Le commerce et l'importation du vêtement d'occasion de plus en plus important. Marché de proximité et vente en ligne dopent l'activité au détriment du made in Morocco. Production à l'arrêt, fermeture de magasins, l'industrie de textile n'a pas échappé aux retombées de la crise sanitaire. Partout cependant, la friperie ou les vêtements et articles de prêt-à-porter de seconde main continuent à être très prisés. On peut même dire que ce marché est en pleine croissance, porté aujourd'hui par la vente en ligne qui apporte une nouvelle dimension à ce commerce. Dans ce contexte de crise économique, il permet aussi aux ménages marocains d'alléger leurs budgets et de s'habiller à petits prix. Dans le grand Souk Al Had d'Agadir, même au plus fort de son chantier de réaménagement, les ventes de la friperie, communément appelé Joutéya ou l'bale, n'ont pas ralenti. Les lieux enregistrent tous les jours une grande affluence et drainent toutes les classes sociales qui y trouvent les grandes marques du prêt-à-porter à des prix défiants toute concurrence. Même les visiteurs de la ville y viennent pour chiner et fouiller dans des montagnes de vêtements et de souliers. Ce mardi là, Lahcen, un commerçant des lieux, a exposé pêle-mêle un gros arrivage de maillots de bains au prix de 50 DH l'article. C'est la saison, et il ne faudra pas plus d'une journée pour que cette montagne soit considérablement réduite. Aussi, pas de marchandage toléré, les prix sont fixes. Dans le grand Souk d'Agadir, la friperie compterait près d'un tiers des commerçants du marché. Ils sont nombreux originaires d'autres villes du Maroc à s'être installés dans la capitale du Souss pour y développer ce commerce. Lahcen est lui-même originaire de la région de Casablanca. A Agadir comme ailleurs, les commerçants de friperie qui se sont multipliés en nombre sont aujourd'hui des concurrents redoutables des commerces et fabriques du neuf. Mais d'où viennent tous les articles des friperies ? Les détaillants disent ne pas véritablement connaître les circuits d'approvisionnement des grossistes. Ils avancent se fournir notamment à Nador. Plaque tournante de ce commerce, cette ville est approvisionnée de l'étranger. Mais les importations de friperies par des grossistes dans le Nord et notamment les ventes en l'état sur le marché local du détail asphyxient l'industrie du textile. La friperie constitue une véritable menace au made in Morocco mais aussi au commerce du neuf. 30% de la friperie importée seraient autorisés à la vente sur le marché local. Le volume de vêtements d'occasion qui est introduit dans le marché national est de plus en plus important. Aussi, les textiliens réclament-ils l'interdiction de la vente des vêtements d'occasion en état et que les volumes importés soient transformés avant d'être réexportés. Le commerce de la friperie n'est tout de même pas facile. Les arrivages ne contiennent pas toujours des vêtements en bon état. «Il y a des risques à prendre», déclare Lahcen.