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Guerre des monnaies : comment la Chine tient en otage l'économie mondiale
Publié dans La Vie éco le 15 - 11 - 2010

Le bras de fer entre les Etats-Unis et la Chine sur la parité de leurs devises risque de se transformer en guerre commerciale.
La Chine assouplit sa monnaie pour gagner en compétitivité à l'export et l'Amérique injecte massivement des dollars pour réduire sa dette et relancer sa croissance
La reprise mondiale est menacée et les fonds spéculatifs se tournent dangereusement vers les pays émergents.
Depuis quelques semaines, plus personne n'hésite à employer un vocabulaire guerrier pour décrire les tensions qui animent les relations économiques internationales, que ce soit les commentateurs spécialisés ou les officiels eux-mêmes. La plupart des grands pays s'accusent de manipuler leurs monnaies, ou encore de créer de graves déséquilibres dans les échanges internationaux.
En effet, les variations des taux de change sont plutôt brutales ces derniers temps. Depuis le début de l'été, le dollar a commencé à baisser fortement face à la plupart des monnaies mondiales, mais aussi face aux devises des pays émergents comme le Brésil, l'Afrique du Sud, l'Inde ou la Corée du Sud. L'euro connaît également de très fortes variations. La baisse du dollar a eu pour effet de propulser à la hausse la devise européenne, qui atteint actuellement un niveau proche de 1,40 dollar.
Les Etats-Unis bataillent contre le yuan chinois
L'origine de ces mouvements pour le moins exceptionnels et des tensions qu'ils suscitent est multiple. Le principal conflit réside dans l'affrontement entre les Etats-Unis -soutenus par l'Europe- et la Chine : Washington exige de Pékin une appréciation du yuan chinois afin de réduire son déficit commercial avec la Chine. Mais les Etats-Unis sont eux-mêmes accusés d'affaiblir volontairement leur devise pour gagner en compétitivité. Conséquence de ces manipulations : le Japon, l'Europe et de nombreux pays émergents risquent de voir la reprise de leur croissance -à travers leurs exportations- étouffée par la hausse de leur monnaie, et cherchent désormais des armes économiques et monétaires pour répliquer.
Les discussions entre Washington et Pékin ont pris dernièrement une tournure plus radicale, au risque d'envenimer les relations entre les deux plus grandes puissances économiques du monde. Déjà, en avril dernier, lors de la publication d'un rapport officiel sur les régimes de change internationaux, le Congrès américain avait demandé à ce que la Chine soit officiellement cataloguée dans le rang des pays qui «manipulent le taux de change entre leur monnaie et le dollar, afin d'obtenir un avantage compétitif déloyal dans le commerce international». Mais le Trésor américain a décidé d'éviter cet impair diplomatique, qui aurait sûrement modifié profondément les rapports entre les deux pays.
Il faut savoir que depuis 2008, le gouvernement de Wen Jiabao maintenait un taux de change fixe du yuan à 6,83 dollars. Mais au mois de juin 2010, le gouvernement chinois a autorisé une flexibilité de sa devise, qui pouvait dès lors fluctuer, de façon maitrisée, par rapport aux autres monnaies. Si cette décision a été accueillie favorablement, ses résultats concrets sont loin de satisfaire les pays qui n'arrivent plus à exporter en ces temps de crise, et qui présentent un large déficit commercial avec la Chine.
L'Europe s'en mêle
Ce conflit des devises, qui oppose les Etats-Unis à l'Empire du milieu, a pris une tournure plus internationale récemment lorsque l'Europe a commencé à joindre sa voix à celle des Américains. Jean-Claude Juncker, chef de file des ministres des finances de la zone euro, ainsi que Jean-Claude Trichet, président de la Banque Centrale Européenne, ont déclaré après avoir rencontré le Premier ministre chinois, Wen Jiabao, que «le taux de change réel de la devise chinoise restait sous-évalué», et qu'ils demandaient une «réévaluation ordonnée, globale et significative du yuan». Malgré cette sortie, de nombreux officiels européens restent mesurés lorsqu'il s'agit de critiquer la Chine publiquement. La principale raison en est que les plus importantes compagnies européennes ont effectué d'énormes investissements en Chine, en construisant notamment des unités de production. Et ces usines, qui exportent leurs produits partout dans le monde, bénéficient elles aussi d'un yuan faible.
Les autorités chinoises, probablement lassées de tant de critiques, répètent inlassablement le même discours : «Si le yuan devient instable, cela conduirait à un désastre, pour la Chine et pour le reste du monde». En effet, si la devise chinoise était brusquement réévaluée de 20% ou 40% comme de nombreux pays le demandent, il est évident que de nombreuses usines devraient fermer, et que d'importants troubles sociaux en découleraient.
La principale demande de la Chine auprès de l'Europe est de bénéficier du statut d'«économie de marché», ce qui empêcherait les pays européens de dresser des barrières douanières contre les produits chinois bon marché, comme cela a été le cas récemment pour les chaussures et de nombreux produits en aluminium et en acier.
