Sahara marocain, bilan de la reprise des relations diplomatiques, prochain Sommet du Neguev, l'ex-ministre de la Justice et de la Sécurité intérieure, pressenti dans le nouveau gouvernement de Benjamin Netanyahu, s'est confié à « L'Opinion » en marge du forum MEDays. L'actuel député de la Knesset dresse le tableau des relations maroco-israéliennes après le retour du Likoud au pouvoir. Entretien. - Votre parti , le « Likoud », vient de triompher dans les élections législatives et a de fortes chances de présider le prochain gouvernement, que comptez-vous faire concernant les relations avec le Maroc ? - Oui, les élections ont été un véritable triomphe pour le parti auquel j'appartiens. Cela dit, je pense qu'il est probable que je serais en position de contribuer moi-même dans le développement des relations entre nos deux pays. On veut parler plus de coopération et d'alliance que de conflit. Certes, nous étions au gouvernement qui a signé les accords d'Abraham et nous en sommes très fiers. Mais nous souhaitons aller plus loin et consolider les acquis. En ce qui concerne le Maroc, comme c'est un pays qui a une place toute spéciale, nous souhaitons renforcer la coopération bilatérale et passer à la vitesse supérieure. - Concernant le Sommet du Neguev, Nasser Bourita a fait part de son souhait de voir la prochaine édition se tenir au Sahara marocain. Qu'est-ce que vous en pensez ? - Personnellement, rien ne me fera autant plaisir que de se réunir au Sahara aux côtés de nos collègues marocains et arabes. Je partage absolument le même souhait. Permettez-moi de vous confesser une chose. Quand je suis arrivé à MEDays, vous n'imaginez pas combien j'étais ravi de voir le drapeau de mon pays flotter aux côtés des autres pays participants. Donc, j'éprouverai autant de joie si j'ai l'occasion de participer au prochain Sommet du Neguev au Maroc. - Pensez-vous qu'il est temps qu'Israël reconnaisse la marocanité du Sahara ? - Je sais très bien que le Sahara est un dossier très sensible et une cause vitale et chère aux Marocains. Comme c'est si important, je trouve que parmi les choses que nous devrons envisager si nous dirigeons le gouvernement, c'est reconnaître officiellement la marocanité du Sahara. - Vous allez bientôt célébrer le deuxième anniversaire du rétablissement des relations diplomatiques, quel bilan en faites-vous, vous qui étiez dans le gouvernement qui a signé la déclaration tripartite ? - Pour nous, le Maroc n'est pas un Etat arabe comme les autres et a une place toute particulière dans le coeur des Israéliens, dont une grande partie d'entre eux est issue de parents marocains. J'en suis la parfaite illustration, mon père vient de Marrakech et a vécu à Rabat tandis que ma mère est originaire de Ouazzane. J'ai eu l'occasion de revenir au Maroc après la signature de la déclaration tripartite. Au cours de notre visite, nous avons retrouvé le mellah et les traces de notre passé. Pour ma part, j'ai ressenti la chaleur et la convivialité de la société marocaine. C'est pour cela que nous, les Israéliens, malgré la distance, sommes si attachés au Maroc que nous considérons notre pays. Personnellement, j'ai eu l'immense privilège d'être membre du gouvernement qui a signé les accords d'Abraham dont l'accord rétablissant les liens diplomatiques avec le Maroc. Ce n'est que le prélude d'une profonde amitié qui se raffermit à mesure que le temps passe.
