Le doublement des capacités aériennes est indispensable pour développer l'activité touristique dans la région. Les professionnels nourrissent de fortes attentes vis-à-vis du partenariat RAM-ONMT. Les compagnies aériennes et les tour-opérateurs sont encore à convaincre pour un retour sur la destination. La destination Agadir ne désemplit pas depuis le début de la saison d'été. Le retour des touristes est en force en cette période estivale et a déjà atteint son pic. Les établissements touristiques de la ville comme le segment informel composé d'appartements et de maisons individuels font le plein. Difficile de circuler dans la station balnéaire et les plages qui sont bondées jusque tard dans la nuit. Face à cette affluence sur le front de mer, beaucoup de touristes étrangers préfèrent se terrer dans les espaces piscines des hôtels. Outre le taux de remplissage des infrastructures hôtelières petites et grandes, l'activité dopée par les touristes nationaux et les MRE a de fortes retombées sur le petit commerce dans toute la ville.
Multiplier les conventions La reprise se confirme ainsi. Les professionnels du tourisme à Agadir disent rester toutefois sceptiques pour les mois à venir. «80% de mon activité incoming est sur Marrakech», souligne amèrement un agent de voyages d'Agadir en parlant de la desserte aérienne de la station balnéaire, qu'il juge insuffisante. Pour nombre d'hôteliers de la station balnéaire et autres acteurs du voyage dans la destination les nouvelles liaisons mises en place ne sont pas véritablement adaptées aux marchés de prédilection d'Agadir, que sont la France, l'Allemagne et l'Angleterre. Aussi, pour relever le défi de la reprise, les opérateurs appellent au renforcement des capacités et de la connectivité aériennes. Ce qui nécessite la multiplication des conventions avec les tour-opérateurs (TO) et la mobilisation de plus d'appareils et donc de sièges. La saison d'été 2022 sur l'Aéroport Al Massira d'Agadir est marquée en termes de connectivité tous marchés étrangers et compagnies confondus par une cinquantaine de lignes dont 11 nouvelles selon les informations de source institutionnelle. Mais pour les professionnels cela reste très insuffisant. Le marché allemand qui a été depuis toujours un des premiers marchés émetteurs de la destination est aujourd'hui quasi absent dans la station balnéaire. «Il est urgent de renforcer l'aérien pour faire revenir ce marché dans lequel nous avons déjà des acquis», souligne un opérateur touristique. Lors de l'été 2019 un nombre de 22 vols/semaine arrivaient sur la station balnéaire à partir du marché allemand. Aujourd'hui, seulement quatre vols par semaine desservent Agadir en provenance des villes allemandes. Pourtant, à l'instar de la destination ibérique où plusieurs villages touristiques d'allemands sont complets toute l'année, les touristes de ce marché sont prêts à venir plus nombreux à Agadir pour profiter du climat ensoleillé en hiver, si la desserte aérienne le permet, indique un professionnel. Les marchés anglais, français et belge ont aussi besoin d'une meilleure connexion aérienne vers Agadir. Doper les arrivées De l'avis de tous, une bonne programmation aérienne est incontournable pour une reprise rapide et durable de l'activité touristique. Dans la station balnéaire, au vu des nouveaux investissements dans les infrastructures hôtelières à travers Taghazout et la mise à niveau du parc hôtelier d'Agadir, le développement de l'activité touristique passe par le doublement de la capacité aérienne. «Notre offre hôtelière existante peut absorber deux fois plus de sièges aériens que durant l'année de référence 2019», lance un hôtelier. Mais la mise en place de nouvelles routes et la programmation de la destination par les compagnies étrangères nécessitent que les choses soient prises en considération dès aujourd'hui pour des résultats à moyen et long termes. Dans ce contexte, les opérateurs économiques du tourisme attendent beaucoup du partenariat conclu en juin dernier entre la Royal Air Maroc et l'ONMT. Rappelons qu'à travers cette convention les deux parties veulent agir en synergie pour le renforcement d'une meilleure connectivité du Maroc à travers notamment la mise en place de nouvelles liaisons aériennes point à point entre le Maroc et ses marchés stratégiques. Il est question aussi de développer une politique commune de promotion et de marketing de la destination. Pour les acteurs du tourisme à Agadir, la France, l'Allemagne, le Royaume-Uni, la Belgique, la Scandinavie, l'Autriche et la Suisse, sans oublier le tourisme national, sont les marchés prioritaires à renforcer par plus de connexions aériennes. Les Pays-Bas, les pays de l'Europe de l'Est, le Portugal, le Moyen-Orient, la Russie et l'Asie centrale, sont d'autres marchés potentiels à développer. Au risque de se répéter, cela ne pourrait cependant se faire sans le doublement des capacités aériennes avec l'implication des compagnies aériennes et des tour-opérateurs. Reste à les convaincre. Et pour ce faire, il convient, de l'avis des professionnels, de donner les moyens nécessaires à l'ONMT. Aux professionnels du tourisme de la ville de faire du loobying pour faire avancer les choses en faveur de la destination. Le levier de l'aérien pourrait doper les arrivées dans la station balnéaire et créer un cercle vertueux avec des retombées économiques sur tous les écosystèmes de toute une région.