La reconnaissance par les USA de la marocanité du Sahara a donné un élan sans précédent à ce dossier. En parallèle, l'importance du Maroc en tant qu'acteur économique et géopolitique régional va grandissant. La Chambre des conseillers est en passe d'adopter une convention signée entre le Maroc et Israël, en février dernier, sur la coopération économique et commerciale. Le projet de loi, validé par la 1ère Chambre, devrait être adopté en même temps qu'une autre convention sur la coopération en matière de transport aérien. Les deux textes devraient formaliser un cadre de coopération déjà existant dans les deux domaines. Les échanges commerciaux, entre les deux parties, ont connu, en effet, un bond de 925% en octobre par rapport à la même période de l'année dernière, selon l'Abraham accords peace institute (AAPI). L'explosion du tourisme, et donc la multiplication des vols directs, n'a pas non plus attendu la mise en place de ce formalisme juridique. L'accord tripartite n'a pas que des avantages économiques. En ce sens, et en septembre dernier, le Secrétaire d'Etat américain a notamment évoqué des avancées «transformatrices» réalisées à la faveur de l'accord tripartite de rétablissement des relations entre le Maroc et Israël. Le responsable américain a, en même temps, réitéré l'engagement des Etats-Unis à contribuer à «renforcer et approfondir» ces partenariats. Diplomatie, économie, défense, sécurité, culture, mais aussi science, éducation et santé, jamais des accords de coopération n'ont englobé autant de domaines en même temps et atteint un niveau aussi avancé en si peu de temps. En deux ans à peine, et comme le soulignent nombreux observateurs, la coopération entre les deux pays va au-delà d'une «simple normalisation diplomatique». Ou pour être plus exact, «reprise» des relations diplomatiques. Cette coopération s'est transformée en un partenariat stratégique qui est en train de modifier l'équilibre dans la région, avec et c'est peu dire, l'émergence du Maroc en tant qu'acteur, pour ne pas dire puissance régionale de premier rang. La reconnaissance, le 10 décembre 2020, par le Président américain de la marocanité du Sahara, la signature quelques jours plus tard, le 22 décembre, de l'accord tripartite entre le Maroc, les Etats-Unis et Israël, n'a pas tardé, en effet, à remodeler la nature des équilibres géopolitiques dans cette zone de l'Afrique du Nord et bien au delà. En deux ans, deux projets de résolution du Conseil de sécurité rédigés par les Etats-Unis dans la droite ligne de leur nouvelle position, sont passés comme une lettre à la poste. Fait notoire, la Chine a voté les deux résolutions et la Russie s'est contentée d'y opposer timidement quelques objections avant de finir par s'abstenir au moment du vote. En deux ans, l'Espagne et l'Allemagne ont changé de position sur le dossier du Sahara. L'influence américaine y est pour beaucoup, d'une manière ou d'une autre. Simple coïncidence peut-être, mais depuis la signature de l'accord tripartite, on ne compte plus le nombre des appuis à la position marocaine et à la marocanité du Sahara. Des appuis venant de toutes les régions du monde. Cela au point que le Royaume, fort de ses alliances multiples et diversifiées, est aujourd'hui en mesure d'exiger et d'obtenir une plus grande clarté de la part de ses partenaires. Un sommet à Dakhla en 2023 Sur le terrain, la réalité a nettement changé. Les FAR répondent de la manière la plus ferme aux multiples provocations de la milice du Polisario au delà du dispositif de sécurité. Et c'est un secret de polichinelle que d'affirmer que grâce aux drones le Maroc détient la suprématie absolue sur le terrain. Et des drones justement, le Royaume, comme l'évoque la presse, notamment israélienne, en a acquis un lot conséquent auprès de ce pays. Et, toujours dans le cadre de l'accord de défense entre les deux Etats, il est même sur le point d'en construire localement. Ce serait le point de départ, ou du moins un des piliers, de la toute nouvelle industrie militaire que le Royaume vient de lancer. Signe du caractère unique de la reprise des relations entre le Maroc et Israël, ce dernier a connu par deux fois le changement du gouvernement ces deux dernières années, mais la détermination d'aller de l'avant dans la coopération avec le Royaume est encore plus forte. Cela se reflète nettement dans une récente déclaration de l'ex-ministre de la Justice et de la Sécurité intérieure, aujourd'hui député du Likoud – parti qui vient de gagner les élections –, Amir Ohana. En effet, a-t-il affirmé, «nous souhaitons aller plus loin et consolider les acquis». Le Maroc, «comme c'est un pays qui a une place toute spéciale, nous souhaitons renforcer la coopération bilatérale (avec lui, NDLR) et passer à la vitesse supérieure». Signe que, juste après la nomination du nouveau gouvernement de Netanyahou, le ballet diplomatique et les visites des officiels israéliens au Maroc vont sans doute reprendre rapidement et de plus belle. Sur un autre volet, et à en croire des médias israéliens, la seconde édition du Sommet du Néguev, prévue en 2023, devrait avoir lieu dans le Royaume, à Dakhla, plus précisément. Rappelons-nous, lors de la première édition de cet événement historique qui a réuni, fin mars, Israël, les Etats-Unis, l'Egypte, les Emirats Arabes Unis, Bahreïn et le Maroc au désert du Néguev, le chef de la diplomatie marocaine avait annoncé à l'issue de cette réunion : «J'espère qu'on se reverra bientôt dans un désert différent mais avec le même esprit». Le souhait est sur le point d'être exaucé. Ce n'est pas une simple réunion de ministres des affaires étrangères de cinq pays, nombre appelé à évoluer, mais c'est d'une alliance régionale en devenir qu'il s'agit.
Economie : Coopération au sens large Agriculture, industrie, technologie, énergies renouvelables, tourisme… Difficile de trouver un domaine qui ne soit pas touché dans la coopération entre le Maroc et Israël. Ainsi, dans le domaine économique de manière globale, et lors de la visite à Rabat en février dernier de la ministre israélienne de l'Economie et de l'Industrie dans l'ancien gouvernement, Orna Barbivay, les deux pays ont signé un accord visant à augmenter la valeur annuelle des échanges commerciaux au cours des cinq prochaines années de 131 millions à 500 millions de dollars. Pour le moment, trois secteurs sont priorisés : l'agroalimentaire, l'automobile et le textile. Moins d'un mois plus tard, le ministère marocain de l'Industrie et du Commerce, Ryad Mezzour, et Israël Aerospace Industries (IAI) ont signé un protocole d'accord pour le développement de l'industrie aéronautique et aérospatiale civile au Maroc. Dans la foulée, et à l'occasion d'une visite de la ministre de l'Intérieur de l'Etat hébreu dans notre pays, il a même été évoqué un partenariat en termes de main-d'œuvre. L'accord signé fin juin pour l'embauche de travailleurs marocains dans les secteurs des soins infirmiers et de la construction en est une première concrétisation. Les acteurs économiques des deux pays n'ont pas tardé à se joindre à cet élan. Tenu en mars dernier, en marge du vol inaugural Casablanca-Tel Aviv de la RAM, le premier Forum économique Maroc-Israël a connu la participation de 80 chefs d'entreprises marocains et de plus de 300 entreprises israéliennes opérant dans différents secteurs dans l'objectif de poser les jalons d'un partenariat économique et commercial fort, durable et créateur de valeur ajoutée et d'emplois. De cette rencontre, un conseil d'affaires est né avec pour mission de maintenir le lien entre les milieux d'affaires des deux pays.