Dans quelques jours, le 8 mars, journée internationale de la femme, sera l'occasion de célébrer un peu partout dans le monde, dans un élan de communion, le droit des femmes. Cette journée de la femme ou «journée des droits de la femme», est l'occasion de valoriser le combat permanent mené par de nombreuses militantes pour plus d'égalité, de justice et de développement. Notre pays est à un tournant de son histoire, marqué par des changements profonds sur le plan économique, sociétal, technologique... Pour servir les enjeux du développement durable, et accompagner ce changement dans un sens positif, nous devons dès maintenant faire le choix de renforcer la participation effective de la femme à tous les niveaux de l'entreprise et notamment aux postes de responsabilité. Nous ne pouvons que nous réjouir de la bataille gagnée récemment au sujet des quotas en entreprise. Elle a permis d'introduire dans «les sociétés anonymes» plus d'équilibre entre genres au niveau des fonctions de responsabilité. Parfois, pour arriver à l'égalité des chances, ne faudrait-il pas passer paradoxalement par la discrimination positive, qui en réalité porte la compétence et non pas le genre seulement aux sphères managériales. Cette discrimination positive vient contrebalancer une discrimination de «fait» qui existe déjà dans une société où l'activité économique, le pouvoir de décision sont accaparés par les hommes au vu des statistiques nationales, et d'études à l'international. La discrimination est déjà en vigueur par une culture paternaliste considérant le poids de la responsabilité familiale qui pèse sur les femmes comme une menace à l'exercice plein et entier de leurs fonctions. La pratique est discriminatoire de fait aussi en raison de pratiques de cooptation privilégiant les réseaux masculins, et par une plus grande absence de femmes dans l'espace public, voire dans les médias. Si une minorité d'entre elles, arrive à faire montre de plus d'audace, combien d'autres, par un ancrage culturel profond qui a imposé son dictat au fil du temps, se laissent enfermées dans un modèle où pouvoir et féminité sont antinomiques. Le Maroc ne regorge-t-il pas d'un précieux gisement de femmes compétentes, super diplômées, talentueuses et impliquées. Pourtant, elles restent sous représentées et en marge de la prise de pouvoir. Le Maroc compte seulement 2% de femmes «Présidentes Directrices Générales» à la tête des entreprises marocaines et à peine 22% dans les postes de responsabilité au sein de l'administration publique, d'après «le cahier d'études sur la représentation des femmes» publié en janvier 2021. Selon le dernier rapport du «forum économique mondial» sur les inégalités de genre «Global Gender Gap Report» le Maroc maintient un statu quo depuis 2016, en figure à la 144e place sur une liste de 156 pays. Le taux d'activité des femmes dans notre pays a reculé à 19,9% d'après l'étude du HCP sur l'année 2020, contre 70,4% pour les hommes. Renforcer la présence des femmes dans le champ économique est une nécessité impérieuse si on veut accélérer la croissance. Le Nouveau modèle de développement espère porter cette participation pour plus d'égalité a 40% à l'horizon 2035. Pour cela, il faudrait lever les contraintes sociales qui limitent la participation économique des femmes. Il y a lieu d'agir parallèlement sur des chantiers aussi structurants que l'éducation, la formation, la déconstruction des stéréotypes par la sensibilisation, l'articulation de la vie personnelle et professionnelle.Un ministère à part entière «chargé de l'égalité des genres» mérite de voir le jour, étant donné l'importance cruciale de la question.