Elle est fascinée par le cerveau et tout ce qui y touche. Pour l'entretenir, elle recommande les sports du cerveau, une discipline qu'elle pratique à haut niveau et qu'elle tente de vulgariser auprès des jeunes et des chefs d'entreprises. Portrait. Majda Brabije est une sportive de haut niveau. Mais pas forcément de celles qui passent des heures sur les tapis de course ou dans une salle de gym. Ce que Majda fait transpirer, c'est sa matière grise, car elle est... athlète des sports du cerveau. Elle est d'ailleurs championne d'Afrique de cette discipline, Brain coach, et présidente de l'Association marocaine des sports du cerveau. Une discipline encore peu connue au Maroc mais qui existe depuis 1949 aux USA et y est officiellement reconnue depuis 1959. Dans les pays asiatiques, les sports du cerveau sont enseignés à l'école dès l'âge de sept ans. Majda Brabije en a fait la découverte en 2016 alors qu'elle préparait sa thèse de doctorat à la Faculté des sciences économiques Hassan II à Casablanca. «Je devais lire beaucoup de documents en un temps limité parce que je voulais soutenir rapidement ma thèse. J'ai alors fait des recherches sur la lecture rapide qui est, comme le calcul mental et le Mind Mapping, un sport du cerveau. Celui-ci m'a permis de rédiger et de soutenir ma thèse, à la grande surprise de mes professeurs, en une année», raconte la jeune trentenaire. Si les sports du cerveau lui ont permis de boucler rapidement son travail de recherche, ils lui ont également permis de réaliser, autrement certes, son rêve d'enfance : devenir neurologue. Ne pas gaspiller son temps... Mais mieux l'investir «Je ne suis pas médecin mais je travaille quand même sur le cerveau. Cet organe m'a toujours fasciné», dit la Brain coach qui voue une grande passion pour le cerveau. Une passion qui lui fera quitter, il y a une année, la fonction publique. Majda Brabije était, depuis 2013, enseignante de gestion et d'économie dans un lycée public. Alors qu'elle souhaitait faire la médecine, le destin en a voulu autrement, puisqu'elle a été orientée vers la filière sciences économiques. Une fois ses études finies, Majda a d'abord travaillé dans le service financier d'une multinationale durant deux années avant de passer le concours du ministère de l'Enseignement en 2012. Cette Casablancaise, qui n'a jamais quitté sa ville natale, est alors affectée au lycée public de Bejaâd pour y enseigner l'économie et la comptabilité. Si elle a quitté l'enseignement, elle n'a pu en revanche quitter cette petite ville où «il fait bon vivre et qui est propice à mon mode de vie tranquille, parce qu'il y a une qualité de vie favorable au cerveau et au travail. On est connecté avec soi-même. Il y a une baraka qui explique mon attachement». Et, exception qui mérite d'être soulignée, ce n'est pas elle qui, comme grand nombre de femmes, rejoindra son mari mais plutôt lui. Banquier, il demande à être muté à cette bourgade que l'on appelle la petite Fès. Dans les petites villes, on ne gaspille pas son temps, faute de distraction, explique la championne des sports du cerveau, mais «on l'investit mieux et de façon enrichissante». Elle se lance dans la préparation de sa thèse et une fois encore le destin influe sur son parcours professionnel, puisque Majda Brabije décide de se consacrer aux sports du cerveau, et se fait accompagner par une spécialiste en la matière, qui lui parle du championnat mondial de ce sport. Elle mémorise 979 mots par minute contre 970 pour Bill Gates «J'ai tout de suite adhéré à l'idée d'y participer et me suis mise au travail», confie celle qui décrochera, dès sa première participation en 2021 à la douzième édition du championnat, la 9e place au niveau mondial et le premier rang en Afrique et pour la région MENA. Pour y arriver, il lui a fallu lire un livre de 250 pages en une heure et demie et répondre à vingt questions y afférentes en trente minutes. Sa performance: mémorisation de 979 mots par minute ! Elle dépasse Bill Gates qui mémorise 970 mots par minute et qui s'entraîne lors de ses fréquentes retraites. Pour arriver à cette performance, il faut adopter une hygiène de vie spécifique qui repose, selon Majda Brabije, «sur des heures régulières de sommeil, une alimentation saine et un entraînement continu du cerveau». Son rituel à elle : une séance de lecture de 20 à 30 minutes au réveil. A son actif, deux à trois livres en moyenne par semaine et dans différents registres (sciences, médecine, psychologie et philosophie) en trois langues: arabe, français et anglais. Ses compétences, elle les partage avec son entourage, notamment avec son mari et sa petite fille, Lina, âgée de 7 ans et qui déjà lit beaucoup. En dehors de la famille, elle a accompagné ses élèves et les étudiants de l'Ecole centrale où elle assure un module dans le cadre du premier African Bachelor of Engineering implémenté par ses soins au sein de cet établissement en 2021. Cela s'est fait suite à une proposition d'un étudiant de l'Ecole centrale lors d'une soirée du Club de lecture Ville Verte dont Majda est membre. Par ailleurs, elle décide «pour démocratiser les sports du cerveau et mieux les faire connaître» d'ouvrir son cabinet, Meta Learning Care, de Brain Coaching, à Casablanca. L'idée est d'accompagner les dirigeants d'entreprises et les décideurs en vue d'améliorer leurs compétences de concentration et de synthèse. «Pour cela, je m'inspire de Galilée qui a dit que l'on n'a rien à enseigner à l'homme mais on l'aide à se connecter avec lui-même. C'est ma mission d'aider ces dirigeants pour une prise rapide de décision», explique la jeune coach qui accompagne actuellement une quarantaine de responsables d'entreprises de la place. Membre du comité international d'arbitrage, elle assure également l'entraînement de la sélection marocaine pour l'édition 2023 des sports du cerveau. Elle ne s'accorde pas de répit et travaille sur plusieurs projets car, dit-elle, «arrêter de travailler et de se concentrer abîme le cerveau». Profil Sa mission: vulgariser les sports du cerveau Elle voulait être neurologue, mais sa «mauvaise» orientation scolaire a changé le cours de sa vie. Mais pas sa fascination pour le cerveau. Aujourd'hui, elle est championne des sports du cerveau. Elle est aussi arbitre internationale et encadre la sélection marocaine pour le prochain championnat du monde.