Ministres, anciens ministres, maires sortants…, les têtes d'affiche ne manquent pas. Rabat, le groupe de la mort : Oualalou, Lachgar, Chaà¢bi, Bahraoui, Daoudi dans l'arène. A Casablanca, Yasmina Baddou, Karim Ghellab, le fils du Premier ministre, Fihr El Fassi, et le maire sortant de la ville, Mohamed Sajid, affronteront de nombreux candidats. Place au vote ! La campagne électorale en vue des élections communales prévues ce vendredi 12 juin s'est officiellement terminée jeudi 11 à minuit. Lancée le 29 mai, elle a démarré de manière plutôt timide, avant de prendre de l'ampleur au fil des jours. Tout en ayant recours aux méthodes traditionnelles de démarchage des électeurs – affiches, tracts, porte-à-porte, rencontres -, les candidats n'ont pas hésité à faire appel aux nouvelles technologies. Des vidéos sur Youtube aux groupes créés sur Facebook, en passant par des techniques nettement plus tape-à-l'œil, comme des mobylettes «sandwich» arborant les logos des partis ou des affiches à l'image des candidats, ou encore ces tracteurs qui ont pris d'assaut plusieurs villes, les partis ont rivalisé d'ingéniosité pour charmer les électeurs. Toutefois, et comme il fallait s'y attendre, cette période a aussi été l'occasion d'enregistrer les premiers abus, même si plusieurs témoins reconnaissent qu'ils sont globalement moins nombreux que par le passé. En début de semaine, le PJD, le RNI et l'Istiqlal avaient déjà déposé une plainte contre Driss Sentissi, maire sortant de Salé aux couleurs du Mouvement populaire, accusé d'avoir abusé de sa position pour renforcer ses chances de rempiler, rapporte Jamaâ Moatassim, candidat PJD dans la même ville. Un peu partout à travers le pays, des agressions et des bagarres ont également été enregistrées. «Deux de nos camarades ont été attaqués à l'arme blanche à M'diq, deux autres ont également été enlevées non loin de Nador, battues, puis livrées à la gendarmerie. Elles étaient allées faire campagne dans une zone considérée comme le territoire d'un baron de la drogue, aujourd'hui, leurs agresseurs affirment les avoir surprises en train de distribuer de l'argent, comme si de jeunes femmes pouvaient être chargées d'une telle tâche», explique Mohamed El Aouni, responsable communication du Parti socialiste unifié (PSU). Rhamna où se présente Fouad Ali El Himma, fondateur du Parti authenticité et modernité (PAM), n'a pas été épargnée non plus : on y accuse plusieurs candidats d'avoir distribué de l'argent, mais, à l'heure où nous mettions sous presse, mercredi 10 juin, aucun indice concret ne venait prouver ces affirmations. Qu'à cela ne tienne, vendredi 12 juin, c'est l'heure de vérité pour les candidats, qui, dans certains cas, ne pourront accéder aux fauteuils de conseillers communaux qu'au terme d'un parcours du combattant qui devra impérativement se solder par la récolte d'au moins 6% des voix. Petit tour des circonscriptions à risque. Le groupe de la mort à Rabat Sans surprise, cette année, la capitale a amplement mérité sa réputation de circonscription de la mort. A Youssoufia où le maire sortant de Rabat s'est présenté à la tête de la liste du Mouvement populaire, Omar Bahraoui affronte, entre autres, Khalid Assouab (USFP), Abdesslam Belaji (PJD) et Saïd Yabou (PI). Dans la circonscription de Agdal Riad, la tension a été encore plus forte en raison de la présence de poids lourds comme Fathallah Oualalou, ex-ministre USFP des finances, Mohamed Réda Benkhaldoune, député PJD, Mohamed Benhamou, ex-secrétaire général du parti de l'Initiative citoyenne pour le développement devenu membre dirigeant du PAM, Abdelilah Bouzaïdi (PI), ou encore Mohamed Bennani (CNI), soutenu par le PSU et le PADS. A Hassan, où l'ambiance a été tout aussi tendue, les électeurs sont amenés à faire un choix entre Saâd Benbarek (RNI), président sortant de l'arrondissement, Lahcen Daoudi, numéro 3 du PJD, Ahmed Errih (USFP), Mohamed Akdim (PSU), Mohamed