Les exercices de stress tests font ressortir une résilience globale des entreprises d'assurance face à des conditions macroéconomiques extrêmes. En revanche, pour le secteur des retraites, les principaux régimes de base continuent de connaitre une situation financière difficile. Le Comité de coordination et de surveillance des risques systémiques (CCSRS), réuni mardi au siège de Bank Al-Maghrib, a fait le point sur la stabilité financière du Royaume, dans un contexte qui reste empreint de fortes incertitudes au niveau mondial. Outre les banques, qui demeurent bien capitalisées, le Comité, qui rappelons-le rassemble Bank Al-Maghrib, le régulateur des assurances l'ACAPS, et l'autorité du marché des capitaux (AMMC), s'est penché sur la situation du secteur des assurances et celui des retraites. Selon le Comité, le secteur des assurances a continué de se développer et de faire preuve de résilience en dépit d'une conjoncture économique difficile marquée par un fort ralentissement de la croissance économique nationale en 2022 et par la hausse des taux dans un contexte de montée des pressions inflationnistes. Avec un volume d'affaires de 53,8 milliards de dirhams en 2022, le secteur a pu maintenir sa bonne dynamique de croissance (+8,5%) portant aussi bien sur la branche vie (+ 10,7%) que la branche non-vie (+ 6,6%. Le secteur a néanmoins été impacté par les conditions défavorables du marché financier. Ses plus-values latentes ont ainsi accusé une baisse de 53,8% et son solde financier s'est déprécié de 23,8%. Malgré ces contreperformances sur les placements, note le Comité, le secteur des assurances a affiché en 2022 un résultat positif de 4 milliards de dirhams (+1,8%), soit un taux de rendement des fonds propres (ROE) de 9,4%, en baisse de 10 points de base par rapport à l'exercice 2021. Par ailleurs, la baisse des plus-values latentes a directement impacté la marge de solvabilité du secteur qui s'est dépréciée à 312,7% contre 370,4% un an auparavant. Cette marge, calculée sous le régime prudentiel actuel, reste au-dessus du seuil réglementaire mais ne couvre à ce stade que le risque de souscription. S'agissant enfin des exercices de stress tests, ils ont été passés avec succès par les compagnies. Selon le Comité, ces stress tests font ressortir une résilience globale des entreprises d'assurance aux conditions macroéconomiques et techniques défavorables. Retraite : La réforme systémique s'impose Pour ce qui est des retraites, la situation est toujours aussi difficile. Le Comité affirme que les principaux régimes de base continuent de connaitre «une situation financière difficile» marquée globalement par l'importance de leurs dettes implicites et par l'épuisement de leurs réserves à divers horizons. D'où l'impératif d'accélérer la réforme globale du système. A ce propos, le Comité souligne que la réforme systémique de ce secteur à travers l'instauration de deux pôles (public et privé) est actuellement en cours de discussion entre le gouvernement et les partenaires économiques et sociaux. Cette réforme, rappelle la même source, vise à instaurer une tarification équilibrée des régimes de retraite et à résorber une bonne partie de leurs engagements passés non couverts. A noter que lors de cette réunion, le CCSRS a examiné et approuvé le rapport sur la stabilité financière au titre de l'année 2022 et fait le point sur l'état d'avancement de la feuille de route de stabilité financière couvrant la période 2022-2024. Enfin, tout en saluant les efforts déployés ayant permis la sortie en février 2023 du Maroc de la liste «grise» du GAFI et puis en mai 2023 de celle de l'Union européenne, le Comité s'est enquis des actions résiduelles visant à renforcer davantage encore le dispositif national de lutte contre le blanchiment de capitaux et le financement du terrorisme (LBC/FT).