Ce fruit, produit phare des exportations agricoles, est de plus en plus demandé en Europe et au prix fort. Pour autant, il ne faut pas crier victoire pour toutes les variétés. La tomate marocaine reviendrait en force sur les étals des marchés européens. De plus en plus demandée, ses prix à l'export ont augmenté de façon surprenante, marquant ainsi une rupture avec la tendance baissière observée durant le dernier trimestre de 2022. Le prix au kilo est négocié ces jours-ci entre 1,20 à 1,30 euro pour la tomate ronde. Cette situation est due principalement à une chute importante de l'offre mondiale à cause de la vague de froid qui a frappé certains pays producteurs de ce fruit. Le Maroc n'a pas été épargné par ce phénomène, puisque, selon nos informations, la production aurait chuté de moitié par rapport aux semaines précédentes. Les producteurs bénéficieront-ils ainsi réellement de l'actuelle hausse des prix à l'export? Selon nos sources, l'impact demeure très relatif à cause de plusieurs facteurs qui s'ajoutent à une offre réduite de manière drastique. «J'ai déjà récolté près de 60% de la production. En plus, il ne faut pas oublier qu'il faut déduire du prix de vente les charges des transitaires au Maroc et à l'étranger, la commission des intermédiaires, les droits de douanes et les frais d'emballage et de logistique. Et on sait tous que les coûts de transport et de logistique ont considérablement augmenté à cause de l'inflation», nous précise un producteur de tomates. La tomate de segmentation en mauvaise posture Si la situation n'est pas si reluisante pour la tomate ronde, elle serait catastrophique pour la tomate de segmentation (la tomate olive, cerise et grappe). Ses prix à l'export ont fléchi à près de 1,30 euro le kilo, alors qu'habituellement elle est écoulée en cette période à 2 euros le kilo. «Ceci est dû à l'abondance de l'offre sur le marché, face à des expéditions qui ont été réduites de moitié, comparativement aux semaines précédentes», nous explique un acteur de cette filière. Rappelons que les professionnels, attirés par sa forte rentabilité, avaient misé ces dernières années sur le développement de la culture de la tomate de segmentation. «On ne pouvait plus supporter les charges de production de la tomate ronde. Le coût de revient peut facilement atteindre 3,20 DH le kilo. On réalisait parfois des ventes à perte. C'est pour cela qu'on s'est diversifié en se tournant vers la culture d'autres variétés de tomates de petit calibre, qui sont d'ailleurs très prisées à l'international», nous précise un opérateur. Résultat : les tomates de segmentation représentent aujourd'hui pas moins de 60% de la production totale, toutes variétés confondues. Cette nouvelle configuration du marché a ainsi bouleversé l'offre en tomate ronde, ce qui n'a pas joué en faveur des producteurs en cette période d'embellie des prix à l'export. Les Britanniques friands de la Moroccan tomato Les expéditions de la tomate marocaine, notamment vers l'Europe, ont battu des records ces dernières années. Ce fruit représente aujourd'hui près de 50% des exportations du secteur. Et ce n'est pas fini. Le Maroc fera prochainement son entrée dans le cercle des plus grands producteurs mondiaux, dépassant son rival traditionnel, l'Espagne. Rien que pour la campagne agricole 2021-2022, les exportations des tomates marocaines ont grimpé de près de 20% à 670.000 tonnes. Le premier client demeure sans conteste la France (50% des exportations), talonnée par le Royaume-Uni. Les Britanniques sont de plus en plus friands de la Moroccan tomato.