151 000 bénéficiaires des colonies de vacances cette année, encadrés par 350 associations. 111 810 MDH, c'est le budget qui leur est consacré cette année. La réservation des billets se fera par le biais de Supratours à partir de la saison prochaine. Les prix varient de 250 à 990 DH, selon l'à¢ge des vacanciers et le type d'animation dans les colonies. L'expérience de l'externalisation de l'alimentation a finalement été abandonnée. Ils seront 151 000 enfants et jeunes à bénéficier de l'opération «Colonies de vacances pour tous» cette année. Le coup d'envoi a été donné le 1er juillet et le programme s'étalera sur deux mois. En tout quatre périodes de quinze jours sur les différents centres d'estivage éparpillés un peu partout au Maroc. L'année dernière, la période n'a été que de 12 jours, et la durée du programme plus courte, le ministère de la jeunesse et des sports (MJS), dirigé à l'époque par Nawal El Moutawakkil, avait jugé plus commode d'écourter la saison des colonies à cause de Ramadan. Cette année, le nouveau ministre Moncef Belkhayat, à la demande des associations, est revenu à l'ancien système de deux mois pleins (juillet et août), Ramadan ou pas. «De toute façon, l'été des cinq prochaines années sera marqué par le mois sacré, et il serait absurde de ne pas faire profiter nos jeunes de leurs vacances», estime Younes El Jaouhari, directeur de la jeunesse, de l'enfance et des affaires féminines au MJS. Le nombre de sites où seront hébergés les jeunes, connaît, lui aussi, une augmentation : de 37 en 2008, il est passé à 43 en 2009, pour atteindre 49 en 2010. Dans les 43 anciennes colonies, 500 nouvelles plates-formes ont été ajoutées (une capacité de 5 000 places supplémentaires). Le budget consacré aux colonies cette année s'élève à 111 810 MDH entre fonctionnement et investissement. Outre l'allongement de la durée, l'augmentation du nombre des estivants et celle des centres d'estivage, la grande nouveauté de cette année est l'introduction d'un nouveau concept : les colonies de vacances ne concerneront plus uniquement la tranche d'âge 6-17 ans : les jeunes, ayant entre 18 et 30 ans, vont désormais en bénéficier également. Ils seront hébergés cette année dans deux nouvelles colonies à Taghazout et à Saïdia. La première, grande de deux hectares, est ouverte à partir de la mi-juillet. Pour ces vacanciers «grands», il y aurait, selon M. El Jaouhari, une organisation et un contenu spécifiques à cette tranche d'âge. Le tarif aussi: 990 DH, pour une durée de 10 jours, tout compris. Ce nouveau concept sera élargi à tout le pays, selon la même source, à partir de l'année prochaine. L'autre nouveauté des colonies de vacances de cette année concerne les prix : c'est l'Etat qui les fixe désormais. Il y a deux offres pour les petits, une de 250 DH, l'autre de 400 DH (pour 15 jours, tout compris). La différence? Elle a trait surtout au type d'animation. Quant à l'infrastructure et la qualité de la nourriture, elles resteront inchangées. Cette différence de prix pour un programme à peu près identique étonne plus d'un, à commencer par les associations elles-mêmes chargées de l'animation. Une chose est sûre. «Les tarifs sont affichés cette année en toute transparence par le ministère», informe M. El Jaouhari. Une bourse de 20 DH pour chaque enfant et par jour accordée par le ministère D'ordinaire, ce sont les associations encadrant les colonies qui fixent les tarifs. Le ministère, lui, se contente d'accorder une bourse de 20 DH pour chaque enfant et par jour (c'était 15 DH en 2008). En plus de l'infrastructure bien entendu (tentes, lits, tables…) qu'il offre et d'un appui au niveau de l'encadrement (une partie des moniteurs qui sont, par ailleurs, tous formés par le ministère). Le reste est assuré par les associations, à savoir la fourniture des équipements individuels (couvertures, oreillers, instruments de jeu…), le personnel des cuisines et l'animation. Quant à l'alimentation, il semble que l'expérience d'externalisation tentée ces deux dernières années et qui avaient englobé 11 centres pour un effectif global de 20 000 enfant n'avait pas été concluante. On avait fait appel en effet à des traiteurs spécialisés pour fournir les plats préparés conformément à un cahier des charges fixé à l'avance. Sauf que ce système ne convient plus à nombre d'associations qui veulent retourner à l'ancien système, c'est à dire engager elles-même des cuisiniers qui préparent sur place les repas des enfants. «C'est vrai, on a tenté cette expérience d'externalisation au niveau de plusieurs centres pour alléger la charge du travail des animateurs qui, en même temps, s'occupaient de l'animation et de la cuisine. Mais le résultat n'a pas été concluant car une colonie de vacances n'est pas une fête de mariage, les enfants ont besoin d'une alimentation adaptée que seuls les cuisiniers de l'association peuvent mijoter», estime Abdelhamid Labita, secrétaire général