en 2004, joue le rôle de Yann dans Au secours, j'ai trente ans de Marie-Anne Chazel, revient en 2010 avec Je n'ai jamais été aussi vieux. L'âge deviendrait-il une obsession pour l'auteur ? «Certainement pas», s'en défend-il mais ce n'est pas non plus un hasard ! «Quand j'ai commencé à jouer, j'avais 20 ans et mon âge épatait. On disait, il n'a que 20 ans ! Il n'a que 20 ans ! Alors j'ai cru que ça faisait partie de mon talent. Et plus le temps passe et plus je suis plus agacé de ne plus avoir cette insolence du jeune âge. A part ça, c'est encore agréable de murir !». Si Palmade n'a jamais été aussi vieux, il a aussi une longue carrière derrière lui, passant tour à tour du théâtre au cinéma. Cependant, l'écriture a toujours été une constante. «Le rôle d'auteur c'est ma casquette la plus solide. J'ai l'impression que je tape juste mais le comédien a mis plus de temps à évoluer», avoue-t-il. L'humoriste écrit pour ses propres spectacles mais aussi pour les autres et avec deux procédés différents. «J'écris plus facilement pour les autres. Avec Muriel Robin par exemple, j'amenais l'idée parce que je la voyais dedans.Encore une fois, le spectateur que j'étais aimait la voir. Je lui prêtais mes jeux pour qu'elle joue avec. J'y trouve mon compte. Narcissiquement, je fais en sorte que les gens sachent que c'est moi qui écris. Je ne veux pas être discrètement auteur. C'est important pour moi la reconnaissance. Je l'assume». Le spectacle, Les majorettes se cachent pour mourir, qu'il écrit pour Muriel Robin remporte un Molière, ainsi que le spectacle Un point c'est tout, qui reçoit un succès équivalent. D'autres événements viennent s'ajouter à sa vie pour satisfaire son ego. En 2005, il met en scène deux jeunes comédiens dans Ils jouent Palmade où il a repris sur la scène du Point-Virgule quelques textes de son début de carrière. «C'était deux fans, explique-t-il, c'était expérimental, certains de mes sketchs étaient utilisés en conservatoire pour passer des petites scènes…encore une fois je n'écris vraiment que pour jouer. Je n'ai pas la prétention d'être auteur mais j'aime bien exister dans le paysage des humoristes. Quand j'écris, j'essaye d'imaginer que les gens rient».En revanche, dans le cinéma, malgré quelques rôles, l'acteur Palmade ne décolle pas. «Ce n'était pas un rêve d'enfance», justifie-t-il simplement. Ce qui l'accroche le plus, c'est la scène, c'est d'être face à un public, dans l'obscurité. «Sur scène, je me sens utile, je suis assez épaté par les films mais je ne me sens pas utile. La première fois sur scène, je me suis senti protégé de tout, je pouvais être moi-même, je me trouvais beaucoup plus séduisant. Je ressens que tous les gens qui sont différents à l'entrée du spectacle deviennent frères dans le noir». Il y a quelques années, Palmade ne faisait pas la route tout seul. Il coécrivait ses textes avec Muriel Robin. «A l'époque quand on s'est rencontré on était des jumeaux, des siamois. Je commençais à peine une phrase et elle la finissait. On avait le même sens du rythme. On a beaucoup écrit sur les gens autoritaires et on s'en est moqué». C'est ainsi qu'a commencé une aventure qui a atteint la vitesse grand V, lorsque Michèle Laroque rejoint les deux artistes. Avec Ils s'aiment, le succès ne se fait pas attendre. Il s'ensuivra Ils se sont aimés. «Avec Michèle Laroque, au départ, on avait prévu de faire intervenir plusieurs couples et on avait même prévu de changer de prénoms mais pour les gens c'était toujours le même. On était un couple, très très crédible d'ailleurs. Personne ne croyait à mon vrai couple avec Véronique Sanson mais on croyait à celui que j'avais créé avec Michèle. D'ailleurs, on va rejouer dans un an (toujours avec Michèle Laroque), un troisième volet sur le couple avec des situations invraisemblables… On cherche le titre». Malgré le succès, c'est en solo que l'humoriste français continue son chemin et il le fait bien. Palmade continue aussi d'écrire pour les autres. Il donne rendez-vous aux téléspectateurs avec un nouveau programme, Le grand restaurant, où il fait intervenir de célèbres comédiens français avec des textes qu'il a écrit. «J'écris pour chacun de façon différente, j'entends leurs voix, leurs rythmes. J'ai toujours besoin de savoir qui va dire mes mots». Les mots de Palmade continuent de voyager, en attendant son prochain retour au Maroc !