Les réserves chinoises en dollar n'ont jamais autant progressé
Mais quel est le mécanisme qui permet de maintenir la devise chinoise à un niveau bas ? Le principe est simple : la Chine, grâce à ses exportations massives, enregistre d'importantes rentrées de dollars. Au lieu de les recycler dans son économie, ce qui ferait grimper sa devise et créerait de l'inflation, elle les utilise en grande partie pour acheter des bons du Trésor américain, qui viennent gonfler ses réserves internationales de change. Mais ce n'est pas tout. La Chine augmente également ses réserves de change lorsque sa Banque centrale achète des devises et vend sa propre monnaie sur le marché des changes. Tout ceci fait que l'augmentation de ses réserves est un excellent indicateur de la politique gouvernementale visant à limiter l'appréciation du yuan. Et cet indicateur est plutôt clair en ce moment : les réserves de devises étrangères chinoises ont atteint le montant astronomique de 2 648 milliards de dollars à la fin du mois de septembre. Ceci en fait de très loin les réserves les plus importantes du monde. Mais plus encore que le montant absolu, c'est le rythme de l'accumulation qui est le plus spectaculaire : elles ont augmenté de 194 milliards de dollars lors du troisième trimestre de cette année, soit la plus importante progression trimestrielle jamais enregistrée. Selon les économistes, cette hausse record est due à la fois aux interventions de la Banque centrale, au fort rebond du surplus de la balance commerciale, mais aussi à la baisse récente du dollar, qui mécaniquement augmente la valeur des réserves détenues dans les autres devises comme l'euro ou le yen japonais. Avec une telle hausse des réserves, il devient difficile pour la Chine de nier que ses politiques d'intervention ont des conséquences importantes pour les équilibres économiques internationaux.
La politique monétaire américaine pointée du doigt
Si la plupart des pays s'accordent à pointer du doigt la devise surévaluée de la Chine, cette dernière ne manque pas de critiquer elle aussi la forte augmentation de la dette publique et le laxisme des politiques monétaires des pays développés. Et il faut dire que ses arguments sont fondés. Les Etats-Unis, et dans une moindre mesure la Grande- Bretagne, partagent une situation difficile : ils ont tous les deux une devise indépendante, et les comptes sont dans le rouge, que ce soit la balance commerciale ou le Budget de l'Etat.
La mise en place de mesures d'austérité permet de régler les problèmes de déficit budgétaire. Cependant, réduire le déficit commercial passe obligatoirement par une dévaluation de leurs devises, spécialement contre le yuan. Et si les Etats-Unis ne sont pas directement intervenus pour dévaluer leur monnaie, ils disposent d'une arme tout aussi efficace, et qui aboutit aux mêmes effets : la politique de quantitative easing. Cette technique consiste pour une Banque centrale à créer de la monnaie pour ensuite l'injecter dans l'économie. La Banque centrale achète alors massivement des actifs financiers, souvent d'ailleurs ses propres bons du Trésor, dans le but d'inonder le marché de liquidités et de faire baisser les taux. L'objectif final est de stimuler la consommation et l'investissement dans le pays, et ainsi de relancer la croissance. Cependant, cette technique a un effet indirect dangereux : un afflux aussi massif de liquidités entraîne de fait une dévaluation de la devise. Depuis la crise financière qui a frappé le monde en 2008, de nombreux pays ont eu recours à cette méthode.
Les Etats-Unis, confrontés à un ralentissement de leur économie en 2010, ont indiqué depuis septembre dernier qu'ils allaient recourir une nouvelle fois à l'arme du quantitative easing. Le 4 novembre, la Réserve fédérale américaine a décidé de lancer un nouveau programme d'assouplissement monétaire de 600 milliards de dollars. L'annonce a amplifié la tendance baissière du billet vert face aux principales devises, et les officiels du monde entier n'ont pas hésité à critiquer cette décision.
Ruée des capitaux vers les pays émergents et risque de surchauffe
Cette politique monétaire agressive des Etats-Unis est la cause d'importantes distorsions dans l'économie mondiale. Et les principales victimes en sont les pays émergents, qui commençaient tout juste à renouer avec une croissance forte. En effet, la forte chute du dollar et les perspectives de baisses des taux de rendement américains ont entraîné un afflux massif de capitaux vers les pays émergents : la plupart des investisseurs se précipitent vers l'Amérique Latine ou l'Asie à la recherche de rendements plus élevés qu'aux Etats-Unis ou qu'en Europe. D'habitude, ces investisseurs sont accueillis à bras ouverts, mais la situation est désormais différente. Ces flux de capitaux sont en très grande partie spéculatifs. Mais, surtout, ils entraînent une forte appréciation de la devise du pays d'accueil, ce qui dégrade sa compétitivité. Ces pays, «victimes collatérales» de la guerre des devises, ont, pour certains, décidé d'entrer dans le conflit, en imposant un contrôle des changes, en vendant leur propre monnaie contre des devises étrangères, ou encore en imposant de nouvelles taxes sur les investissements étrangers.
Le Brésil a ainsi doublé sa taxe sur les achats d'obligations locales, et la Thaïlande a annoncé une retenue de 15% sur les acheteurs étrangers de sa dette. Si la tension est palpable, et que de nombreuses escarmouches ont lieu, on ne peut parler réellement de guerre ouverte des monnaies pour l'instant. Et c'est heureux, puisqu'une course effrénée et générale à la dévaluation compétitive pourrait avoir des conséquences désastreuses pour le monde entier. Aussi, en préparation de la réunion du G20, qui a débuté le 11 novembre à Séoul, les ministres des finances se sont rencontrés les 23 et 24 octobre pour discuter des politiques de change, mais aussi et surtout pour tenter de calmer les tensions entre partenaires commerciaux. Pour la première fois, ils ont réussi à s'accorder sur une déclaration commune, qui reprend les éléments de langage des précédentes réunions de Londres et Toronto. Mais le texte ne contient pas de mesures concrètes. Il donne simplement des pistes de travail pour la réunion en cours des leaders du G20, et prend le soin de ménager la susceptibilité de la Chine.


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