Des critères sont à respecter au millimètre près, selon un cahier des charges aussi bien pour le local que pour le personnel et le fonctionnement. La réglementation impose le passage de 20 véhicules au maximum par ligne de contrôle. S'il y a un business qui ne devrait jamais connaître la panne sèche, c'est bien celui des centres de contrôle technique de véhicules. Plus de 4 millions de véhicules sont en circulation au Maroc, toutes catégories confondues, et ce nombre augmente année après année. On s'en doute, tout ce parc a besoin d'entretien, de contrôle et de visite technique. Au total, il existe pas moins de 400 centres de contrôle technique à travers le Royaume. Ces unités font généralement partie d'un réseau, dont Dekra, qui se taille la part du lion, SGS Maroc, Salama et Revitex. Pour autant, il n'est pas nécessaire de passer par la case affiliation pour se lancer dans ce business, mais de l'avis de nombreux spécialistes, il reste préférable de s'y arrimer, vu l'expertise et l'accompagnement qu'offrent ces réseaux. C'est le ministère du Transport qui ouvre la voie et exprime ses besoins à travers le lancement d'un appel d'offres dans telle ou telle zone. Sont ainsi fixés l'ensemble des critères techniques auxquels devra répondre le porteur de projet, ainsi que les normes à respecter en fonction du cahier des charges : qualification du personnel, effectifs, exigences financières… Dans son appel à concurrence, l'autorité de tutelle précise le nombre de centres requis, ainsi que les lignes demandées englobant aussi bien les véhicules légers que les poids lourds. De son côté, la réglementation fixe à deux au minimum le nombre de lignes à installer. Une superficie de 300 m2 est ainsi requise, généralement un hangar qui abrite les deux lignes. Le local doit être aménagé de sorte à accueillir une partie administrative, soit des bureaux pour le personnel, un local spécifique pour les archives, une salle d'attente, ainsi que des installations sanitaires avec des vestiaires. Quant à son aménagement et équipement, ce n'est pas une tâche aisée. Plusieurs exigences sont à satisfaire conformément à la loi 52-05, portant code de la route, que ce soit en matière de distanciation entre les lignes de contrôle, de procédures, de matériels à mettre en place... au millimètre près. D'ailleurs, le Centre national des études et homologations (CNEH) mène régulièrement des opérations d'audit et de contrôle pour veiller au grain. En cas de non-respect des règles, les contrevenants s'exposent au mieux à une amende à payer, et au pire à un retrait de l'autorisation d'exploitation. 1 MDH pour l'équipement Il est utile de s'adresser à des sociétés spécialisées qui se chargent elles-mêmes de fournir tous les appareils et outils qu'exige l'activité de contrôle des véhicules, en plus de tout le matériel informatique et bureautique. Le tout, clés en main. Le coût d'investissement peut se monter à plus de 1 MDH, dont 60% dédiés essentiellement aux deux lignes de contrôle des véhicules Un montant qui ne tient pas compte des frais d'acquisition du local (ou de location). Plusieurs appareils sont à prévoir, tels qu'un dispositif de contrôle de la pression de gonflage des pneumatiques, un appareil de contrôle d'usure des pneus, une machine de contrôle du réglage des feux d'éclairage, un banc de contrôle de la symétrie de la suspension du véhicule, un freinomètre à rouleaux… Il faut compter également un dispositif d'analyse des gaz d'échappement des véhicules à essence, un appareil de mesure de l'opacité des fumées des véhicules diesel et une plaque de ripage, etc. Il ne faut pas oublier l'indispensable caisse à outils pour l'entretien des équipements de visite technique, le cric mobile, les lampes baladeuses... Le reste de l'investissement (40%) est dédié à tous les équipements nécessaires à l'administration, au personnel et aux clients. A ce montant, il faudra ajouter la coquette somme de 1 MDH comme caution bancaire, datée d'au moins trois mois avant l'ouverture du centre. Une fois le centre mis en place, validé par le CNEH et prêt à entamer son activité, il faut faire face