La Charte de l'investissement très attendue a de nouveau fait l'actualité la semaine dernière. Elle est très attendue, car en gestation depuis 2016. Son adoption est prévue dans le programme gouvernemental de 2022. Cette Charte permettra de promouvoir l'investissement dans les régions de façon plus inclusive. Elle sera un levier qui devrait renforcer la part de l'investissement privé ne représentant aujourd'hui que 20% seulement contre 80% pour celui de l'Etat. En effet, la vision 2035 relève ce ratio comme un frein à la croissance escomptée et espère inverser la vapeur. A l'horizon attendu, un tiers seulement devrait être porté par le public contre deux tiers par l'initiative privée. Mais comment renverser la vapeur si la confiance n'est pas au rendez-vous ? Comment l'Etat peut transmettre le flambeau, alors qu'en 2022 il a consacré un budget colossal dans cette phase d'amorçage de notre vision de développement et confirme son rôle de locomotive toujours nécessaire ? Quand et comment le privé pourrait-il prendre la relève ? Pour renverser la vapeur, il faut créer la confiance. L'entreprise s'engagera et sera responsable lorsque l'Etat s'engagera aussi en assurant à l'entreprise l'environnement qu'il faut. On ne peut que saluer à ce titre deux réformes clés dont la cadence sera renforcée en 2022. D'abord, la réforme de l'administration entamée en 2017, cheville ouvrière de toute transformation attendue. L'administration doit y être en mesure de répondre à temps avec efficience par un service de qualité au besoin du citoyen et de l'entreprise. La lutte contre la corruption, la simplification des procédures, la modernisation de l'administration en sont des chantiers phares. La deuxième réforme mise en œuvre concerne le secteur public. La Loi de finances 2022 compte l'accélérer. Elle consiste en la rationalisation de ses diverses structures, et l'amélioration de leur performance. Si l'Etat assure un système de concurrence loyale et challengeant des débouchés, donne une chance aux entreprises jeunes et petites, il renforcera l'emploi et la part du secteur formel. Si l'appareil administratif est facilitateur et si le système juridique sécurise l'initiative, celle-ci aura le vent en poupe, créant un effet accélérateur. Certes, en contrepartie des efforts entamés aujourd'hui, notamment à travers l'adoption de la nouvelle charte visant à orienter les investissements via un système de financement, des primes et des d'avantage fiscaux, il est espéré un électrochoc du privé. Mais c'est la transformation de l'environnement dans son ensemble qui fera avancer les choses où le secteur privé doit être également partie prenante. Car il est temps qu'il joue sa part et qu'en contrepartie de l'appui qu'il reçoit, qu'il soit plus engagé, responsable et citoyen. Il est temps que l'entreprise qui a de la trésorerie, règle ses fournisseurs dans les délais, qu'elle recrute des compétences, qu'elle les encadre et les forme, qu'elle améliore son management, et qu'elle s'approprie une véritable vision. Grâce à un pacte de confiance public-privé, la Charte de l'investissement a toutes les chances de succès.