L'année 2010 serait celle de la reprise des introductions en Bourse des entreprises nationales. C'est, en somme, l'espoir de l'ensemble de la communauté boursière et financière. Jusque-là, une première IPO portant sur une valeur étrangère avait déjà été réalisée, mettant un terme à deux années de vide. Pour ce qui est des sociétés nationales, l'on est toujours pas parvenu à dépasser le stade des rumeurs, sauf peut-être pour le cas de CNIA Saada qui se confirme peu à peu. Il ne faut cependant pas dire que les officiels n'ont rien fait pour convaincre nos entreprises de rejoindre la cote, avec notamment Karim Hajji, directeur général de la SBVC, qui a multiplié les actions marketing tout au long de l'année et le ministère des Finances qui a reconduit les incitations fiscales assorties aux IPO, notamment l'abattement de 25 à 50 % appliqué à l'impôt sur les sociétés. D'ailleurs, cette dernière mesure, lancée pour la première fois en 2001 et reconduite à plusieurs reprises, a profité par le passé à plusieurs sociétés cotées qui ont pu améliorer leur capacité bénéficiaire pendant les années qui ont suivi l'introduction. Cet avantage n'est pas éternel, et l'incitation prend fin au bout de trois années. Dans ce sens, ceci amène à conclure qu'en 2010, les dix sociétés introduites en 2006 paieront pour la première fois un plein impôt. Ce sera le cas de Cartier Saada, Risma, Mediaco, Distrisoft (devenue Disway après sa fusion avec Matel Pc Market), Fennie Brossette, SRM et Involys qui ont bénéficié pendant les trois dernières années d'un abattement de 50% sur l'IS, suite à leurs IPO par augmentation de capital. Cela sans oublier des mastodonte de la cote tels Addoha, HPS et Colorado dont l'exonération s'établissait à 25% suite à leurs IPO par cession d'une partie du capital. Puisque la saison des publications des résultats semestriels est proche, il faudrait donc s'attendre à ce que ces entreprises publient des capacités bénéficiaires impactées par la fin de l'exonération fiscale. «Ceci ne manquera pas, en effet, de limiter leur croissance bénéficiaire et de réduire de quelques points leur marge nette», confirme un analyste de la place. Par exemple, «nous tablons pour Cartier Saada sur la réalisation en 2010 d'un résultat net en baisse de 14,1% suite à la fin de l'abattement de 50 % sur l'IS dont a bénéficié la société depuis son introduction en Bourse», rappellent les analystes de BMCE Capital dans leur dernière note. Même constat pour les autres sociétés cotées depuis 2006; sauf que pour certaines, l'impact de la fin de l'exonération est moins palpable vu que leur activité devrait générer des revenus en nette hausse comparativement avec l'année dernière, à l'instar d'Addoha. Il faudrait également souligner que 2011 devrait connaître le même phénomène. En effet, à cette date, dix autres sociétés connaîtront la fin de leur abattement fiscal. Seulement pour celle-ci, l'impact devrait être plus visible si l'on se fie aux estimations de résultats des analystes. «La capacité bénéficiaire de Promopharm devrait s'établir à 66 MDH en 2010 et à 65,4 MDH en 2011, impactée par la fin de l'abattement fiscal dont la société a bénéficié depuis 2007 dans le cadre de son IPO», prévoit-on au sein de BKB. La même tendance devrait être à l'actualité des autres sociétés introduites en 2007. Ce sont, donc, de résultats 2010 et 2011 fortement impactés par la fin des abattement fiscaux dont bénéficiaient certaines sociétés cotées. Entre ces deux exercices, ce ne sont pas moins de 20 sociétés qui verront disparaître les abattements fiscaux dont elles jouissaient ces dernières années.