« Le Maroc est bien placé pour jouer le rôle de médiateur avec les Palestiniens » - Etes-vous satisfait du bilan des gouvernements de Naftali Bennett et Yair Lapid concernant les relations avec le Maroc ? - À mon avis, ils n'ont pas fait assez d'efforts pour pousser les relations au niveau qu'on espérait. Certes, il y a eu plusieurs échanges de visites qui se sont soldés par des accords de coopération, mais il vaut mieux se focaliser plus sur les investissements. Je pense qu'il est indispensable de multiplier les investissements au Maroc et y ramener plus d'investisseurs. Nous avons beaucoup de choses à partager. Comme vous le savez sans doute, nous nous considérons comme une «startup nation», une nation d'innovation numérique. Donc, nous souhaitons, si nous dirigeons le prochain gouvernement, travailler plus sur ce domaine. - On devrait s'attendre donc à l'arrivée de plus de délégations israéliennes et plus d'investisseurs dans les prochaines années ? - Oui, absolument, ce sera une priorité pour nous. - Le Maroc demeure, comme vous le savez, attaché à la cause palestinienne, comment le Royaume peut-il contribuer à vos yeux à la résolution du conflit et de faciliter le dialogue entre vous et les Palestiniens ? - Je comprends parfaitement la position du Maroc. Mais permettez-moi de vous expliquer comment nous percevons les choses. Je rappelle que le conflit n'a pas commencé en 1967. Je reconnais que la situation est complexe puisque le dialogue est difficile. Pour être honnête, je pense que la paix prendra beaucoup de temps. Mais, il est temps de commencer dès maintenant à oeuvrer pour la paix. Pour ma part, je suis de nature optimiste. Pour répondre à votre question, j'estime que le Maroc est absolument bien placé pour jouer le rôle de médiateur comme il l'a toujours si bien fait. J'ajoute aussi que le Maroc est, par sa nature, par sa modération, un faiseur de paix et un interlocuteur crédible en la matière et qui est digne de confiance pour déployer ses bons offices. Son rôle est très significatif à nos yeux. - Quelle est votre vision de la paix ? - Notre vision de la paix se base sur deux piliers. Le premier est l'éducation. Là, il faut que les Palestiniens apprennent à accepter eux aussi l'idée d'une coexistence pacifique avec les Israéliens. Le deuxième pilier est l'économie dont une coopération plus étroite permettra de construire plus de ponts entre nos deux peuples. C'est ça notre vision des choses. - Israël est connu pour avoir de nombreux ministres et de personnalités politiques et économiques influentes d'origine marocaine, comment vous expliquez cette réussite ? - La communauté israélienne d'origine marocaine est nombreuse, comme vous le savez. Elle constitue plus de 10% de la population qui font partie de 20% des Israéliens d'origine arabe. S'agissant des hommes politiques, ce qui est impressionnant, c'est que plusieurs d'entre eux sont nés au Maroc. Il est d'autant plus normal de voir une si éclatante réussite que la communauté d'origine marocaine est si bien intégrée dans la société israélienne. Je vous annonce même une nouvelle. Dans le prochain gouvernement, vous allez sûrement voir plus de ministres d'origine marocaine que son prédécesseur. Recueillis par Anass MACHLOUKH Israël : un nouveau gouvernement avec une nouvelle perspective
Le 1er novembre, le destin d'Israël se jouait dans les urnes. La droite est revenue au pouvoir après la victoire de la coalition conduite par le Likoud de l'ex-Premier ministre Benjamin Netanyahu, qui a obtenu 32 sièges à la Knesset. Ses alliés, partis ultra-orthodoxes, en ont eu 18, tandis que 14 sièges ont échu à une alliance d'extrême droite. En gros, la coalition de Netanyahu a raflé 64 sièges, selon les résultats annoncés par la commission électorale. Une sévère défaite pour le bloc du Premier ministre sortant Yaïr Lapid. Le bloc centriste a remporté 51 sièges. Ainsi, la droite israélienne retourne au pouvoir, celle qui a signé les accords d'Abraham. La nouvelle coalition, dont les contours se profilent à mesure que le temps passe, semble vouloir élargir la liste des Etats arabes ayant un accord de paix avec Israël. Rappelons que le Maroc et Israël ont rétabli leurs relations diplomatiques le 10 décembre 2020. Les deux pays ont signé aux côtés des Etats Unis la déclaration tripartite en vertu laquelle la reprise a été actée, en plus de la reconnaissance américaine de la souveraineté du Maroc sur le Sahara. Depuis lors, une série d'accords ont été signés entre les deux pays dans différents domaines (tourisme, innovation, éducation, investissements, etc...) dont l'accord de coopération militaire qui s'articule sur le renseignement, l'armement et le développement de l'industrie militaire. A cela s'ajoute l'ouverture des bureaux de liaison et le passage progressif vers un niveau de représentation diplomatique plus élevé.