Jirari (MP) ou encore Hassan Cherkaoui (Istiqlal). Idem pour Yacoub El Mansour où Mohamed Sassi, ex-dirigeant de la Chabiba de l'USFP, devenu l'idéologue du Parti socialiste unifié, se présente avec le soutien du PPS face à Hassan Tariq, président sortant de la même jeunesse ittihadie. Durant cette campagne, les deux hommes ont également dû affronter Lhoucine Kerroumi (RNI), président sortant de l'arrondissement, Hakim Benchamach (PAM), Hassan Chboub (PJD), Fatah El Aouni (MP) ou encore Allal Mahnine (Istiqlal). Même scénario dans le Souissi, quartier chic de la capitale où une guerre sans merci aura opposé Faouzi Chaâbi (RNI) à l'ex-président du groupe parlementaire de l'USFP, Driss Lachgar, Mohamed Tahir (PJD), Abdelkébir Berkia (PI), ou encore Abdelatif Ouajoul (PPS). Une bataille qui pourrait mener à une autre, au cas où Lachgar et Oualalou auraient accédé tous les deux au poste de conseiller. En effet, si les deux hommes sont élus, leur parti devra trancher pour la course à la mairie de la capitale, avant que des divergences internes ne mettent un terme aux prétentions du parti jusqu'en 2015. De l'autre côté du Bouregreg, Salé aura aussi eu droit à ses batailles. Dans la circonscription de Tabriket, le maire sortant de la ville aux corsaires, Driss Sentissi (MP), aura eu fort à faire face au ministre de l'emploi et de la formation professionnelle, Jamal Rhmani, Jamaâ El Moatassim (PJD) et Mohamed Aouad (PI). A quelques kilomètres de là, dans le quartier chaud d'El Ayayda, son frère, Omar Sentissi (MP), affronte Mohamed Zitouni (PJD), Najib Benchami (USFP) ou encore Mohamed Ben Taouil (PI). Casablanca, des rejetons dans la fosse aux lions Plus au sud, Casablanca n'est pas en reste. Certes, la capitale économique a connu le retrait de plusieurs poids lourds, dont les ministres RNI Nawal El Moutawakil, prise par ses engagements à l'international, et Salaheddine Mezouar, qui, en tant que ministre des finances, aura fort à faire dans le contexte actuel de crise économique. L'échec des partis de gauche à unir leurs forces dans la région du Grand Casablanca (voir encadré) a également un peu dilué les combats. Toutefois, les duels de l'arène casablancaise gardent toute leur intensité. A Anfa, Yasmina Baddou (Istiqlal), ministre de la santé et présidente de l'arrondissement d'Anfa, devra se mesurer, entre autres, à Bassima Hakkaoui, députée PJD, Adnane Debbagh (USFP), Houssein Roumi (RNI), Mohamed Fakhir (UC) et Ahmed Benami (PPS). A Sbata, un autre ministre istiqlalien, Karim Ghellab, ministre de l'équipement et du transport, président sortant de l'arrondissement en question, se devait de batailler pour se faire réélire. Présenté comme un candidat potentiel à la présidence du conseil de la ville, il affronte Tahar Seddiki (USFP), Saïd Kachani (PJD), Redouane Saoudi (UC) ou encore Abdesslam Aït Moudden (PPS). Dans la circonscription de Hay Mohammadi, fief traditionnel de l'ex-patron de l'UGTM, Abderazzak Afilal, c'est le fils de ce dernier, Ahmed Afilal (PI) qui reprend le témoin. Il y affronte Abdelmaksoud Rachdi (USFP), fondateur de l'association Achouala, Rachid Louchkini (PJD). A Sidi Belyout, c'est un autre descendant, Fihr El Fassi (Istiqlal), fils du Premier ministre Abbas El Fassi, qui se présente, face à Kamal Dissaoui (USFP), Hafid Bekali (PJD) ou encore Moulay Youssef Alaoui (UC). A Ben Msick, Mohamed Hafid (PSU), ex-dirigeant de la Chabiba Itihadia, affronte Abdellah Khili (PJD), Mohamed Jaoudar (UC) et Mustapha Rachid (Istiqlal). Dans le quartier Maârif, Mustapha Ibrahimy, député USFP et vieux routier des communales, est aux prises avec le président de l'Ordre national des architectes, Omar Forkhani (PAM), qui se présente sous les couleurs du PAM et Abdessamad Haykar (PJD). Enfin, à Aïn Chock, le maire sortant de la capitale économique, Mohamed Sajid, candidat à sa réélection à la tête du conseil de la ville, devra, entre