Les camions sont les plus touchés avec un recul de 31% au cours des deux premiers mois de 2010, comparés à la même période en 2009. En cause, des arrêts de chantiers en raison des intempéries mais aussi un parc qui a beaucoup crû depuis 2004. Les ventes de bus accusent une baisse plus importante, mais le marché est prometteur pour les deux prochaines années. C omme pour plusieurs secteurs, l'année 2009 a été difficile pour le poids lourd. Subissant de plein fouet l'impact de la crise économique, les ventes générales du secteur des camions, bus et autocars ont sensiblement chuté. Mais même en ce début 2010, les choses ne semblent pas s'arranger pour le secteur. Les dernières statistiques disponibles, celles des deux premiers mois de l'année, font état de la vente de 1 041 unités, en baisse de 31% par rapport à la même période de 2009, sachant qu'au cours de toute l'année 2009 les ventes globales du secteur, avec 7 044 unités, étaient loin d'atteindre le score de 10 188 camions, bus et autocars, réalisé en 2008. Une baisse, là encore, de 31% ! Etroitement liée à l'activité économique, la branche des camions a fait les frais de la récession. Ses ventes n'ont pas dépassé les 974 véhicules durant les deux premiers mois de l'année en cours, soit 30% de moins par rapport à la même période de l'année dernière. Ce résultat reflète la tendance observée en 2009 puisque le total des immatriculations enregistrées tout au long de cette année s'est élevé à 6 586 unités, en régression de 30%. Précision : les statistiques fournies à ce sujet par le Groupement du poids lourd et de la carrosserie (GPLC) n'inclut pas les ventes de bon nombre d'importateurs, en particulier de marques asiatiques (Sinotruk, Photon, Jac, Dong feng, Daewoo et Iveco). Selon les estimations que nous avons recueillies auprès de ces opérateurs, les ventes de camions non comptabilisées par le groupement avoisinent les 650 unités. Mais même avec ces ventes, la baisse du segment reste lourde. Au-delà de la crise économique, il y a d'autres facteurs qui ont concouru à la chute des ventes. «L'arrêt des travaux dans certains chantiers, à cause des fortes pluies enregistrées au cours du dernier trimestre de 2009, a fragilisé la capacité financière de plusieurs entrepreneurs qui étaient obligés de suspendre tout acte d'investissement pour l'acquisition de nouveaux véhicules», explique Mohamed Nadif, directeur d'exploitation de Daewoo Trucks. Autre paradoxe apparent. Pour les camions dits «porteurs», c'est-à-dire ceux qui ont une capacité allant de 26 à 32 tonnes, les ventes n'en finissent pas de plonger : -55% en 2009. Cela alors que la crise n'a nullement affecté les multiples travaux lancés par le pays pour la réalisation de grandes infrastructures. Les chantiers des autoroutes, des ports et autres tournent à plein régime. Seulement, les besoins des entreprises de BTP en matière de ce type de véhicules ont été en grande partie satisfaits par une offre qui s'est développée à partir de 2004, lorsque la cadence de réalisation de ces grands chantiers est passée à la vitesse supérieure. Du coup, «ce segment se trouve saturé et le parc passe actuellement au stade de renouvellement», juge M. Nadif. Cependant, selon les opérateurs, la situation promet de s'améliorer dans le moyen terme. Certes, pas pour tous les segments. Le développement des tracteurs routiers s'annonce prometteur après la baisse de 2009. Selon les observateurs, il est fort probable qu'ils tirent profit des mutations positives observées dernièrement au niveau de la distribution, que ce soit dans la messagerie, l'agroalimentaire ou d'autres secteurs. Un autre changement pourrait doper ce segment : la montée en régime du port Tanger Med qui permettra de transférer une grande partie du transport maritime de marchandises adressé à Casablanca vers le transport routier de marchandises à partir du détroit. Un transfert qui va profiter en premier lieu aux tracteurs routiers qui assurent la livraison de conteneurs. Selon les estimations des professionnels, les ventes annuelles de ce type de véhicules pourraient atteindre les 2 500 unités dans le court terme. Un marché juteux pour les professionnels des bus Côté des bus et autocars, la branche n'a pas été mieux lotie. Avec 67 nouvelles immatriculations durant les deux premiers mois de 2010, elle a affiché une contre-performance de 42%. Déjà en 2009, les ventes ont reculé de 33%, se stabilisant à 458 unités. Or, dans ce climat de crise, certains opérateurs ont pu réaliser une bonne performance. Les ventes de Volvo ont ainsi explosé. Grâce à 178 unités écoulées sur le marché, la marque suédoise a regagné 24% de parts de marché à ses concurrentes pour les porter à 58%. Mieux que Hyundai et Man avec, respectivement, 153 et 100 immatriculations. Là aussi les perspectives ne sont pas aussi moroses. Gelées depuis plusieurs années, les commandes des villes, via les concessionnaires, pour l'acquisition de bus du transport urbain ont été lancées. Du moins pour cette année et l'année prochaine. Rabat avec Staréo, Casablanca avec Mdina Bus et Agadir avec Alsa sont des marchés prometteurs pour lesquels on prévoit l'écoulement d'un millier d'unités. Le gérant délégué de Rabat importera, via Riad Motors, 374 bus de marque Sinotruk en provenance de Chine. Volvo est en négociations avancées avec Mdina Bus pour lui livrer quelque 400 unités dont 200 cette année et autant pour l'année prochaine. La marque suédoise a reçu une commande de 74 bus de la part de Stareo dans la capitale. D'autres villes ont fait appel au même constructeur pour renouveler leur parc : Fès et Safi ont conclu un contrat pour l'achat de, respectivement, 40 et 6 bus. Scania a également tiré profit de ces programmes de modernisation du transport urbain. Il a été choisi par Alsa à Agadir pour lui fournir 80 bus. Voilà qui va doper nettement les ventes de ce segment pour les deux années à venir.