Etonnante évolution des dépôts de la clientèle : 3,7 milliards de DH de plus entre avril et mai. Les crédits à la consommation et immobiliers en hausse de +24% et +14% par rapport à mai 2008. Les mois se suivent, mais ne se ressemblent pas dans l'activité bancaire. C'est le constat que l'on peut faire à la lecture des derniers chiffres sur les ressources et emplois du système bancaire à fin mai dernier. Et d'abord ce regain surprenant (même un peu trop) en termes de ressources entre les mois d'avril et mai. Ce sont 7,5 milliards de DH qui sont venus s'injecter dans le circuit entre les mois d'avril et mai. Ainsi, à fin mai dernier, l'encours des ressources du système bancaire a atteint 597,2 milliards de DH contre 589,6 milliards à fin avril, soit une progression de +1,3% en l'espace d'un mois. La progression par rapport au niveau des ressources à la même période de l'année dernière, elle, est de +9,75%. Ce brusque rebond d'un mois à l'autre est d'autant plus surprenant que depuis le mois de janvier, les ressources étaient sur une tendance baissière. L'évolution entre les ressources à fin décembre et leur niveau à fin mai est de – 0,86%. L'analyse des origines de ces 7,5 milliards de DH de ressources supplémentaires laisse apparaître des faits intéressants. Le plus gros paquet, environ 3,7 milliards de DH, provient des dépôts de la clientèle qui ont atteint 557,7 milliards de DH à fin mai, soit +8,52% par rapport à leur niveau d'il y a un an et +0,68% par rapport à fin avril. Et ce sont essentiellement les comptes-chèques et les comptes courants qui ont le plus drainé de ressources. Pour les premiers, l'encours à fin mai s'établit à 217,4 milliards de DH, soit 1,5 milliard de plus qu'en avril, certes, mais seulement une petite progression de +2,95% par rapport à leur niveau à la fin mai 2008. D'où le paradoxe. Idem pour les comptes courants qui ont rebondi de 1,44 milliard de DH en un mois (+1,8% par rapport à avril) alors même qu'ils sont en baisse de -1% par rapport à mai 2008. Les crédits de trésorerie également en baisse de -30% depuis le début de l'année Enfin, les dépôts à terme ont vu leur encours monter de 800 MDH à 160,6 milliards de DH, soit +13,9% par rapport à l'année dernière et une évolution de +4% par rapport à leur niveau de fin décembre. Au niveau des dépôts de la clientèle, on relèvera, toutefois, un élément qui interpelle : les augmentations des encours proviennent en grande partie de la clientèle MRE avec 600 MDH de plus en un mois pour les comptes-chèques et 718 MDH de plus pour les dépôts à terme. Des évolutions qui contrastent avec la baisse des transferts observée depuis le début de l'année et par rapport à l'année dernière. S'agit-il d'un début de renversement de tendance ? d'une évolution conjoncturelle due à l'approche de la période estivale ? ou tout simplement du résultat d'un travail de reclassement comme le font souvent les banques ? Pour boucler le chapitre des ressources, le deuxième gros paquet provient d'emprunts obligataires dont l'encours d'un mois à l'autre sont passés de 1,5 à 3,5 milliards de DH, soit 2 milliards de plus et, enfin, des emprunts financiers extérieurs de l'ordre de 950 MDH. Pour ce qui est des emplois, les chiffres du GPBM à fin mai livrent des informations intéressantes. D'emblée, la tendance du resserrement de la trésorerie des entreprises et du ralentissement de l'activité économique se fait nettement ressentir. Pour cela deux indicateurs : les crédits de trésorerie et les crédits à l'équipement. Ainsi, pour les premiers, l'encours à fin mai 2009 a atteint 59,6 milliards DH, soit 1,5 milliard de plus par rapport à avril. Cela dit, les chiffres attestent globalement d'une plus grande vigilance des banques par rapport au niveau des lignes de fonctionnement. Entre janvier et mai 2009, les encours des comptes courants débiteurs et des crédits de trésorerie ont respectivement baissé de -14,6% et -6%. Pour autant, de telles baisses peuvent aussi s'expliquer par le ralentissement de l'activité économique, les entreprises faisant alors moins appel aux financements pour manque de commandes. En revanche, tout semble indiquer que les entreprises ne baissent pas les bras et continuent d'investir. Ainsi, les crédits à l'équipement à fin mai ont atteint un encours de 110 milliards de DH, soit 30% de plus qu'il y a un an et +11,6% par rapport à fin décembre 2008. Sauf que la variation entre fin avril et fin mai laisse planer un doute : l'encours a reculé tout de même d'un bon milliard de DH. Aucune conclusion ne peut être tirée tant il faudra attendre les prochains mois pour confirmer ou infirmer la tendance. En revanche, pour ce qui est des crédits aux particuliers, les chiffres semblent pour l'instant rassurants. Ainsi, l'encours des crédits à la consommation a atteint à fin mai 27,5 milliards de DH, soit +24% par rapport à mai 2008 et +9,64% pour les cinq premiers mois. Sauf accident de parcours durant les six prochains mois, cet agrégat devrait finir l'année sur une croissance des encours pas loin des 20%. Pour les crédits immobiliers la croissance sera elle aussi à deux chiffres mais de moindre importance. A fin mai, leurs encours a atteint 104,5 milliards de DH, soit +14% qu'en mai 2008 et +6,67% par rapport à décembre 2008. Et pour rester dans le secteur de l'immobilier, c'est incontestablement l'évolution des crédits à la promotion immobilière qui retient l'attention : +93% par rapport à leur niveau de mai 2008 et +29% par rapport à décembre 2008. A ce niveau, néanmoins, il faut apporter une précision de taille : certaines banques, dont le CIH par exemple, ont procédé ces derniers mois au reclassement de certaines créances qu'elles détenaient sur des promoteurs immobiliers sous forme de comptes courants débiteurs en crédits à la promotion immobilière. D'où l'extraordinaire évolution sur l'année. Au final, avec les 7,5 milliards de DH qui sont venus s'injecter dans le circuit, les banques ont pu en partie rétablir la situation après quelques signes d'essoufflement au niveau des ressources qui commençaient à inquiéter. Et pour cause, entre fin décembre 2008 et fin avril, ces dernières ont chuté de 11 milliards de DH, passant de 565 à 554 milliards de DH. Et la dernière décision de Bank Al Maghrib de baisser la réserve obligatoire de 12 à 10% -à compter du premier juillet- leur donnera une bouffée d'oxygène de 7,5 milliards de DH en plus.