Lors de son entretien télévisé en milieu de semaine, le Chef du gouvernement a apporté beaucoup de réponses aux questions de l'heure. Certes, c'était là le principal objet d'un tel exercice, en plus, bien entendu, de faire, comme le veut la tradition, le bilan des réalisations et actions des 100 premiers jours. Et elles ont été nombreuses. Mais tout en faisant l'exposé de ses réponses, Aziz Akhannouch a, en fait, soulevé, en filigrane, d'autres réflexions, sujets et constats. Ainsi, il est clair que l'un des enjeux les plus importants des années à venir consistera à bien maîtriser la phase d'exécution des politiques publiques. Désormais, et comme cela a bien été mis en exergue dans le rapport final de la commission du modèle de développement, le Maroc devra accorder autant d'attention à la phase de mise en œuvre qu'à celle du diagnostic et de la conception des politiques. Et pour cause, combien de réformes et de programmes se trouvent retardés, freinés ou parfois déviés de leur itinéraire à cause de la mauvaise exécution… Une politique publique ou un programme bien conçu peuvent buter facilement sur des écueils tels que des détails opérationnels non prévus, des difficultés techniques ou technologiques, des complications d'ordre administratif ou réglementaire, des schémas de pilotage imprécis ou inexistants. Et tous ces aspects qui peuvent ressembler à de simples modes opératoires ne nécessitant que de petites procédures sont en réalité le cœur même de la machine. D'ailleurs, le Chef du gouvernement dans son effort pédagogique a donné, à juste titre, un exemple parlant, celui de l'extension de l'assurance maladie au secteur agricole. La feuille de route «politique» générale de cette réforme n'a pas fixé les niveaux de cotisations, les critères d'éligibilité, la segmentation des catégories d'agriculteurs, etc. Ce qui est parfaitement logique, car il s'agit d'aspects qui relèvent de la phase d'application. Mais ces schémas opérationnels complexes et compliqués ressemblent bien plus à de l'ingénierie qu'à un simple travail d'exécution automatique. Ils sont souvent consommateurs de temps et d'énergie, nécessitent un pilotage rapproché et rigoureux et sont exigeants en termes de gouvernance et de productivité. C'est aussi la raison pour laquelle une équipe avec un «focus» livrable n'a souvent pas de temps à perdre dans la parade et les festivals oratoires...