Alors que des augmentations comprises entre 40 et 60 points de base sont attendues, les futurs emprunteurs et ceux détenant des crédits à taux variables devraient en toute logique être impactés. C'est bientôt la fin des «soldes» pour les taux des crédits immobiliers. Après avoir pu profiter ces deux dernières années des taux bancaires les plus bas jamais pratiqués au Maroc, à la faveur de la politique monétaire accommodante de Bank Al-Maghrib, les acquéreurs de biens immobiliers verront le coût du crédit se renchérir de manière inéluctable au cours des prochaines semaines. Un renchérissement du coût de l'argent directement lié aux deux hausses successives du taux directeur de 50 points de base, opérées en septembre et décembre derniers par la Banque centrale, pour lutter contre l'inflation. Nouvelles grilles tarifaires Au sein des établissements de crédit, on se prépare à répercuter de manière franche la hausse du taux directeur sur les prêts immobiliers. De nouvelles grilles tarifaires sont en cours d'élaboration, et les nouvelles offres ne devraient pas tarder à voir le jour. Globalement, les professionnels s'attendent prochainement à des hausses comprises entre 40 et 60 points de base pour les taux des crédits à l'habitat, selon les établissements. Concrètement, un dossier d'emprunt qui bénéficie actuellement d'un taux fixe de 4,2% hors taxes devrait se négocier à 4,7% HT dans les prochaines semaines. La barre des 5% HT pourrait même être approchée au cours de cette année pour les durées les plus longues et les dossiers les moins solides. Le jeu de la concurrence entre établissements de crédits devrait permettre de ne pas aller au-delà de ce seuil, dans un premier temps. La hausse des taux n'impactera pas les crédits immobiliers à taux fixe en cours de remboursement. Pour cette catégorie d'emprunteurs, qui représentent l'immense majorité des crédits immobiliers distribués, les mensualités resteront inchangées. Mais il en sera autrement pour ceux qui ont opté pour des prêts à taux variables. Pour ces derniers, le montant des traites va augmenter mécaniquement. Les futurs acquéreurs seront également impactés et bénéficieront de conditions de financement plus resserrées. Les dossiers les plus solides, avec les meilleurs profils de risque, pourront néanmoins négocier des taux plus avantageux. Dans tous les cas, Abdellatif Jouahri, wali de Bank Al-Maghrib, a déjà prévenu les banques qu'il ne tolérera aucun abus de leur part. «Je vais leur demander un suivi et un reporting régulier pour voir si cette hausse de taux se répercute correctement ou si les banques exagèrent vis-à-vis de la clientèle», avait-il souligné, en septembre dernier, après la première hausse du taux directeur. A bon entendeur… 63% des crédits aux ménages Les prêts bancaires immobiliers restent, de loin, la catégorie de crédit la plus distribuée aux ménages, avec une part de 63% de l'encours des crédits octroyés à cette catégorie de la population. Les crédits à l'habitat pèsent par ailleurs près du quart de l'encours total du crédit bancaire (1.024MMDH à fin novembre), toutes catégories confondues. Malgré l'environnement de taux bas, le rythme d'octroi des crédits à l'habitat s'est quelque peu essoufflé cette année. A fin novembre 2022, leur encours a atteint 239 MMDH, en hausse de seulement 2,9%, contre une progression de 5% en 2021. Dans ce total, la part des financements participatifs Mourabaha reste modeste, avec un encours de 17,8MMDH, en hausse de 20%.