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Badra Gaaloul : « L'Etat tunisien est plus fort que jamais »
Publié dans L'observateur du Maroc le 02 - 10 - 2021

L'Observateur du Maroc : Quel est votre commentaire par rapport à la nomination de Badra Bouden comme première Première ministre en Tunisie ?
Badra Gaaloul : C'est un honneur pour la femme tunisienne, et d'une manière plus globale pour la femme arabe, qu'une femme est désignée à ce poste. Surtout que la nomination de Mme Badra Bouden intervient dans des circonstances particulières. La Tunisie vit aujourd'hui une situation exceptionnelle. Notre pays est en passe de corriger la mauvaise trajectoire où il était confiné durant la décennie noire pour avancer dans la bonne direction. La Tunisie recouvre désormais son indépendance et retrouve sa place de leader dans le monde arabe en matière d'égalité hommes-femmes.
Comment s'est porté le choix du Président spécifiquement sur Najla Bouden ?
Le Président Kaïs Saïed a nommé Najla Bouden au vu de son expertise qui va lui permettre d'être à la hauteur de la lourde responsabilité qui est désormais la sienne. Son CV parle pour elle (lire portrait). Certes, la situation n'est pas facile à cause de l'enracinement des forces malfaisantes des «khwanjia» (fréristes, en référence aux lieux ombilicaux entre islamistes tunisiens et les frères musulmans, ndlr) et des mafias du business et de la politique dans l'administration et dans les différents appareils de l'Etat, mais nous affirmons en toute confiance que la femme tunisienne est capable de piloter cette phase décisive. L'Histoire de la Tunisie regorge d'exemples de femmes battantes ayant fait preuve d'un extraordinaire leadership. Nous souhaitons à Mme Najla Bouden plein succès dans sa mission de former le nouveau gouvernement qui sera forcément resserré.
Quand vous dites que le gouvernement sera resserré, cela voudrait-il dire que le Président a déterminé un nombre précis de ministres ou la liste des ministrables à proposer serait plutôt ouverte ?
Le gouvernement attendu ne sera pas classique et donc la liste ne sera pas ouverte. Le Président a chargé Mme Bouden de former la nouvelle équipe gouvernementale au cours de cette semaine. Elle sera constituée en plus des ministres que proposera la Première ministre et que nommera le chef de l'Etat, de Secrétaires d'Etat que nommera le Président directement. Les prérogatives des uns et des autres sont clairement indiquées dans le décret présidentiel numéro 117. Bien entendu, la formation du gouvernement se fera en étroite concertation entre le Président et la Première ministre. Ce qui est sûr, c'est que le nombre des ministres du nouveau gouvernement sera réduit et les secrétaires d'Etat y seront majoritaires.
Est-ce que d'autres noms que celle de Najla Bouden étaient proposés au Président pour le poste de Premier ministre ?
Il y avait bien sûr d'autres noms. Mais au-delà des noms, il y avait surtout des critères précis ayant été définis pour que le poste stratégique de Premier ministre soit tenu par la bonne personne. Les principaux critères sont la compétence, l'intégrité, le sérieux et le dévouement pour la patrie. Parmi les candidats, il y avait notamment l'ancien ministre de l'Intérieur, Taoufik Charfeddine. Il y avait aussi l'ancien ministre de la Justice, Mohamed Salah Ben Aïssa, qui fait partie du groupe se penchant actuellement sur la réécriture de la constitution. Plusieurs autres noms étaient proposés et Mme Najla Bouden n'en faisaient pas partie.
Le Président tunisien Kaïs Saïed recevant dans son bureau Najla Bouden, mercredi 29 septembre, jour de sa nomination au poste de Première ministre en charge de former le nouveau gouvernement
La nomination de Najla Bouden résulterait donc d'un choix strictement personnel du Président Kaïs Saïed ?
En effet, c'est un choix personnel de monsieur le Président.
Peut-on considérer que la nomination de Najla Bouden au poste de Premier ministre en charge de former le nouveau gouvernement est le début de la fin de l'état d'exception que vit la Tunisie depuis le 25 juillet dernier ?
