Seules CIH Bank et BMCE Bank of Africa minimisent les dégâts. La première parvient à contenir la baisse de ses revenus à 2%, à 1,9 milliard DH, quant à la filiale du Groupe Financecom elle maintient quasiment le statu quo sur une année, à 6,6 milliards DH. L'heure est au bilan dans le secteur bancaire. La bataille que se sont livrée quasiment tous les établissements de la place sur les taux de crédit a eu des conséquences non négligeables. Les huit principales banques commerciales ont, en effet, vu leurs revenus d'intérêts se déprécier de 2 milliards DH l'année dernière, du fait de la guerre sur les taux, ainsi qu'il ressort des communications financières publiées durant tout le mois de mars, spécifiquement les comptes sociaux qui reflètent le comportement de l'activité au Maroc. Au lieu de près de 39,3 milliards DH de produits d'intérêts empochés en 2015, les banques ont drainé 37,3 milliards en 2016, ce qui marque un recul de près de 5%. Quasiment aucun établissement ne fait exception à la règle, l'essentiel des opérateurs ayant enregistré des baisses de leurs produits d'intérêts entre 4 et 6%. Attijariwafa bank et la Banque populaire subissent des régressions de 5 et 6% avec des produits d'intérêts établis à 10,3 et 6 milliards DH respectivement. Crédit du Maroc enregistre un recul de 4% et Société Générale approche les 6% de recul. BMCI et Crédit Agricole Maroc y laissent encore plus de plumes avec des produits d'intérêts de 7% pour la première et même plus de 10% pour la deuxième. Seules CIH Bank et BMCE Bank of Africa minimisent les dégâts. La première parvient à contenir la baisse de ses revenus à 2%, à 1,9 milliard DH, quant à la filiale du Groupe Financecom elle maintient quasiment le statu quo sur une année, à 6,6 milliards DH. Bien sûr l'on pourrait expliquer cette décrue des revenus d'intérêt aussi par un ralentissement de la distribution de crédits. Mais le fait est que ceux-ci ont été bien orientés l'année dernière. L'encours de créances sur la clientèle a crû de près de 3,5%, à 753,8 milliards DH, ce qui constitue une prestation appréciable dans la conjoncture qui a prévalu en 2016. Ceci sans prendre en considération les créances sur les sociétés de financements (argent prêté par les banques à leurs filiales spécialisées) qui génèrent elles aussi des revenus d'intérêt en règle générale pour les banques et qui ont connu une croissance de près de 7% l'année dernière, à 60,8 milliards DH. Même en examinant la situation de chaque établissement au cas par cas, il en ressort que tous se sont arrangés dans l'ensemble pour faire croître leurs stocks de financements l'année dernière. La banque centrale a multiplié les mises en garde ces derniers temps En parallèle, le taux débiteur moyen tous types de financements confondus, établi par Bank Al-Maghrib à travers des enquêtes trimestrielles, est passé sur l'année 2016 de 5,49 à 5,17%. Pour les particuliers, le crédit à la consommation est descendu en moyenne de 7,12 à 6,64% et le crédit immobilier chute de 5,76 à 5,15%. Pour les entreprises, les crédits de trésorerie chutent de 5,48 à 5,24% tandis que les crédits à l'équipement régressent de 4,76 à 4,43%. Dans une certaine mesure, les banques ont amorti le choc de la baisse des taux grâce à un allégement de leurs charges d'intérêts correspondant d'une part aux intérêts qu'elles paient dans le cadre de dettes envers Bank Al-Maghrib, le Trésor public ainsi qu'envers d'autres établissements de crédit et d'autre part aux rémunérations versées à la clientèle détenant des comptes rémunérés (comptes sur carnet, dépôts à terme...). En chiffres, grâce à la baisse des taux de référence, la charge d'intérêt des établissements a diminué de près de 1,3 milliard DH en 2016 par rapport à 2015. A un peu plus de 14 milliards DH leur fardeau s'est ainsi allégé de plus de 8%. Mais même si cela permet au final aux banques de maintenir la rentabilité de leur activité, au même titre que le bon comportement de la marge sur commissions et pour certaines de la marge sur les activités de marché, Bank Al- Maghrib semble soucieuse de voir les produits d'intermédiation des opérateurs revenir à la croissance qui les a caractérisés sur les dernières années. C'est à ce titre que l'institution a multiplié les mises en garde sur les dernières semaines quant aux risques que représentent les taux bas. Les établissements ne manquent pas aujourd'hui d'y réagir et laissent entendre qu'ils comptent limiter sur les prochains mois leur course aux taux cassés.