Les inquiétudes des opérateurs autour de la situation de l'économie et des résultats semestriels justifient cette atonie. Des volumes très faibles et des évolutions très mitigées des indices. La reprise pas avant le premier trimestre 2010. Un mois plat. C'est là tout ce qu'il faut retenir sur la Bourse de Casablanca en août. Pourtant, l'entame de ce mois laissait présager mieux. En effet, durant sa première semaine (du 3 au 7 août), le Masi a marqué un retour au vert puisqu'il a terminé sur une hausse de 1,38%, ramenant ainsi sa performance annuelle dans le vert à 1,26%. Mais juste après, l'indice de toutes les valeurs est retombé dans ses travers. La deuxième semaine (du 10 au 13 août), il a clôturé sur une baisse de 1,2%, établissant sa performance annuelle à 0,05%. Ni hausse ni baisse, la troisième semaine (du 17 au 19 août) a maintenu le statu quo : l'indice clôturant sur une baisse marginale de 0,01% garde sa performance annuelle inchangée. Enfin, la quatrième semaine (du 24 au 28 août) enregistre un léger mieux sans pour autant convaincre puisqu'elle voit le Masi progresser de 0,92% seulement, ramenant sa progression annuelle à 0,96%. Côté volumes, la situation n'est guère plus reluisante. Avec un volume moyen quotidien de 143 MDH, la 1ère semaine, la situation a pu s'améliorer au-delà. Mais seuls certains titres y auront contribué. De fait, la légère amélioration du volume moyen quotidien à 210 MDH durant la 2e semaine d'août est «à lier essentiellement aux valeurs Maroc Telecom et Addoha qui demeurent les plus actives», rapportent les analystes d'Attijari Intermédiation. Sur la 3e semaine, aussi, l'appréciation notable des volumes est surtout le fait de la valeur Label'Vie qui a engrangé près de 50% du volume global. Signalons par ailleurs que cette dernière opération figure comme la seule transaction effectuée par un opérateur pour son propre compte. Ce qui porte à croire que les opérations de ce genre, fréquentes durant les mois d'été, n'ont pas eu lieu cette année, ou du moins leur taille a été assez petite pour passer dans le compartiment central. Dans ce contexte défavorable, les lecteurs de la Vie éco, qui auraient suivi nos recommandations pour la constitution d'un portefeuille d'actions au titre du mois d'août (voir notre édition du 31 juillet), auront bénéficié d'un taux de réalisation de plus de 80% de nos pronostics. En effet, toutes les valeurs recommandées à l'achat ont bien évolué favorablement sur le mois. Quant aux valeurs recommandées à la vente, celles-ci ont bien diminué à l'exception de Ciments du Maroc et de CGI. Le marché a sanctionné le titre IAM après la publication de ses résultats semestriels Mais pour en revenir à la situation du marché boursier en août, au final sur tout le mois, la variation de l'indice ressort à 0,7%, ce qui porte sa performance annuelle à 0,59%, le tout pour un volume d'affaires de tout juste 2,6 milliards de DH. En somme, une bien maigre moisson pour ce mois d'août. Une situation typique de l'été ? Rien n'est moins sûr. En effet, à titre de comparaison, au cours du mois d'août 2008, les marchés central et de bloc ont totalisé 3,4 milliards de DH de volume de transaction. En remontant à août 2007, ce même indicateur ressort à 10,6 milliards de DH. Le facteur qui explique cette situation est plutôt l'absence d'acheteurs. Ceci, «particulièrement en cette période de l'année, n'a pas manqué de pénaliser fortement l'activité du marché», relèvent les analystes d'Attijari Intermédiation. C'est donc plutôt l'effet du cycle baissier bien installé depuis septembre 2008 qui est à mettre en cause. Autrement dit, ce sont l'attentisme et le manque de confiance propre à ce cycle qui justifient l'atonie constatée ce mois d'août. D'une part, l'hésitation prédomine en attendant de constater la résilience de l'économie sur les principaux indicateurs macroéconomiques et sectoriels. «D'autant plus que cette année les opérateurs économiques ont l'impression que les MRE n'ont pas donné leur habituel coup d'accélérateur à la consommation locale», relate un analyste. «Dès lors, c'est un retournement de tendance pour l'économie réelle qui est craint», poursuit-il. D'autre part, les plus grandes inquiétudes entourent les résultats semestriels des sociétés cotées qui seront dévoilés durant le mois de septembre. Surtout que les mauvaises nouvelles affluent déjà. A commencer par Maroc Telecom. Une première pour l'opérateur historique, cette année, ses résultats semestriels, publiés le 29 juillet dernier, font état d'une faible progression, pour ne pas dire régression dans certains postes, constituant les premières réalisations mitigées de l'opérateur depuis son introduction en Bourse. En tout cas, le marché n'a pas manqué de sanctionner le titre Maroc Telecom. Pour preuve, durant les quatre semaines consécutives à l'annonce des résultats, l'action a cédé 1,5%. Avec tout cela, que faut-il espérer du marché boursier d'ici la fin de l'année ? De l'avis général des analystes, la fin du cycle baissier n'est pas envisageable avant le premier semestre 2010. Cela dit, d'ici là, «des rebonds techniques ne sont pas exclus», relativise un analyste. Et d'ajouter : «Si de bons indicateurs sectoriels paraissent pour les mois à venir, que l'économie mondiale donne des signes de reprise probants et que les résultats semestriels sont encourageants, les rebonds techniques pourraient même être très marqués aboutissant à une forte variation annuelle positive pour 2009». A l'inverse, si ces signaux ne se confirmaient pas, la méfiance et l'incertitude s'accentueraient, ce qui pourrait faire chuter les indices de manière encore plus marquée. Entre ces deux scénarios, des résultats semestriels en demi-teinte maintiendraient une évolution en dents de scie.