Monsieur le Président l'a bien précisé, le nouveau gouvernement devant être proposé incessamment est appelé à gouverner le pays durant une phase transitoire qui peut s'étaler sur 1 an et demi, voire deux ans au maximum. En tout cas, cette phase durera plus d'une année, c'est sûr. Durant cette phase, d'importantes décisions seront prises pour mettre la Tunisie sur les bons rails.
Le nouveau gouvernement qui sera donc de transition, comme vous venez de l'expliquer, sera-t-il chargé juste de gérer les affaires courantes ou sera-t-il appelé à prendre des décisions déterminantes pour l'avenir de la Tunisie ?
C'est sûr que le gouvernement aura à gérer les affaires courantes, mais elle aura également à prendre des mesures décisives pour l'avenir du pays. Les deux missions sont indissociables.
Le Président Kaïs Saïed vient de donner un signal fort en nommant Najla Bouden Première ministre, est-ce qu'on pourrait s'attendre à un gouvernement respectant la parité femmes-hommes ?
Encore une fois, la principale condition clairement indiquée par monsieur le Président est celle des mains propres, en plus bien sûr de la compétence qui est un critère primordial.
Revenons-en aux critères concernant les futurs ministres. Est-ce que le Président a effectivement exigé que ceux-ci doivent être choisis obligatoirement en dehors des partis formant l'échiquier politique en Tunisie ?
Je confirme. Les futurs ministres ne doivent pas avoir adhéré à un quelconque parti ou organisation ayant contribué, de près ou de loin, dans ce qu'il s'était passé durant la décennie noire. La consigne a été donnée pour que le choix se limite à des personnes propres, comme on dit dans notre langage courant en Tunisie. Le Président avait clairement déclaré, lors de sa dernière visite à Sidi Bouzid, que le pays allait rompre avec le système dépravé qui allait le détruire. Le mot d'ordre est désormais le travail. Comme n'a de cesse de le rappeler monsieur le Président, tout le monde doit savoir que le système a totalement changé en Tunisie.
Il n'y a donc plus de place dans la nouvelle ère qui s'ouvre dans le pays ni à ceux qui avaient la bénédiction d'Ennahda et de ses dérivés, ni à la mafia politique, ni à la mafia économique.
Quel est votre commentaire par rapport aux voix qui s'élèvent ici et là, exprimant des craintes de voir le Président Kaïs Saïed dériver vers une dictature présidentielle ?
(Badra Gaaloul rit, avant d'enchainer). De telles manœuvres désespérées font vraiment rire. Comment ces gens peuvent-ils craindre une dérive dictatoriale pour la Tunisie alors qu'eux-mêmes faisaient partie de la décennie de dictature dont souffrait le pays ?
Je leur rappelle que monsieur le Président a déjà bien expliqué qu'il ira jusqu'au bout dans ses réformes. Certaines mauvaises langues laissent entendre qu'il a procédé à un putsch le 25 juillet. Or, le chef de l'Etat n'a fait qu'appliquer, à la lettre, le chapitre 80 de la constitution que certains de ses détracteurs ont eux-mêmes rédigés. Comment oserait-on parler de la dictature alors qu'aucun des dirigeants d'Ennahda, notamment, n'a été emprisonné ? Pourtant, ils traînent de lourds dossiers dont ils finiront par répondre devant la Justice quand les organes judiciaires se seront remis au travail après les changements nécessaires.
Comment oserait-on parler de dictature alors que la liberté de manifester est garantie pour toute et pour tous, à commencer par ceux-là qui critiques les mesures présidentielles ? Pourtant, on sait que ces derniers ont dépensé des sommes colossales pour faire sortir les gens dans la rue et ont même poussé certains manifestants à insulter le Président. N'oublions pas non plus que ceux-là mêmes qui ont amené la Tunisie vers la profonde crise socio-économique où elle se trouve aujourd'hui multiplient les sorties dans les médias pour diffamer le Président, sans qu'ils ne soient inquiétés par respect de la part de la part de la présidence de la liberté d'expression.
