Addoha, Colorado, Risma et d'autres sociétés ont bénéficié pendant trois ans d'une réduction de 25 à 50% de leur impôt sur les sociétés. Leur croissance bénéficiaire sera négativement impactée en 2010 par la fin de cet avantage. Certaines entreprises provisionnent au préalable ce retour à la normale. Plus de 150 MDH. C'est le montant estimé de l'économie d'impôt réalisée par Dari Couspate, Sothema et Lydec au titre de l'abattement fiscal accordé aux sociétés qui s'introduisent à la Bourse de Casablanca. Ce gain est relatif aux exercices 2006, 2007 et 2008, vu que l'avantage en question est valable pour une durée de trois ans et que les trois entreprises ont rejoint la cote en 2005. S'il peut paraître dérisoire, il faut savoir qu'il leur a permis d'amplifier leur croissance bénéficiaire ou, en temps de crise, de limiter le recul de leurs résultats. Seulement, en 2009, cet avantage a pris fin pour les trois sociétés. Conséquence : une progression moins forte des bénéfices par rapport aux autres agrégats, si ce n'est pas une baisse plus importante. En effet, le résultat avant impôt de Dari Couspate a évolué de 33,2% par rapport à 2008, s'établissant à 34,1 MDH. Ceci alors que le résultat net n'a progressé que de 17,2%, à 24,5 MDH. La raison en est que l'impôt sur les sociétés (IS) qu'a supporté Dari en 2009 est le double de ce qu'elle a payé en 2008. La société s'étant introduite par augmentation de capital, elle bénéficiait depuis 2006 d'une réduction de 50% du montant de son IS. Sothema, elle, a vu son bénéfice chuter plus fortement que son résultat avant impôt pour la même raison. Ce dernier a reculé de 36% par rapport à 2008, alors que son résultat net a perdu 46%, soit dix points de baisse supplémentaires imputables à l'augmentation de 16% de l'IS de la société pharmaceutique qui bénéficiait, pendant trois ans, d'une réduction d'impôt de 25% (introduction par cession d'actions existantes). Quant à la Lydec, l'effet de la fin de l'avantage fiscal est difficile à déterminer (IS en retrait de 45% contre une baisse de 17,4% seulement du résultat avant impôt) en l'absence des éléments du passage du résultat comptable au résultat fiscal. Moins de marge nette pour les sociétés dont l'avantage fiscal prend fin L'impact de ce retour à la normale est, dans tous les cas, important. Et s'il affecte les réalisations des sociétés concernées individuellement, il peut ausi impacter les performances agrégées de la cote dans son ensemble si le nombre des entreprises dont l'avantage fiscal prend fin est important. Or, ce sera le cas cette année, vu qu'en 2006, pas moins de dix sociétés ont rejoint la cote : Cartier Saâda, Distrisoft, Involys, HPS, SRM et Fenié Brossette, mais aussi Risma, Colorado et le mastodonte Addoha dont le poids au sein des résultats globaux du marché est non négligeable. Ces entreprises paieront cette année des acomptes provisionnels de l'IS sur la base d'un taux plein, «ce qui ne manquera pas de limiter leur croissance bénéficiaire et de réduire de quelques points leur marge nette», estime un analyste. Dans son business plan d'introduction en Bourse, Fenié Brossette prévoit pour 2010 un résultat avant impôt stable par rapport à 2009, mais elle table aussi sur un bénéfice net en recul de 22,8% suite à l'augmentation de plus de 100% de son IS. La marge nette prévisionnelle de la société passerait de ce fait de 8,4% en 2009 à 6,1% en 2010, alors que son chiffre d'affaires devrait croître de 5,3%. Notons que ce business plan est un peu décalé par rapport aux réalisations, essentiellement en raison de produits exceptionnels encaissés par la société en 2009. Mais l'impact réel de la fin de l'avantage fiscal en 2010 ne sera pas très différent de ce qu'elle a prévu. Fenié Brossette a par ailleurs eu le mérite d'avoir pris en compte ce retour à une fiscalité normale dans son plan d'affaires et donc dans la valorisation de ses actions lors de son introduction en Bourse. Il faut savoir en effet qu'en dehors de cette société, ainsi que Colorado et Addoha, aucune des entreprises introduites en 2006 n'a prévu cet élément dans ses projections (horizons de prévision se limitant à trois ans, donc jusqu'à 2009). Or, en annonçant des bénéfices en baisse ou en légère croissance au titre de 2010, à cause notamment de ce retour à la normale, les investisseurs, qui n'ont pas intégré cet élément dans leurs valorisations, risquent de pénaliser les titres des sociétés concernées sur le marché. Cela dit, il est à noter que certaines de ces entreprises s'y sont préparées pour limiter l'impact sur leurs résultats, et ce, d'une façon un peu particulière. «Bien qu'elles ne sont pas déductibles fiscalement, car non justifiées, des dotations non courantes aux provisions ont été passées en 2009 par certaines sociétés introduites en 2006 dans le but de les reprendre courant 2010 pour atténuer l'augmentation du montant de l'IS», explique un analyste.