de l'association Achouâla pour l'éducation et la culture. Cette polémique autour de l'alimentation ne cache-t-elle pas un conflit entre le ministère et les associations ? En tout cas, ces dernières estiment que les 20 DH par jour et par enfant accordés par le ministère sont insuffisants. «Avec cette somme, il faut offrir trois repas décents à un enfant en pleine croissance et dont l'appétit croît encore plus pendant les vacances. C'est limite», proteste ce moniteur qui anime depuis quinze ans des colonies de vacances. Achouâla est l'une des 150 associations (locales et nationales) qui ont conclu cette année avec le ministère un partenariat concernant les colonies de vacances. Forte de ses 90 sections et ses 20 000 membres, cette dernière est l'une des plus grandes et des plus anciennes (elle a été créée en 1975) au Maroc. Elle encadrera cette année pas moins de 2 500 enfants pendant toute la saison d'estivage, elle est présente dans une dizaine de colonies dont celle de Ras Elma au Moyen-Atlas (voir encadré). Au lieu d'une instance nationale des colonies de vacances (qui existe actuellement), organe purement consultatif auprès du MJS, Achouâla, comme d'autres associations, a toujours revendiqué une fédération des colonies de vacances au sens propre du terme, avec un budget et un pouvoir de décision autonome comme tout autre fédération. C'est-à-dire une fédération qui traite d'égal à égal avec le ministère. Cette revendication est maintenant exaucée. La fédération sera incessamment créée, tout comme deux autres d'ailleurs, une dédiée aux loisirs et l'autre aux voyages. Et ce, pour une meilleure relation entre le MJS et le réseau associatif, partenaire incontournable du ministère dans tous les domaines de la jeunesse, basée sur le dialogue et une spécification des rôles. «Le Maroc est l'un des rares pays au monde où les associations ne sont pas qu'un simple partenaire du ministère de la jeunesse, mais une force d'encadrement des jeunes qui a son mot à dire sur le terrain. Le ministère ne peut s'en passer, et il est temps que ce réseau se transforme en fédération», juge M. Labita. Il faut rappeler ici le rôle qu'ont joué effectivement les associations dans l'opération d'écoute de 4 000 jeunes menée par le MJS en mars dernier en vue de l'élaboration de «la stratégie nationale intégrée» pour la jeunesse à l'horizon 2020. Un accord de partenariat entre le MJS et les associations d'une durée de quatre ans Et il semble que le bras de fer entre quelques associations et le nouveau ministre M. Belkhayat n'est plus qu'un vieux souvenir. Les deux parties ont accordé leurs violons, et une convention, après quatre mois de tractations, a été finalement signée en mai dernier s'étalant sur quatre ans. En vertu de cet accord, l'association présente un programme d'action annuel dans tous les domaines (colonies de vacances, loisirs, voyages, animation des maisons de jeunes, mise à niveau des formateurs…), en contrepartie d'une aide financière accordée par le ministère de tutelle, qui, lui, a l'œil sur l'exécution du programme. 430 associations (locales et nationales) sont partenaires du MJS dans ce programme. Si le programme des colonies de vacances pour l'été de cette année reste dans la lancée des éditions précédentes, le MJS prépare du nouveau pour les éditions prochaines. Le nouveau staff préfère plutôt parler maintenant de voyages de jeunes, qui concernent 300 000 packages, s'étalant sur toute l'année. Cela concerne aussi bien les colonies de vacances permanentes, les centres d'accueil que les colonies urbaines (les enfants font un pique-nique le jour et rentrent chez eux le soir). Les centres d'accueil sont au nombre de 35, genre «mini-hôtels» de 50 à 100 places qui dépendent directement du MJS. «Tout jeune marocain peut profiter de ces centres lors de ses voyages, qui offrent en plus d'un lit, le petit-déjeuner, voire une prise en charge totale selon le désir du voyageur», indique M. El Jaouhari. Le règlement stipulait auparavant que seules les associations pouvaient en bénéficier, désormais ils sont ouverts à tout le monde. Le ministère fait cette année une offre de 10 jours pour la tranche d'âge 18 – 30 ans à moins de 400 dirhams, petit-déjeuner compris, dans 10 villes du Maroc. Mais la grande nouveauté du nouveau ministre est que les tickets de tous ces voyages, y compris ceux pour les colonies de vacances, ne seront plus vendus par l'administration ou par les associations, mais par un organisme spécialisé, il s'agit de Supratours. Toute réservation, à partir de l'année prochaine, passera par ce dernier. Cette professionnalisation est séduisante, mais son application ne sera pas aisée. «L'intervention de l'association dans le processus d'octroi du ticket est incontournable. Il est impossible d'afficher un panneau indiquant une colonie de vacances et de dire aux enfants d'aller se procurer les billets auprès de l'agence», estime M. Labita.