Attijariwafa Bank et la BCP ont remodelé leurs offres sur le crédit immobilier et à la consommation. Les autres banques se montrent plus souples dans les conditions d'octroi. Grandes disparités dans les taux du crédit à la consommation. Les banques de la place opèrent dans un contexte moins tendu. Il y a d'abord les deux emprunts internationaux du Maroc et celui de l'OCP qui ont permis d'apaiser les tensions sur les liquidités. A fin juin, le déficit de trésorerie des banques était de 39,8 milliards de DH, alors qu'il s'élevait à près de 80 milliards il y a tout juste quelques mois. Cette tendance devrait se poursuivre sur les prochains mois avec le redressement constaté de la balance commerciale. Il y a ensuite l'aisance financière du Trésor suite à la décompensation des produits pétroliers qui a permis une détente des taux de référence. Cette situation permet aux banques de se refinancer moins cher sur le marché de la dette privée. Enfin, même si les impayés bancaires sont toujours en hausse, aggravant le coût du risque du secteur, leur évolution est moins rapide que les dernières années. Néanmoins, sur le plan commercial, le ralentissement de l'activité se fait toujours sentir. Si Bank Al-Maghrib prévoit une accélération de l'octroi des crédits à partir de 2015, aujourd'hui l'encours de ces derniers fait quasiment du surplace. A fin juillet, il n'a progressé que de 0,8% par rapport à décembre. En comparaison avec la même période de l'année dernière, l'évolution est de 3,9%. Dans ces conditions, les banques semblent de plus en plus actives sur les segments porteurs et moins risqués pour doper leur activité, notamment les crédits aux particuliers (immobilier et à la consommation). Ce sont d'ailleurs ces segments qui affichent des progressions d'encours intéressantes (+4,9% et +7,1% à fin juillet), contrairement par exemple aux crédits de trésorerie (entreprises) qui stagnent depuis un an ou aux crédits aux promoteurs immobiliers qui affichent carrément -4,7%. Et pour se démarquer, certaines banques n'ont pas hésité à revoir leur grille tarifaire, à l'instar d'Attijariwafa bank qui a abaissé récemment ses taux pour le crédit immobilier ou de la Banque Populaire qui propose des taux alléchants dans le cadre de packs. Les autres, tout en maintenant leurs grilles tarifaires, se montrent dernièrement plus souples en matière de conditions d'octroi des crédits. Cette tendance se voit d'ailleurs dans les statistiques de Bank Al-Maghrib. Selon sa dernière enquête sur l'évolution des taux des crédits, relative au deuxième trimestre 2014, le taux global a baissé de 11 points de base par rapport à la même période de l'année dernière, à 5,98%, avec un repli de 7 points de base pour le crédit à la consommation (7,35%) et de 21 points de base pour le crédit immobilier (5,94%). Crédit immobilier : les conditions d'octroi ne sont plus aussi serrées Pour les crédits à l'habitat, Attijariwafa bank a revu ses taux à la baisse, en fonction des revenus de l'emprunteur et de la durée du prêt. Les taux fixes peuvent aller actuellement de 5,25% à 5,95% HT alors qu'avant, ils se situaient entre 6,25% et 6,70%. Aujourd'hui, les clients disposant d'un revenu inférieur à 20 000 DH (clients Service) peuvent emprunter à un taux fixe de 5,75% si la durée du crédit est de 15 ans et à 5,95% si elle va jusqu'à 25 ans. Les clients dont le salaire mensuel (hors primes) est compris entre 20 000 et 50 000 DH (Clients Club) bénéficient pour leur part d'un taux de 5,5% pour les crédits sur 15 ans et de 5,75% sur 25 ans. Les particuliers de la catégorie «Prestige», avec un salaire supérieur à 50 000 DH, ont quant à eux droit à des taux variant de 5,25% à 5,50%. Le taux variable, lui, est de 5,50% pour le 1er segment de clientèle, de 5,25% pour le second et de 5,00% pour le dernier. De son côté, la Banque Populaire a gardé la même grille tarifaire mais propose des taux beaucoup plus intéressants dans le cadre de packs. Ils peuvent aller de 5,15% fixe pour les clients dont l'âge ne dépasse pas 40 ans avec une rémunération mensuelle supérieure à 7000 DH, à 5,25% pour les salariés dont l'âge est supérieur à 40 ans. Ils peuvent atteindre 5,80% pour les revenus inférieurs à 7 000 DH. Cela étant, pour les clients qui ne souscrivent pas à ces packs, les taux varient de 5,57% à 6,55% fixe. BMCE Bank n'a pas suivi cette tendance. Sa politique d'octroi des crédits se base sur un système de scoring pour chaque dossier reçu et ce, dans le but d'évaluer le profil risque du client. Le score dépend entre autres de l'âge du client, de son revenu, de sa situation matrimoniale, de son ancienneté professionnelle, de l'image de marque de la société s'il est salarié… En fonction de la note obtenue, le client obtient un taux. Il faut préciser toutefois que le taux fixe commence à 6,45% HT et le taux variable à 5,50%. Pour sa part, la Société Générale a maintenu ses taux d'intérêt inchangés. Pour des revenus de moins de 3 000 DH, le taux en vigueur est de 6,25% fixe. Il est de 5,80% pour les salaires compris entre 3 000 et 10 000 DH, et de 5,50% pour les clients disposant d'un salaire entre 10 000 et 25 000 DH. Au-delà de ce niveau de revenus, la banque applique un taux de 5,25%. Attijariwafa bank augmente ses taux du crédit conso de 75 points de base Si Attijariwafa bank a abaissé de plus d'un point ses taux pour le crédit immobilier, elle a opté pour le contraire dans le crédit à la consommation. Sans doute, la montée des impayés et le non-adossement de ces crédits à des garanties hypothécaires expliquent cette décision. Alors qu'un prêt personnel était accordé à 7,5% à la clientèle Prestige, il est octroyé actuellement à 8,25%. Les clients Club, eux, subissent un taux de 9,25% au lieu de 8,5% appliqué auparavant. Idem pour la clientèle Service à qui la banque applique un taux de 10,95% contre 9,5%. Ce sont ainsi 75 points de base supplémentaires qui sont facturés aux clients de la banque. La Société Générale, elle, applique un taux standard de 10,95%, quel que soit le niveau de revenus de l'emprunteur. Pour sa part, BMCE Bank exige des taux allant de 11,95% à 13%, toujours selon son système de notation de la clientèle. Du côté de la BCP, un prêt personnel est octroyé à un taux compris entre 7% et 9%. Par ailleurs, les durées et le montant maximal à emprunter diffèrent d'une banque à l'autre. En effet, la somme à emprunter ne peut dépasser 150 000 DH auprès de BMCE Bank, Attijariwafa bank et la Société Générale, sauf cas exceptionnels. Pour la SG, les prêts dépassant 100000 DH doivent en plus être assortis d'une garantie. Chez la BCP, le montant du prêt peut atteindre 200 000 DH. Bien entendu, il s'agit là de conditions standard. Des remises peuvent être accordées en négociant ou en faisant jouer la concurrence. Les commerciaux et responsables d'agences contactés rapportent qu'une remise de 5% peut être accordée sur les taux en vigueur. Les banques peuvent aussi appliquer une surprime par rapport aux taux standard pour les clients présentant un profil de risque dégradé. C'est le cas notamment de patrons de TPE dont le revenu est irrégulier ou saisonnier. Des chargés de clientèle indiquent qu'un particulier s'est vu accorder un crédit immobilier à 6,87% auprès d'Attijariwafa bank ou encore à 6,70% à la Société Générale.