Stations de pompage solaire, panneaux photovoltaïques, éolien, hydroélectricité..., plusieurs infrastructures existent. D'autres chantiers sont en cours de réalisation avec l'IFC dans tout le pays. Le suivi, l'accompagnement et la mise en relation sont tout aussi importants que le financement. Le Maroc est sur la bonne voie concernant l'investissement vert, avec tout ce qui s'y rapporte en matière de réduction de l'empreinte carbone, d'orientation vers les énergies renouvelables, de limitation d'utilisation d'énergies fossiles, de financement vert... «Ce n'est plus un luxe, mais une nécessité. Tous les secteurs sont concernés, à savoir le tourisme, l'industrie, la mobilité, le bâtiment...», souligne Said Mouline, directeur général de l'AMEE (Agence marocaine pour l'efficacité énergétique), lors d'un webinaire organisé par le CRI de Marrakech-Safi autour de l'investissement vert. C'est dire à quel point cette transition écologique est nécessaire et même obligatoire, vu le green deal européen qui est en cours de préparation. En ce sens, l'Union européenne compte mettre en place des taxes carbone pour les entreprises exportatrices les plus polluantes et qui ne respectent pas certaines normes strictes. Avec un taux de captation de 65% des exportations marocaines, le défi est donc de taille. Les entreprises dont le chiffre d'affaires est généré notamment à l'export se voient donc obligées de se tourner vers cette transition énergétique. D'ailleurs, en plus de la réduction du coût de production et de dépendance à l'énergie fossile, l'étiquette green permet de fidéliser les clients et de pénétrer d'autres marchés. «Tous les secteurs, sur le plan international, se tournent vers le green : l'automobile vers l'électrique, les avions vers l'hydrogène, les immeubles vers l'efficacité énergétique...», précise M.Mouline. Le Maroc avait pris le train en marche depuis quelques années. Il a pris des engagements depuis l'organisation de la COP22 en 2016, qu'il est en train d'honorer. Si on ne prend que la région Marrakech-Safi, celle-ci accueille plusieurs infrastructures qui vont dans ce sens. Sans être exhaustif, on cite 105 exploitations de pompage solaire pour l'irrigation en matière d'agriculture, sur une superficie de plus de 1000 ha, un parc photovoltaïque à Marrakech, de 3 900 panneaux, étalés sur une superficie de 4 800 m2 et un green energy park qui est une structure de tests, de recherche et de formation dans l'énergie solaire à Benguerir. Ajouter à cela, 3 parcs de production de l'énergie éolienne existent de 200 MW et 4 microcentrales de production de l'hydroélectricité dans 4 zones différentes dont Tameslouht, Ouirgane et Lalla Takerkoust. Il faut dire que plusieurs initiatives ont été prises par des entreprises qui ont pris conscience que la croissance future du pays est liée à la croissance durable au respect de l'environnement et à l'orientation green de ses process. Parmi ces entreprises, certaines cimenteries se sont tournées vers l'éolien pour produire l'électricité nécessaire à l'activité, l'OCP produit plus de 80% de son électricité par les énergies renouvelables, d'autres sociétés se sont orientées vers le recyclage des déchets pour en produire également. Dans ce cadre, Ghita Hannane, Morocco country officer à l'IFC (International Finance Corporation) éclaire : «Si l'on prend juste le Maroc, l'Egypte et la Jordanie, le potentiel d'investissement se chiffre à 265 milliards de dollars. Un tiers est destiné à la production de l'énergie renouvelable et 64% aux bâtiments verts, transport, efficacité énergétique industrielle, gestion de déchets...». Dans ses interventions au profit du Maroc, l'IFC, avec d'autres institutions, bancaires notamment, se sont focalisés surtout sur l'investissement dans l'eau. Ainsi, le 1er projet PPP en irrigation au monde a été conclu en faveur de la région de Guerdane. Il s'agit d'une concession de 30 ans pour la construction, le co-financement et la gestion du réseau d'irrigation. De même, l'IFC a levé 150 millions de dollars pour accompagner les collectivités territoriales marocaines dans le développement d'infrastructures hydrauliques. L'institution internationale a aussi accordé un prêt sans garantie souveraine pour la région de Casa-Settat, en vue de soutenir le tramway. En matière de finance durable, IFC a émis le 1er green bond en devises au Maroc via la BCP et a soutenu l'AMMC pour la mise en place du guide des émissions d'obligations vertes. «Les chantiers en cours portent sur le soutien aux zones industrielles de Tanger pour le développement d'éco-parc industriel, le lancement d'une étude pour la mise en place de bus électriques dans 5 villes et des aides aux start-up vertes à travers des formations et du networking», poursuit Mme Hannane. On pourrait avoir tendance à croire que cette orientation concerne seulement les grandes entreprises, qui sont capitalistiques et ont les reins solides pour supporter un aussi lourd investissement, mais loin s'en faut. Plusieurs mécanismes de financement existent, des aides également, ainsi que des incitations, que ce soit de la part de l'Etat, d'institutions internationales ou de banques. «Les produits de financement ne manquent pas. Avec la CCG, nous pouvons octroyer des subventions allant jusqu'à 200 000 DH. Nous avons également des prêts d'honneur de 500 000 DH», précise Fatima Zahra El Khalifa, directrice générale du cluster solaire. Rappelons aussi que la majorité des banques proposent des lignes de financement vert, en partenariat avec des banques d'investissement et/ou de développement étrangères ; cela, parallèlement à d'autres incitations, à l'instar du programme Tatwir Croissance lancé par le ministère de l'industrie... Toutefois, au-delà du volet financement, les acteurs ont besoin d'apports en matière de services. «Au sein du cluster solaire, plusieurs prestations sont offertes dont la formation, le renforcement des compétences, l'assistance technique, l'accès à l'information, le suivi et l'accompagnement. Cela, en plus de la mise en relation avec les banques/partenaires/donneurs d'ordre/sous-traitants...» conclut Mme El Khalifa.