Les échanges commerciaux entre les deux pays ont atteint des records, un an après l'entrée en vigueur d'un accord d'association. A qui profite le plus cette idylle économique ? Entre le Maroc et le Royaume-Uni, les relations ont toujours été au beau fixe. Les deux Royaumes entretiennent de bons rapports politiques et diplomatiques. Une idylle qui, en revanche, n'allait pas de pair avec les relations économiques, malgré les potentialités offertes par les deux marchés. Si les marques françaises sont très bien implantées au Maroc, celles britanniques peinent encore à se démarquer. Difficile de citer le nom d'une entreprise ou d'une marque britannique bien connue auprès des consommateurs marocains, et ce, malgré la présence d'une Chambre de commerce britannique depuis 1923. «Cette situation est normale à mon sens. Nous étions axés sur des partenaires traditionnels comme la France et l'Espagne et dans une moindre mesure l'Italie. Aujourd'hui, nous sommes dans une approche de diversification dans laquelle les Britanniques occupent une place de choix», nous déclare Hassan Sentissi El Idrissi. «Les relations économiques ont toujours existé entre les deux pays, mais demeuraient en deçà du potentiel existant. Maintenant, avec le Brexit, la donne a changé et nous devons assister à un renforcement inégalé du volume des échanges commerciaux entre les deux pays», ajoute le président de l'Association marocaine des exportateurs (ASMEX). Les données recueillies auprès de l'Office des changes confirment ce dynamisme. Les exportations marocaines vers le marché britannique ont carrément doublé en 2021, année de déploiement de l'accord d'association entre les deux pays. Le Maroc a vendu pour 10,85 milliards de dirhams contre 6,54 milliards en importations, soit un taux de couverture de 166%. Les exportations marocaines explosent C'est que la balance commerciale a commencé à pencher du côté marocain depuis 2020, alors que le solde commercial pouvait atteindre auparavant jusqu'à 4 milliards de dirhams. Désormais, ce montant correspond à l'excédent réalisé par le Maroc sur le premier semestre 2022. Une première dans l'histoire des échanges commerciaux entre les deux pays. Aujourd'hui, le Royaume-Uni est le 5e client du Maroc, gagnant 2 rangs par rapport à 2021, et il se positionne comme le 18e fournisseur. En 2019, le Royaume-Uni était le 9e client et le 13e fournisseur du Maroc. Mais si les exportations marocaines vers cette destination ont gagné 1,5 point en trois ans (4% des expéditions globales), c'est que le Maroc a su profiter de la sortie du Royaume-Uni de l'Union européenne, devenue effective l'année dernière. Et ce sont les industriels marocains opérant notamment dans l'agroalimentaire qui ont cartonné. Le Royaume-Uni fort demandeur des fruits et légumes En effet, depuis le Brexit, le Royaume-Uni cherchait de nouveaux fournisseurs en produits alimentaires. Et le Maroc, exportateur traditionnel de légumes et fruits vers ce pays, s'est rapidement positionné parmi les meilleurs fournisseurs. Rappelons qu'à cause du Brexit, l'inflation dans les produits alimentaires a explosé, dépassant actuellement 12%, impactant considérablement le pouvoir d'achat des Britanniques. Si elle est due en partie à la crise russo-ukrainienne, cette inflation est causée principalement par les nouvelles normes, réglementations et contrôles douaniers et sanitaires du côté de l'Union européenne. Résultat : les Britanniques s'orientent davantage vers les produits marocains, réputés de bonne qualité et plus compétitifs. Les statistiques de l'Office des changes confirment la tendance : les exportations des légumes et les fruits ont explosé les compteurs. De respectivement 92 millions en 2019, elles ont frôlé le milliard de dirhams au premier semestre 2022. La tomate, produit phare des expéditions marocaines, bat tous les records. De 828 millions de dirhams en 2019 (68000 tonnes), ses exportations ont atteint 1,37milliard de dirhams en 2021 (110 000 tonnes). Pour le premier semestre de cette année, elles ont représenté 1,17 milliard de DH. Les ventes des fraises et framboises ont, par exemple, été multipliées par 20 à fin juin 2022 (716MDH) par rapport à 2019. «Effectivement, nos exportations en fruits et légumes augmentent de manière extrêmement importante. Nous étions bien positionnés sur ce marché, mais nous étions beaucoup plus axés sur les marchés espagnol et français. Aujourd'hui, grâce au Brexit, le Royaume-Uni est fort demandeur des fruits et légumes marocains, particulièrement la tomate. C'est un marché qui prendra beaucoup d'ampleur et l'avenir s'annonce très prometteur», nous commente Hassan Sentissi El Idrissi. Les Britanniques comptent bien y profiter à leur tour, soutenus par l'UK Export Finance (UKEF). L'organisme britannique de crédit a nommé fin novembre un nouveau responsable du financement des exportations internationales (IEFE), basé à Casablanca, «pour contribuer à la création de nouvelles opportunités pour les entreprises britanniques exportatrices au Maroc», précise-t-on auprès de l'organisme. Plusieurs secteurs prometteurs ont été identifiés, notamment la finance verte, les énergies renouvelables, l'éducation et la santé. Le ton est ainsi donné pour une nouvelle collaboration économique et commerciale entre Rabat et Londres. The best is yet to come !
Une ligne de crédit pour booster le commerce 51 milliards de dirhams. C'est la ligne de crédit que l'UK Export Finance (UKEF) a mise à disposition pour les acheteurs marocains pour des projets dans la région, à condition qu'au moins 20% du contenu provienne d'entreprises britanniques. L'objectif est de renforcer les relations commerciales entre les deux pays et soutenir les exportateurs britanniques. «Le Maroc offre une gamme d'opportunités aux entreprises britanniques, telles que des projets potentiels dans la transition énergétique, le dessalement de l'eau de mer et les infrastructures, en l'occurrence les chemins de fer, les routes, les ports et les aéroports», précise l'UKEF.