Les comptes rémunérés représentent 43% des dépôts à fin février. Sur la collecte des dépôts, le Groupe banques populaires creuse l'écart sur ses concurrents directs, Attijariwafa bank et BMCE Bank. Les banques serrent la vis sur les découverts et les lignes de fonctionnement. La trésorerie des banques est restée tendue pendant les deux premiers mois de l'année. En effet, après un mois de janvier assez critique caractérisé par la baisse des dépôts, février affiche un redressement assez timide qui ne permet pas encore d'inverser la tendance. Le constat est que les ressources du système bancaire, notamment les dépôts de la clientèle qui en représentent l'essentiel, sont en recul de 1,2% par rapport à leur niveau de fin 2008, se situant à 595,1 milliards de DH. Plus que le sens de l'évolution, ce qui interpelle le plus aujourd'hui c'est l'origine ou le foyer de ce repli qui coïncide, cette fois-ci, avec la partie la plus stable et la moins coûteuse des dépôts à savoir les comptes chèques qui reculent de 0,8%, à 216,9 milliards de DH, ou encore les comptes courants (comptes à vue des entreprises) qui dévissent de 6,14%, à 87 milliards. Seuls les dépôts rémunérés que sont les comptes d'épargne et les dépôts à terme enregistrent des hausses respectives de 2%, à 66,5 milliards de DH et de 4,1%, à 160,7 milliards. Autrement dit, la structure des dépôts se déforme de près de deux points en faveur des comptes rémunérés dont la quote-part monte à près de 43%. Ce qui pourrait être annonciateur d'un changement de comportement des agents économiques plus soucieux d'optimiser le rendement de leurs encaisses (gestion dynamique de la trésorerie). Si cette tendance venait à se préciser, le renchérissement mécanique en découlant au niveau du coût refinancement des banques ne devrait pas tarder à se répercuter sur les conditions d'octroi de crédits. Mais en ramenant le taux directeur à 3,25% (voir page 43), Bank Al Maghrib permet en partie de maintenir le statu quo. Dans tous les cas, le contexte économique actuel laisse soupçonner qu'il s'agit plutôt d'une tendance de fond et non pas seulement d'un feu de paille. Toutefois, au-delà des indicateurs globaux du secteur, l'analyse par les banques fait ressortir certaines disparités. En effet, des banques comme le Groupe banques populaires (GBP) et, dans une moindre mesure, le CIH et le Crédit du Maroc se permettent le luxe d'accroître leurs dépôts. La banque au cheval qui avait repris, dès décembre 2008, son fauteuil de leader en termes de dépôts, a amélioré cette ressource capitale de 1,6%, à 153,4 milliards de DH, et de façon assez équilibrée sur tous les compartiments à l'exception des comptes courants qui cèdent 11%, à 15,11 milliards. Le groupe mutualiste creuse ainsi l'écart sur ses poursuivants immédiats Attijariwafa bank et BMCE Bank dont les dépôts reculent respectivement de 3,4%, à 145,8 milliards de DH, et de 5%, à 78,4 milliards. Décélération du crédit au logement Du point de vue des crédits à l'économie, les deux premiers mois de l'année 2009 apportent également leur lot d'éclairages, voire de surprises. Certes, le robinet du crédit n'est pas fermé puisque les concours globaux progressent de 0,7% par rapport à fin 2008 en s'établissant à 521,7 milliards de DH. Mais, en extrapolant grossièrement sur une année, cela représente une hausse projective assez timide de moins de 5% contre une moyenne de 20% enregistrée au cours des deux dernières années. Comme on pouvait s'y attendre les crédits aux logements enregistrent une légère décélération (+3,7% par rapport à décembre 2008) due vraisemblablement à la fin de l'euphorie des dernières années. Seules CIH et CDM arrivent à dépasser la moyenne du secteur avec des taux de croissance respectifs de 12,6% et de 5,5%. Toutefois, ce qui est à craindre, c'est que la décélération globale susmentionnée ne soit annonciatrice d'un mouvement plus violent puisque avec des délais de déblocage de crédit au logement parfois assez longs, il est fort probable que la production de début 2008 (origine de la croissance des encours) ne soit qu'un relent de l'année écoulée. Les états de fin juin 2009 seraient donc assez révélateurs sur l'ampleur de l'atterrissage de l'activité immobilière. Les crédits à l'équipement ont, pour leur part, progressé de 4,1% par rapport à décembre 2008, à 102,5 milliards de DH. Là aussi, le rythme est moins soutenu que par le passé, même si comparativement au même mois de l'année précédente la hausse est de 23%. Les deux foyers qui tirent réellement les encours de crédit vers le bas sont les comptes chèques et comptes courants débiteurs qui reculent presque identiquement de 6% aux seuils respectifs de 4,9 milliards de DH et 78,4 milliards de DH. Là encore, un tel fait ne peut qu'attester que les banques marocaines serrent la vis puisque généralement ce type de crédits (découverts, lignes de fonctionnement et autres) est le moins bordé en garanties. Force est de relever qu'une certaine couche est constituée de dépassements vis-à-vis des lignes pour des besoins d'appoint. D'ailleurs, certaines banques de la place ont même commencé à surfacturer ces dépassements de 100 points de base (voire plus) par rapport aux conditions déjà obtenues par le client pour les engagements en deçà des plafonds autorisés.