aux charges variables, parmi lesquelles les salaires du personnel. En fait, un centre disposant du minimum requis, soit deux lignes de véhicules légers, doit embaucher au moins deux personnes chargées du contrôle technique des véhicules, appelées agents visiteurs, qui doivent avoir reçu un certificat d'aptitude professionnelle délivré par le CNEH, en plus d'un remplaçant et d'un chef de centre qui doit disposer au minimum d'un niveau technique Bac +3 suivi d'une formation dont le cursus est validé et approuvé par le même CNEH. Ajouter à cela une assistante de direction, ainsi qu'une personne chargée de l'entrée et sortie des véhicules. Compter pour la masse salariale un montant de près de 295.000 DH par an. A ces charges s'ajoutent les frais de service (eau, électricité, téléphone), les consommables ainsi que divers frais d'entretien et de maintenance, pour environ 36.000 DH l'année. Marge bénéficiaire de 30% C'est un fait, il s'agit d'un investissement assez capitalistique et exigeant en termes de respect de la réglementation en vigueur, mais qui en vaut le coup, vu la rentabilité dégagée. Tout l'enjeu est de bien étudier le marché et de se positionner dans des villes qui disposent d'un large parc automobile pour assurer un taux de remplissage satisfaisant. Ceci étant, il est à noter que même la fréquence de passage des véhicules au contrôle technique est réglementée. En effet, la loi fixe un quota de 20 véhicules par jour pour chaque ligne. Admettons que le centre réalise au total 20 contrôles techniques par jour, que la moitié des véhicules a une puissance fiscale de 7ch et l'autre moitié, 8 ch et plus. Avec un prix de 350 DH/ véhicule pour la première catégorie et environ 390 DH pour la seconde, le chiffre d'affaires global devra s'élever à près de 2,1 MDH. En déduisant les charges afférentes au fonctionnement quotidien du centre, celui-ci devra dégager un bénéfice de 1,8 MDH. Cependant, il est important de savoir que ce résultat est grevé d'impôts et de taxes. En fait, le bénéfice avant IS de chaque visite technique d'un véhicule léger est de 200 DH grosso modo. Et pour cause, le CNEH prend 20 DH/véhicule, la NARSA taxe 10 DH et le réseau s'adjuge une commission d'environ 4% sur le chiffre d'affaires réalisé. Cela, en plus de la TVA, de la quittance (50 DH) et d'une taxe spéciale, proportionnelle à la puissance fiscale, à verser à la préfecture ou la province dont le centre relève. Elle va de 30 DH pour les véhicules de 7 ch et atteint 100 DH pour ceux supérieurs à 15 ch. En partant d'une hypothèse d'un bénéfice de 200 DH par véhicule et du passage de 500 véhicules par mois, le résultat avant IS atteint 1,2 MDH. A cela, il faudra déduire l'impôt sur les sociétés. Rappelons que l'objectif de la Loi de finances de cette année est de faire converger les sociétés vers un IS unifié. Dans notre cas, la société réalisant un chiffre d'affaires de plus de 1 MDH est soumise à un IS de 28,25% en cette année, 25,5% en 2024, 22,75% en 2025 et 20% en 2026. Avec le taux en vigueur en 2023, le résultat net totaliserait près de 624.000 DH, hors local. La marge bénéficiaire ressort ainsi à 29%. Vers une mise à niveau Un centre de visite technique peut être créé par une personne morale ou physique et prendre ainsi différentes formes juridiques. Les plus adaptées sont la SARL ou la SAS, mais il n'est pas possible de s'installer en tant qu'auto-entrepreneur. De plus, il est interdit aux centres ainsi qu'aux réseaux de contrôle technique des véhicules d'exercer une autre activité, comme la réparation ou le commerce d'automobile. Par ailleurs, la NARSA entend bien mettre de l'ordre dans le secteur. L'objectif est d'offrir davantage d'adéquation entre l'offre et la demande. Plusieurs appels d'offres ont été critiqués quelques années auparavant par les opérateurs, en raison de la surcapacité du marché dans les zones où l'état ambitionnait de créer de nouveaux centres. Cette remise à niveau pourrait être l'occasion de revoir les conditions d'octroi des autorisations d'exploitation, d'activité des agents visiteurs et de leur formation aux réseaux de contrôle...