Première dame à occuper le poste dans un pays plongé dans une crise économique et politique, Najla Bouden Ramadan a été chargée par Kaiss Saïed de former un nouveau gouvernement. Najla Bouden Ramadan au poste de Premier ministre, devient ainsi la première femme à occuper ce poste en Tunisie. Une nomination qui intervient deux mois après que le président a limogé le gouvernement précédent et gelé les activités du Parlement avant de cumuler le pouvoir exécutif et législatif, dans une démarche que ses opposants ont qualifiée de coup d'Etat, tandis que Saïed a déclaré qu'il a agi pour sauver le pays de l'effondrement. Le communiqué indique que le président «a assigné... Mme Najla Bouden, épouse Ramadan, pour former un gouvernement, et ce dès que possible». Najla Boudin Ramadan, 63 ans, professeure de l'enseignement supérieur à l'Ecole nationale supérieure d'ingénieurs de Tunis, spécialisée en géosciences, est actuellement en charge de la mise en oeuvre d'un plan de mise en oeuvre des programmes de la Banque mondiale au ministère de l'Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique. La lutte contre la corruption comme priorité La présidence tunisienne a publié une vidéo de Saied recevant Mme Bouden dans son bureau et la chargeant de former un nouveau gouvernement pour le lui présenter «dans les prochaines heures ou jours». Kaiss Saied a insisté à plusieurs reprises sur le caractère «historique» de la nomination d'une femme pour la première fois pour diriger le gouvernement en Tunisie. «C'est un honneur pour la Tunisie et un hommage à la femme tunisienne». La principale mission du futur gouvernement sera «de mettre fin à la corruption et au chaos qui s'est répandu dans de nombreuses institutions de l'Etat». Le décret présidentiel du 22 septembre est venu officialiser le coup de force du 25 juillet du président Kais Saied par lequel il s'est arrogé les pleins pouvoirs, après avoir limogé le Premier ministre, gelé le parlement et avoir repris en main aussi le pouvoir judiciaire. Le 25 juillet (juillet) dernier, Saïed a annoncé des mesures exceptionnelles selon lesquelles il a gelé les travaux du Parlement et limogé le Premier ministre, Hisham Al- Meshishi, et a personnellement assumé le pouvoir exécutif dans le pays. Il a fondé ses décisions sur l'article 80 de la Constitution de 2014, qui autorise le président de la République à prendre des «mesures exceptionnelles » s'il existe un «danger imminent» menaçant le pays. Les décisions de Saïed ont été largement saluées par les Tunisiens, et beaucoup d'entre eux sont sortis pour célébrer dans les rues à la veille de son annonce. Ses décisions ont été saluées, notamment après avoir imposé des interdictions de voyager ou d'assignation à résidence à de nombreuses personnalités, hommes politiques et hommes d'affaires, ainsi que l'arrestation et la poursuite de parlementaires après la levée de leur immunité parlementaire. La semaine dernière, le président a rendu des décisions dans lesquelles il a renforcé ses pouvoirs aux dépens du gouvernement et s'est accordé le pouvoir de légiférer par décret présidentiel, ce qui a fait craindre qu'il cherche à passer à un système présidentiel en modifiant la constitution de 2014. Inquiétudes et critiques Les mesures prise par Saïed ont également été rejetées et critiquées par un certain nombre de partis et de groupes qui les considéraient comme un coup d'Etat contre la constitution, dirigé par le Parti de la Renaissance islamique, qui occupe le plus grand bloc parlementaire du parlement gelé. Quelques milliers de Tunisiens ont manifesté dimanche, invoquant le slogan «légitimité électorale», et dénonçant «le monopole du pouvoir aux mains d'un seul homme». Les décisions de Saïed sont intervenues dans la nuit du 25 juillet, à la suite d'une crise politique, économique et sociale qui a touché les citoyens et les a poussés à manifester, exacerbée par la propagation de l'épidémie de Corona dans le pays et l'incapacité du gouvernement à y faire face.
Une coalition de quatre partis pour «empêcher l'effondrement de l'Etat» Quatre partis tunisiens ont annoncé, mardi, la formation d'une coordination contre « les mesures d'exception » prises par le Président du pays, Kaïs Saïed, avertissant que les décisions présidentielles risquent de faire sombrer le pays dans le chaos, la guerre civile et précipiter l'effondrement de l'Etat. L'annonce a été faite lors d'une conférence de presse à Tunis, organisée par les formations politiques du « Courant démocrate », « Afek Tounes », « Le Parti Républicain » et le « Forum démocratique pour le travail et les libertés ». Le secrétaire général du « Courant démocrate », Ghazi Chaouachi, a déclaré que la coordination est composée de ces quatre partis et portera le nom de « Coordination des Forces Démocratiques ». « Cette coordination vise à soutenir toutes les voies de réforme, parvenir à la stabilité politique, réaliser la justice sociale en Tunisie, et servir les intérêts de notre pays », a indiqué Chaouachi. Pour atteindre ses objectifs, la coordination entend recourir à des actions politiques et en mener d'autres sur le terrain, selon la correspondante de l'Agence Anadolu. Chaouachi a averti que les décisions de Saïed pourraient « torpiller la transition démocratique et provoquer l'effondrement de tous les piliers de l'Etat tunisien ». Des voix critiques disent que les décisions de Saïed ont renforcé les pouvoirs de la Présidence au détriment du Parlement et du gouvernement, car le locataire de Carthage veut faire pencher la balance en faveur du système présidentiel en tant que régime politique.