autres, faire face à Baali Sghir (USFP), Mohamed Fahim (Istiqlal) et Mustapha Benane (PJD). A Meknès, le PJD donné favori Plus au nord, les villes de Fès et Meknès ne seront pas moins disputées. Hamid Chabat (Istiqlal), le turbulent maire sortant de la capitale spirituelle et nouveau patron de l'UGTM, ne cache pas son souhait de récupérer son poste à l'issue de ce scrutin. Pour y arriver, il devra commencer par affronter, au niveau de la circonscription de Zouagha, Hassan Boumchita (PJD), Mohamed Bekali (USFP), Hassan El Aboudi (MP) ou encore Abderrahim Karfa (PSU). A quelques kilomètres de là, dans la commune de Fès-Agdal, un autre poids lourd de l'UGTM, Mohamed Titna Alaoui (Istiqlal), présente également sa candidature. A Meknès, en revanche, le candidat de l'Istiqlal, Abdelouahed Ansari, parlementaire, et celui du PPS, Mohamed Khoukhchani, auront fort à faire face à Abdellah Bouanou (PJD), ex-bras droit du maire sortant, Aboubakr Belkora, qui est assuré de remporter une part des voix non négligeable dans la capitale ismaélienne. A noter au passage que Mohamed El Achaâri, ex-ministre de la culture et candidat malheureux aux législatives de 2007, ne se présente pas aux élections. Plus au nord, Rachid Talbi Alami (RNI), maire sortant de Tétouan et candidat à sa propre succession, a des chances de se faire réélire. Son voisin, le maire USFP de Tanger, Dahmane Derhem, risque d'avoir un peu plus de mal à y parvenir. Candidat face à Abdellatif Lechheb (PPS), ex-président du conseil de la ville et Mohamed Larbi Bourass (Istiqlal), il risque fort de trouver sur sa route vers la mairie un autre concurrent de taille, Najib Boulif (PJD). A Marrakech, Reffouch contre Reffouch Au sud de Casablanca, à Berrechid, le divorce avec le PAM ne semble pas avoir affecté Abdellah Kadiri outre mesure. Ce dernier, en effet, après avoir déposé les statuts d'un nouveau parti, le PDN, se présente dans la ville comme tête de liste du Parti du renouveau et de l'équité de Chakir Achehbar. Le concerné prévient toutefois qu'il ne s'agit là que d'un emprunt, dans la mesure où sa nouvelle formation n'avait pas obtenu son récépissé avant la clôture des inscriptions aux élections communales. Plus loin, le PAM semble avoir mis la chance de son côté. C'est le cas de Benguérir, où Fouad Ali El Himma, à moins d'une grosse surprise, a toutes ses chances de prétendre au titre de maire de la commune. Son oncle, Hamid Narjisse, ancien colistier lui aussi aux couleurs du PAM, a décidé d'entrer dans la mêlée à Marrakech où la lutte pour les siège sera dure. Détail anecdotique pour la ville ocre : les membres d'une même famille, Reffouch, se présentent sous différentes étiquettes. Les deux frères, Mahjoub et Abdellah, se présentent sous la bannière de l'UC dans les circoncriptions de Sidi Youssef Ben Ali et Annakhil, tandis que le fils du second, Najib, se présente au nom du PAM à Marrakech Médina où il affrontera le maire UC de la ville, Omar Jazouli, Mohamed Laroussi (MP) et Younes Benslimane (PJD). Enfin, à Laâyoune, les élections prendront une coloration légèrement tribale. Elles devraient en toute probabilité déclencher une nouvelle bataille entre les Ould Rachid – représentés par Hamdi Ould Rachid (Istiqlal), et le clan Derhem, représentés par Hassan Derhem (USFP). Face à cette situation, le PPS tente de jouer la carte de la diversification tribale, en présentant Ali Roubbane, 22 ans. Reste à savoir si ce dernier fera le poids face aux dinosaures locaux. Quel sera le bilan des élections de ce vendredi ? Qui des 130 000 candidats les électeurs, appelés aux urnes à travers le Maroc, auront désignés pour occuper les 27 795 sièges en jeu ? Une chose est sûre, même au lendemain de l'annonce des résultats, ce ne sera qu'une première manche. Reste l'autre bataille, très attendue, des mairies et, pour boucler la boucle, le renouvellement, début octobre, du tiers de la Chambre des conseillers.