Pire, on sait bien que ces gens sont allés jusqu'à payer des firmes de lobbying pour pousser certains pays dont les Etats-Unis à faire pression sur la présidence tunisienne et rien n'a été entrepris à leur encontre. Où est la dictature dans tout cela ? C'est de la divagation.
Les fausses allégations sont l'œuvre de ceux qui ont peur pour leurs prébendes. Ils ont peur de devoir répondre de leurs actes devant la Justice. Eux qui ont notamment fait acheminer des jeunes vers des zones de conflits, entre autres.
Badra Gaaloul
Et justement, est-ce que les personnes dont vous parlez finiront par être poursuivies ou la Tunisie pourrait s'acheminer vers une sorte de réconciliation nationale ?
(Badra Gaaloul rit de nouveau). La décision appartient à la présidence de la république. Mais, vous savez pourquoi certains soutiens du Président le critiquent aujourd'hui ? Parce que, justement, ces personnes, qui sont connues pour leurs méfaits à l'encontre de la patrie, n'ont pas été inquiétées jusqu'à présent. D'ailleurs, pour cette même raison, la cote de popularité du Président a baissé de 95% à 92%, selon certains sondages. Cet indicateur et les nombreux appels lancés à travers les médias et les réseaux sociaux montrent clairement que le peuple veut faire juger ces gens et ils seront jugés.
Est-ce qu'il n'y aurait pas de risque pour la Tunisie de dériver vers des actes de violence de la part de ceux qui s'opposent aux décisions présidentielles ?
L'Etat tunisien est plus fort que jamais. Elle n'y a aucune crainte à ce sujet. Nous savons bien comment les ennemis du changement opèrent. Nous connaissons pertinemment leurs pratiques mafieuses.
Mais l'Etat ne craint personne et affrontera légalement quiconque enfreint ou ayant enfreint ses lois.
L'Etat recouvre désormais sa souveraineté grâce à la lutte de longue haleine menée par ses loyaux patriotes qui ont milité, pendant de longues années pour que cet objectif soit atteint. Ils continueront à le faire en toute abnégation en faisant barrière contre toutes les forces malfaisantes qui leur avaient fait subir les pires exactions sans jamais pouvoir les décourager.
Quelles sont les étapes devant suivre la nomination du nouveau gouvernement ?
Le travail, puis le travail et encore le travail pour éradiquer la corruption et les maux qui rongent le pays. C'est surtout sur ce point qu'a insisté le Président en annonçant la nomination de la Première ministre. Donc, l'administration, les ministères et toutes les institutions et appareils de l'Etat devront être assainis pour faire sortir le pays de la crise socio-économique profonde qu'il vit actuellement. N'oublions pas les risques terroristes auxquels fait face la Tunisie du fait de sa proximité avec la Libye. Pour résumer, il y a trois dossiers importants qui sont prioritaires. Le premier est relatif à l'économie, le deuxième au social et le troisième à la sécurité.
Quid des réformes institutionnelles ?
La Tunisie va bien se préparer pour les prochaines élections législatives dont sera issu le nouveau parlement « Made in Tunisia ». Celui-ci n'aura rien à voir avec l'ancien où siégeaient des intrus venus détruire le pays. D'ici là, un référendum est prévu pour l'approbation des amendements devant être apportés à la constitution de 2014. La loi électorale sera également révisée et tout le système politique du pays avec. C'est ce qui permettra à la Tunisie de devenir réellement un Etat de droit et des institutions et d'instaurer la troisième république.
Quelle est la vision du Président Kaïs Saïed concernant le Grand Maghreb ?
En tant que Tunisiens, nous sommes fiers de notre appartenance à cette région à laquelle nous sommes liés par une profondeur historique indéniable. Le Président est attentif à la coopération régionale et il ouvrira certainement, en temps opportun, de nouveaux chapitres dans le cadre de cette coopération aussi bien avec le Maroc, qu'avec les autres pays maghrébins frères.
Lire l'intégralité du dossier spécial : La Tunisie d'abord !
Le Président tunisien Kaïs Saïed a surpris son monde en désignant une femme pour la formation du nouveau gouvernement...
Posted by L'Observateur du Maroc et d'Afrique on Friday, October 1, 2021


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