Le ministre, visiblement en veille permanente, scrutant le moindre fait et geste du joueur, aurait constaté depuis plusieurs années une lente, mais sure, dérive des prises de position du malheureux vers un islam dur, rigoriste, caractéristique de l'idéologie frériste. Suivez La Vie éco sur Telegram Un scénariste est en train de finaliser une histoire qu'il voudrait traduire en film. C'est l'affaire d'un ministre plus externe qu'interne contre un joueur qui s'est laissé pousser la barbe. Le ministre de l'impulsivité, qui semble avoir réglé tous les problèmes «internes», s'est tellement acquitté de son devoir qu'il a eu le réflexe d'épingler un tweet hyper dangereux. Une grande menace sur la paix mondiale. A cheval sur les fondements de sa république, il ne peut pas laisser passer ce paragraphe dévastateur. Il se demande ce que fait un footballeur à tweeter une opinion politique et que, quand il le fait, il le fait de façon sélective. Il en déduit donc que ça cache quelque chose et qu'il faudrait être naïf pour ne pas le voir. Un texte de scénario vraiment hard, que même des spécialistes de l'islamophobie n'auraient jamais réussi à formuler. Mais le ministre interne est l'ami d'un ami lauréat d'Al Azhar. D'où la «fatwa» de retirer le Ballon d'or au joueur coupable d'un tweet apostat. D'ailleurs le ministre, visiblement en veille permanente, scrutant le moindre fait et geste du joueur, aurait constaté depuis plusieurs années une lente, mais sure, dérive des prises de position du malheureux vers un islam dur, rigoriste, caractéristique de l'idéologie frériste, entendez «khwanjia». Non, il n'a pas outrepassé ses prérogatives. C'est juste que tous les problèmes (du moins internes) du pays sont réglés. Plus de gilets marrons, plus de grèves, plus de chômage, plus de répercussions des rejets successifs des alliés traditionnels, plus de guerre en Ukraine, aucun problème d'énergie ni de sécheresse et encore moins d'invasion de petites bestioles... Il faut savoir qu'on parle d'un pays «berceau des libertés», où même les animaux ont des droits, y compris celui de s'exprimer. Sauf que le principe de liberté d'opinion est très vaste de sens. Défendre ce principe n'empêche apparemment pas d'être en même temps opiniâtre, d'user de l'instrumentalisation... Bref l'histoire risque de foirer, car le scénariste et l'équipe de tournage sont encore au niveau littéral de l'article 19 de la Déclaration universelle des droits de l'homme.